Roubert : "Tout faire pour bien figurer sur les deux tableaux"

  • Top 14 - Yann Roubert (Lyon).
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CHAMPIONS CUP – Pour Rugbyrama, le président lyonnais revient sur l’actualité du LOU, auteur d’un début de saison encourageant et qui se tourne vers la Champions Cup avec l’envie de mieux figurer, alors que la venue de Gloucester se profile ce dimanche au Matmut Stadium Gerland.

Le LOU entame ce dimanche sa troisième campagne en Champions Cup. Et Pierre Mignoni confiait le week-end dernier son envie de voir le LOU "faire quelque chose dans cette compétition, parce qu’on n’a pas toujours été performant. J’espère que l’on va savoir basculer sur la façon de jouer et d’être arbitré, et s’adapter. J’espère que l’on va concrétiser", et ce alors que le bilan fait état d’un seul succès en douze matchs. Le président lyonnais, Yann Roubert, réagit sur le contexte actuel du club.

Votre équipe bascule donc sur la Champions Cup, après ce que l’on peut qualifier – malgré tout – de bon début de saison ? Êtes-vous satisfait ?

Yann Roubert : Oui. J’espère qu’en ce début de saison, on a mangé l’essentiel de notre pain noir parce qu’on n’a pas été épargné, ni par la Covid, ni par les blessures. J’ose espérer que, maintenant, on va pouvoir travailler dans des conditions un peu plus "normales", parce qu’il n’y a rien de normal… Quand on ne peut pas passer autant de temps ensemble comme on le voudrait, quand on n’a pas de public, pas de supporters, pas de partenaires, évidemment que c’est un manque. En tout cas, d’un point de vue sportif, on espère que l’on va être un groupe un peu plus étoffé, avec des choix à faire. On a parfois eu du mal à trouver 23 joueurs aptes pour pouvoir faire une feuille de match. J’ose espérer que, maintenant, Pierre (Mignoni) et les coaches vont avoir à se creuser la tête pour faire une équipe, et pas seulement choisir ceux qui sont disponibles. On travaille pour créer ces conditions d’émulation.

Vous partagez donc le terme "bon" pour qualifier le début de saison, à savoir une 7e place (28 points, 2 matchs en moins) pour 6 victoires, 1 nul et 2 défaites.

Y.R. : Je suis assez d’accord car, compte tenu des conditions, on ne s’en sort pas trop mal. Ça aurait évidemment pu être mieux mais je garde toujours en tête ces regrets du premier match contre le Racing à la maison où l’on perd de quatre points (23-27, ndlr), en ratant deux essais tout fait, en n’en prenant un largement évitable, en ratant des points au pied. Il en manque donc un petit peu par rapport au scénario idéal. À Toulon, cela avait été compliqué (défaite 36-14). À Pau, je pense qu’il y avait mieux à ramener que ce match nul (29-29). Cela étant, maintenant c’est derrière, on regarde devant et on peut se dire que l’on n’a pas trop mal traversé cette partie - on l’espère difficile - de la saison avec les cas de Covid et l’absence d’internationaux.

Disons que Lyon présente, à l’instant-T, un bilan qui est davantage en adéquation avec les ambitions ?

Y.R. : On l’espère, repositionné comme beaucoup. Il y a un gros paquet mais que six places pour se qualifier, pour largement plus de candidats, huit à dix ! Il y a du monde et pas des places pour tout le monde. Charge à nous de continuer à travailler et à progresser pour se faire la nôtre.

Peut-être qu’inconsciemment on n’était pas assez préparé ou que l’on ne mettait pas les ingrédients qu’il fallait

Vous basculez sur cette Champions Cup dans laquelle Lyon n’a jusqu’ici pas brillé avec 6 défaites lors de sa première campagne, et 5 l’année suivante...

Y.R. : C’est vrai. On est encore loin d’être rassasié. Nos deux premières campagnes n’ont pas été des succès, un peu de notre faute sans doute car on manquait d’expérience, beaucoup aussi à cause de nos adversaires. On n’a jamais été épargné par le tirage. On a rencontré beaucoup de très belles équipes et affronté les deux tiers des équipes d’Angleterre, d’Ecosse, d’Irlande, du Pays de Galles et de l’Italie sur deux saisons. On n’a jamais galvaudé ou méprisé cette Champions Cup mais on est tombé sur des équipes sacrément habituées, préparées et affutées. Charge à nous de nous mettre à ce niveau, chose que l’on n’a pas su faire ces deux dernières années. Et espérons que ce sera aussi l’occasion de voir que l’on a progressé. Je pense que l’on a plus d’atouts que jamais pour essayer, enfin, de bien figurer dans cette Coupe d’Europe. J’ose espérer que l’on a mangé notre pain noir. On a le retour à la fois de blessés, de cas de Covid et d’internationaux, donc j’espère que l’on va pouvoir faire valoir nos atouts. Mais j’avoue que j’espérais, en étant dans le premier chapeau, que ce soit quand même un peu moins difficile…

On peut quand même dire que ce n’était pas votre priorité alors que Lyon cherche surtout à se stabiliser dans les hautes sphères du Top 14 ?

Y.R. : Peut-être qu’inconsciemment, effectivement, on n’était pas assez préparé ou l’on ne mettait pas les ingrédients qu’il fallait. Espérons que cette année, alors que le groupe s’est encore étoffé et que l’on peut enfin disposer de toutes nos forces, que l’on puisse bien figurer sur les deux tableaux que sont le championnat et la coupe d’Europe. Après, est-ce qu’on en sera capable ? On va tout faire pour. On y avec beaucoup d’humilité mais aussi de l’envie de l’envie et de l’enthousiasme.

Faire mieux que gagner un match…

Y.R. : Il faut que l’on y arrive. Exactement.

Ce format est nouveau, comment le percevez-vous ?

Y.R. : C’est sans doute la meilleure formule possible compte tenu de ce que l’on a connu, et de la crise du Covid. Maintenant, c’est comme ça et la question ne se pose plus. C’est à la fois un format hyper excitant parce que l’on se dit que sur quatre matchs, on a la chance de pouvoir se qualifier pour les quarts et avec ça pleins de dangers, car cela va tellement vite que l’on n’a pas le droit à la moindre erreur.

Avec Baptiste (Couilloud), c’est la première fois qu’il y a un capitaine lyonnais en équipe de France

Si l’on regarde plus largement concernant le LOU, on vient de voir un joueur né à Lyon, formé au club et porté le brassard de capitaine à la fois en club et pour un match du XV de France en Angleterre en la personne de Baptiste Couilloud. On imagine que c’est une fierté…

Y.R. : On est évidemment heureux pour nos joueurs, pour l’équipe de France et le rugby français. En dépit de la défaite et de la frustration qui va avec, on a eu une formidable vitrine. Et du point de vue du LOU Rugby, il y a beaucoup de fierté en voyant les trois qui ont joué le week-end dernier à Twickenham, et bien jouer comme Killian (Geraci) ou l’entrée de Pierre-Louis (Barassi). Il y a cette mention spéciale pour Baptiste (Couilloud) car c’est la première fois qu’il y a un capitaine lyonnais en équipe de France. Et j’ajoute ceux qui ont joué au début et durant le Tournoi comme Dylan (Cretin) et Demba (Bamba). On a de la déception pour Clément Laporte qui n’est pas resté longtemps et est revenu blessé mais on lui souhaite surtout d’avoir d’autres opportunités.

Cela conforte plus que jamais votre projet pour le LOU, cet effectif de plus en plus basé sur des joueurs formés, ou venus terminer leur formation à Lyon, associés à des joueurs d’expérience.

Y.R. : C’est sûr que c’est une reconnaissance du travail fait au LOU Rugby, à la fois la formation avec les joueurs internationaux dont beaucoup sont issus de notre formation, et pour le recrutement car cela veut dire que l’on avance. C’est bien, on est sur le bon chemin, mais pour valider ça il faut gagner des matchs, et des titres ! Il faut la justifier sur le terrain cette reconnaissance. On a des raisons d’y croire. On y croit mais sans se prendre pour d’autres.

Et comment, dans ce contexte économique, se porte aujourd’hui le LOU ?

Y.R. : On voit que c’est compliqué pour nous comme pour tous les autres clubs. On y associe nos partenaires et nos supporters qui nous manquent à chaque match. Si on fait du rugby, c’est pour partager les émotions qui vont avec. On a hâte de retrouver tout le monde, mais il y a des choses sur lesquelles on n’a pas de prise comme la situation sanitaire. On ne peut s’occuper que de ce qui nous concerne à savoir le rugby, bien jouer et gagner pour amener un peu de sourire dans ce brouillard.

Le retour du public dans les stades sera cette bouffée d’oxygène dont tout le monde a besoin.

Y.R. : C’est très compliqué économiquement. On a fait des efforts et il faudra en faire d’autres parce qu’on ne s’en sortira pas sans courage, sans aide et sans solidarité. Au-delà de la bouffée d’oxygène économique, il y a le côté moral et philosophique. On a envie de se retrouver dans un stade, de se taper dans les mains quand on marque un essai, de se prendre dans les bras pour célébrer une victoire et de boire ensemble à la brasserie…

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