Commotions cérébrales : les contours du "projet Dominici", lancé par Benjamin Bagate

  • Benjamin Bagate, l'entraîneur des trois-quarts d'Albi - novembre 2015
    Benjamin Bagate, l'entraîneur des trois-quarts d'Albi - novembre 2015
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En plein débat sur les commotions cérébrales dans le rugby est né le "projet Dominici", dont nous vous donnons ici les contours.

Le débat sur les commotions cérébrales dans le rugby a largement été relancé ces dernières semaines et, dans nos colonnes ou celles de médias britanniques, le All Black Carl Hayman, le Gallois Ryan Jones ou les Anglais Joe Marler et Steve Thompson ont tous avoué souffrir de troubles neurologiques liés à la pratique de leur sport, certains d’entre-eux évoquant même une "suspicion de démence", les concernant. Dès lors, le problème des commotions est-il irrémédiable ?

Récemment, le neurologue Jean-François Chermann expliquait sur Rugbyrama : "Le rugby n’est pas plus dangereux que l’équitation ou la boxe. Le rugby est même loin derrière ces sports là, en termes de traumatismes crâniens. Le propos n’est donc pas de stigmatiser la balle ovale. Malgré tout, j’ai l’impression qu’il y a encore des choses à améliorer, notamment chez les jeunes : pour moi, et quitte à sembler un peu jusqu’au boutiste, on ne devrait autoriser les déblayages, ces phases de jeu qui ressemblent de plus en plus à du football américain et sont à l’origine de nombreuses commotions, qu’à partir de l’âge de 15 ans. Parce qu’avant, le cerveau n’est pas mûr et supporte mal ces chocs à répétition." La proposition de Chermann, l’une des références en la matière, est digne d’intérêt. Elle n’est néanmoins pas la seule.

Benjamin Bagate : "Une lecture du jeu permettant de mieux appréhender les chocs"

Il y a quelques temps, l’entraîneur Benjamin Bagate, passé par Albi et aujourd’hui à Rochefort (Fédérale 2), a lancé ce qu’il a dénommé "le projet Dominici". A ce titre, il explique en préambule : "Depuis son KO face à Salvatore Perugini (2005), Christophe (Dominici) était très sensibilisé sur le sujet des commotions cérébrales. Ces dernières années, on en avait beaucoup parlé tous les deux". De fait, le "projet Dominici" propose donc de faire travailler, dès la catégorie "baby rugby", la vision périphérique des pratiquants afin que ceux-ci se protègent au mieux des chocs. Bagate poursuit : "Cette idée m’est venue après une discussion avec Philippe Chauvin, dont le fils Nicolas avait perdu la vie après un choc. Ce jour-là, il m’a dit que son fils n’avait simplement pas vu le plaqueur s’avancer et qu’une vision plus globale aurait peut-être pemis de changer les choses. Cette vision-là, c’est ce que nous voulons travailler."

A-t-on trop délaissé cet aspect-là de la technique, ces dernières années ? A-t-on mis de côté, au profit d’autres aspects du jeu, ce que l’on appelait jadis "vista" ou la "lecture du jeu" ? C’est possible. "80 % des informations traîtées par le sportif proviennent de la vision, enchaîne Benjamin Bagate. Par des exercices bi-hebdomadaires, l’idée est de donner aux gamins les outils de développer leur lecture du jeu et leurs réflexes, afin de leur permettre de mieux appréhender les chocs". Un exemple ? Sur des terrains de 10 mètres sur 10, regroupant 12 joueurs et 4 ballons, les pratiquants, vêtus de diverses couleurs, doivent se passer la balle à pleine vitesse et en respectant un certain nombre de règles évoluant au fil du jeu. Rien de révolutionnaire ? Peut-être. Mais une base de travail qui mérite probablement que le rugby s’y attarde à nouveau.

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