Nyanga : dernier souvenir de Thomond Park

Par Rugbyrama
  • Eddy Ben Arous et Yannick Nyanga (Racing 92)
    Eddy Ben Arous et Yannick Nyanga (Racing 92)
  • Les joueurs d'Exter s'echauffent à Thomond Park (Munster)
    Les joueurs d'Exter s'echauffent à Thomond Park (Munster)
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CHAMPIONS CUP - Yannick Nyanga a affronté le Munster à Thomond Park pour la dernière fois le 21 octobre 2017 (14-7), lors de son ultime saison de joueur professionnel. C’est aussi la dernière fois que le Racing 92 s’est rendu dans le stade mythique de Limerick. L’ancien troisième ligne international raconte ce déplacement pas comme les autres.

Le contexte

Après trois défaites d’affilée qui ternissent son début de championnat 2017-2018, Le Racing 92 stoppe tant bien que mal la spirale négative en débutant sa campagne européenne par une victoire difficile contre Leicester (22-18). Arrive alors ce déplacement au Munster, la menace principale de la poule. Le contexte est chargé en émotion puisque le match est situé un an presque jour pour jour après la mort soudaine d’Anthony Foley, le défunt manager des Munstermen, dans un hôtel à Suresnes (Hauts-de-Seine) le matin d’une rencontre face au Racing : "On est lié à jamais au Munster avec cette histoire, affirme Yannick Nyanga. On a eu énormément d’empathie pour ce club et ses supporters, d’autant plus que certains d’entre nous, comme Ronan O’Gara ou Casey Laulala, étaient proches d’Anthony Foley". Sur le plan sportif, les Ciel et Blanc doivent faire bonne figure sous peine de repartir dans un cycle de doutes.

Le stade

"Il est plus marquant que d’autres car il respire vraiment le rugby, assure l’actuel directeur sportif du Racing 92. Lors de l’arrivée au stade, il y a un accueil qui n’existe pas ailleurs. Quand le bus arrive, tout le monde est là pour accueillir les deux équipes. Les supporters connaissent tous les noms des joueurs, que ce soit de leur équipe où de celle d’en face, et il arrive que certains soient interpellés par leur prénom. À l’extérieur, ce n’est pas commun ! Dans le stade, quand la machine du Munster se met en route, cela fait beaucoup de bruit. Et à l’inverse, quand un buteur tente une pénalité, c’est silence complet et on entend les voitures rouler à l’extérieur du stade". En ce 21 octobre 2017, le bruit vient aussi du vent, terrible ce jour-là et qui laisse présager des conditions de match aux antipodes du confort thermorégulé de Paris La Défense Arena.

Les joueurs d'Exter s'echauffent à Thomond Park (Munster)
Les joueurs d'Exter s'echauffent à Thomond Park (Munster)

Le match

Sur le terrain malmené par les conditions apocalyptiques, la rencontre ne peut être autre chose qu’un bras de fer entre avants. Le score reste vierge jusqu’à l’heure de jeu, moment où Maxime Machenaud se fait contrer au pied, ce qui profite à Conor Murray. Les Munstermen marquent rapidement un deuxième essai transformé mais les Racingmen s’accrochent et finissent par marquer à leur tour, par l’intermédiaire de Leone Nakarawa. Un essai qui vaut un point de bonus défensif puisque le score final est 14-7.

"Je reste convaincu encore aujourd’hui qu’avec d’autres conditions, moins chaotiques, on aurait gagné ce match. On l’a dominé de la tête et des épaules. On fait deux ballons portés qu’ils écroulent avant la ligne, et même si on a eu les pénalités, on aurait dû avoir plus selon moi car cela nous a empêché de marquer. Dans ce bras de fer, il y a vraiment eu un moment où ils étaient sur le point craquer. Ils marquent sur un contre, contre le cours du jeu, alors qu’ils n’étaient presque jamais venus dans notre camp. Dans la construction de l’équipe, cette saison, où on va en finale de la Champions Cup, ce match a été très important".

Et Nyanga d’ajouter : "Le vrai caractère d’une équipe, tu le vois à l’extérieur. Cela en dit long sur son identité et si la saison peut être être bonne. Quand tu vas au Munster, tu sais que tu vas chez un grand d’Europe, qui ne perd presque jamais chez lui, donc c’est un sacré révélateur. Après ce match, où on a répondu présent devant, même si cela n’assure de rien, cela amène de la confiance. On se dit qu’on est capable face aux meilleurs".

La révélation

"Le matin, au réveil musculaire, on avait pu déjà constater la force du vent qui nous attendait un peu plus tard dans la journée. On voulait s’entraîner en touche mais c’était presque impossible de lancer droit. C’était, je crois, les pires conditions que j’ai connues durant ma carrière. Ce n’était pas tant à cause de la pluie mais surtout du vent. Les deux combinés, c’était compliqué, surtout en touche. Dans ces cas-là, on lance souvent devant car plus on lance loin, plus on lance haut et plus le ballon prend le vent. Dimitri (Szarzewski) était absent sur blessure, Camille avait donc l’occasion d’être numéro un et, à cette époque, on avait tendance à lui reprocher ses lancers.

À l’échauffement, il ne fait d’abord, logiquement, que des lancers devant ou au milieu du bloc, mais il se décide à en tenter un en fond de touche. Là, il m’envoie un ballon nickel, à la trajectoire parfaite. Du coup, pendant le match, on n’a pas hésité à aller dans cette zone. Ce jour-là, il fait 100% dans des conditions de fou. Je crois que ce match là le révèle et lui fait beaucoup de bien sur le plan de la confiance. Dans la construction du Camille Chat d’aujourd’hui, ce match a, je pense, beaucoup compté".

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