Ahki, soldat de l'ombre

Par Rugbyrama
  • Champions Cup - Ahki (Toulouse), face à Bordeaux-Bègles.
    Champions Cup - Ahki (Toulouse), face à Bordeaux-Bègles.
Publié le Mis à jour
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CHAMPIONS CUP - Désigné homme du match en demi-finale de Coupe d'Europe, le centre néo-zélandais de Toulouse Pita Ahki s'est retrouvé presque malgré lui sous les projecteurs, que fuit généralement ce soldat de l'ombre, aussi discret qu'indispensable à son équipe.

Il sera 3h45 du matin en Nouvelle-Zélande lorsque sera donné samedi à des milliers de kilomètres de là, sur la pelouse londonienne de Twickenham, le coup d'envoi de la finale entre le Stade toulousain et La Rochelle.

Les yeux sans doute encore rougis de sommeil, une petite fille de 4 ans à peine, Stella, tentera d'apercevoir à la télé un casque rouge se faufiler dans la défense rochelaise.

"Elle adore le rugby. Et elle adore regarder papa jouer pour Toulouse", confie Ahki dans un entretien à l'AFP. "Je serais aussi content si elle choisissait autre chose, mais je serais vraiment surpris".

Il faut dire que la maman, Kayla, repartie en avril à l'autre bout du monde avec Stella et sa petite soeur Camille, 2 ans, est une internationale de rugby à VII, médaillée d'argent aux Jeux olympiques de Rio en 2016 avec la Nouvelle-Zélande.

Son nom de jeune fille, McAlister, n'est pas étranger aux supporters du Stade toulousain: elle est la soeur de Luke, ancienne gloire du club haut-garonnais, qui a joué les entremetteurs pour y faire venir son beau-frère en 2018.

"Humble et respectueux"

Contrarié par des blessures, comme depuis le début de sa carrière, Ahki n'avait alors disputé qu'une poignée de matches avec la province irlandaise du Connacht, son premier point de chute en Europe après avoir notamment été lui aussi international néo-zélandais à VII.

Arrivé dans l'anonymat sur les bords de la Garonne, il s'est rapidement imposé comme un élément incontournable du collectif toulousain, de par sa capacité à franchir et à faire jouer derrière lui, mais aussi son énorme abattage défensif.

"En défense, en attaque, il rassure tout le monde", résume, élogieux, son coéquipier Maxime Médard. "Pour nous, c'est un régal de jouer avec lui. En plus c'est quelqu'un qui est formidable dans un groupe, humble et respectueux".

"Il n'est pas All Black, mais franchement, sur ce coup-là, ils n'ont pas eu le nez creux", a salué son entraîneur Ugo Mola après la demi-finale européenne "XXL" du Néo-Zélandais contre Bordeaux-Bègles.

Sans ses pépins physiques à répétition, Ahki - couvé ces derniers mois par le staff toulousain en raison de douleurs à un tendon d'Achille - aurait sans doute porté un jour le maillot noir à la fougère argentée, mais il assure n'avoir "aucun regret" d'avoir quitté son pays.

Kaino pour modèle

Le joueur de 28 ans s'épanouit à Toulouse, où il est en voie de prolonger son contrat, au sein d'un vestiaire constellé de stars qui captent la lumière à sa place sans qu'il ne s'en formalise.

"Je suis quelqu'un qui aime rester dans l'ombre", affirme-t-il. "Je crois que cela vient de la façon dont j'ai été élevé. Pour mes parents et mon entourage, la priorité, c'est de travailler dur. La reconnaissance qui peut en découler n'est que la cerise sur le gâteau".

Le natif d'Auckland, d'origine tongienne, partage ce trait de caractère avec son illustre compatriote et coéquipier à Toulouse Jerome Kaino, 38 ans, dont il s'est inspiré lorsqu'il a débuté le rugby au poste de troisième ligne.

"C'était l'un de mes joueurs préférés", raconte celui qui est désormais trois-quarts centre. "On ne le voit que rarement dans les médias. Ce qu'il fait sur le terrain parle pour lui".

D'un naturel réservé en public, il ne l'est pas forcément dans l'intimité du vestiaire. "Je suis un peu blagueur avec les gars, j'aime bien plaisanter et jouer à des petits jeux", témoigne l'ancien "septiste", plutôt proche des autres pères de famille anglophones de l'effectif, comme le Sud-Africain Cheslin Kolbe.

Il lui partagera peut-être le secret trouvé par sa femme Kayla pour maintenir les deux petites éveillées pendant les matches disputés en pleine nuit en Nouvelle-Zélande: "Du chocolat, de la musique et un iPad".

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