O’Gara : "J'aimerai voir Tarzan samedi. Pas lundi !"

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    Champions Cup - Ronan O'Gara (La Rochelle)
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CHAMPIONS CUP - Éliminé à 99% de la grande coupe d’Europe après trois défaites en autant de matches, le Stade Rochelais met désormais un point d’orgue à ne pas terminer fanny. Passablement énervé par cette première moitié de campagne pas assez aboutie, l’entraîneur maritime Ronan O’Gara emploie des mots forts avant de retrouver Glasgow, ce samedi (18h15). Morceaux choisis.

Rugbyrama : Ronan, vous êtes habitué à gagner dans votre carrière. Comment vivez-vous le fait d’être éliminé, ou presque, après trois matches ?

Ronan O’Gara : C’est une grande déception. Je comprends le respect pour le bouclier (de Brennus, NDLR), mais je trouve que la Champions Cup est une compétition magnifique. Être à 0 sur 3, c’est une situation que n’accepte pas trop facilement. Je dois être réaliste, aussi. Un club qui n’a pas beaucoup d’expérience doit apprendre des choses. Mais apprendre vite. Je peux accepter la manière de perdre contre Exeter mais Sale…fautes graves, bêtes, stupides, manque de sérénité. A 14, ce n’était pas impossible de gagner. Ensuite, contre Glasgow, on ne doit jamais perdre ce match. Ce n’est pas possible. On n’est pas efficaces dans certains domaines de notre jeu. Si ça ne change pas, rien ne va changer. C’est hyper frustrant.

On ressent une certaine forme d’impatience dans vos propos ?

R.O'G : Oui mais ça fait déjà combien de semaines ? 10, 12 ! Tu joues comme tu te prépares. Dans certaines choses, je ne suis pas choqué. Ce qui est intéressant, c’est que ça va changer. Mais comment, je ne peux pas dire…J’ai des solutions en tête.

Ça prend juste un peu plus de temps que je ne le pensais

Que manque-t-il, en priorité, au Stade rochelais, pour l’instant ?

R.O'G : L’instinct de tueur. On a beaucoup d’opportunités de marquer…Le défi, c’est de se demander pourquoi. C’est facile de râler. Ce qui m’intéresse, ce sont les solutions. Si tu ne trouves pas l’origine du problème, ça reste. Je suis en train de corriger ça. J’espère.

Face à Glasgow, regrettez-vous de ne pas avoir pris des points au pied plutôt que d’aller chercher toujours des pénaltouches ?

R.O'G : Ce n’est jamais noir ou blanc. Je n’ai pas de règle fixée pour ça […] Si tu as un secteur de ton jeu qui ne marche pas bien, c’est la loterie d’aller en touche. Tu regardes les équipes qui tapent en touche à 5-10m, normalement c’est : porté, essai. Mais tu ne prends pas la touche juste pour être dans les clous. Si ce n’est pas là lundi ou vendredi, comment ça arrive samedi ? On a du travail à faire ensemble. Ce n’est pas possible, sans travail, de recréer quelque chose parce que vous avez 16 000 personnes qui vous poussent vers la ligne pour marquer. C’est fini ça. Il faut revoir le plan et comment l’exécuter. Ça prend juste un peu plus de temps que je ne le pensais. Je sais que que les supporters sont déçus. On a fait beaucoup de progrès dans certains domaines, mais nous sommes pénalisés par une ou deux choses trop graves qui nous tuent.

À vous écouter, vous avez beaucoup travaillé les groupés pénétrants cette semaine ?

R.O'G : Oui, j’espère. Mais "Tarzan et Jane" lundi et vendredi, ça ne compte pas. J’aimerai voir Tarzan samedi. Pas lundi et vendredi ! C’est hyper important...La bonne chose le week-end dernier ? Trois supers jeunes supers intéressants (Thomas Lavault, Paul Boudehent, Brendan Lebrun). Le but pour eux, c’est de rester. Ils sont capables mais c’est maintenant, il faut arrêter de penser la saison prochaine. Tu joues si tu mérites de jouer.

On est en Champions Cup. C’est un peu le dilemme pour La Rochelle. C’est fini les petits clubs. Si on prend tous conscience de ça, c’est peut-être la première étape pour être plus prêts pour le combat. […] Soit tu es sur le bateau, soit tu dégages !

Parmi les jeunes, il y a aussi Pierre Boudehent, qui a eu des matches difficiles.

Il va continuer de se développer. Il va revenir avec les espoirs pour quelques matches pour rebondir et montrer un autre visage. S’il est ici avec moi, c’est que j’ai besoin de lui. Quand il est en forme, c’est impossible de l’arrêter. La seule chose que j’aimerai améliorer, c’est son niveau de confiance.

On sent qu’il a un potentiel élevé.

R.O'G : Bien sûr, mais on est en Champions Cup aussi. C’est un peu le dilemme pour La Rochelle. C’est fini les petits clubs. Si on prend tous conscience de ça, c’est peut-être la première étape pour être plus prêts pour le combat. Je dis ça avec tout le respect pour le club. On sait où on est, ce n’est pas la Challenge Cup. Sois tu es un compétiteur, soit tu vas jouer pour un club qui a d’autres ambitions. Ici, c’est pour gagner.

"On n'est pas efficaces dans certains domaines de notre jeu et il faut que cela change. C'est très frustrant." Ronan O'Gara #FievreSR #ChampionsCup #SRGLAS #GLASSR pic.twitter.com/YxMEhvGDDv

— Stade Rochelais (@staderochelais) December 12, 2019

Il vous reste trois matches dans cette Champions Cup. Comment les abordez-vous ?

R.O'G : Il y a l'énorme responsabilité d’avoir du respect pour tous les supporters du Stade Rochelais. Ce n’est pas possible de finir à 0 sur 6, c’est la honte. Je n’accepte pas ça, ce n’est pas du tout le niveau de ce club. Si on fait une analyse honnête et précise, on était compétitifs dans les trois matches. Il y a la responsabilité ce week-end d’être performants. Si tu prends ce week-end cool, je te promets que tu ne joues pas la semaine d’après ! Mais les joueurs comprennent ça. J’ai besoin de tous. Ce n’est pas possible de jouer tous les matches, mais moi je ne tourne pas l’équipe. Soit tu es sur le bateau, soit tu dégages ! Le plus important dans la vie, c’est la fierté, la réputation. Tu dois mourir avec ça. Si tu t’échappes, moi je regarderai la vidéo. Et on verra après.

Votre défense commence à poser énormément de problèmes aux adversaires. On la sent en progrès, même si paradoxalement vous encaissez beaucoup de points.

R.O'G : La défense est une arme mais regarde les trois essais…Il n’y a pas de malchance dans le rugby. Si on revoit les mêmes fautes ce week-end, soit le coach n’est pas bien, soit les joueurs ne sont pas bien. Mais les joueurs sont bons. Je crois en eux. Un bon joueur ne commet pas la même erreur deux week-ends de suite. Bien sûr, il y a des périodes difficiles. Mais je suis motivé, excité – Non, mon prof de français m’a dit : "tu n’utilises pas le mot exciter" (rires) – Je suis très enthousiaste pour le match qui arrive. J’espère que je ne suis pas fou. Quand je suis dans les tribunes, je regarde les progrès sur le terrain. Le plus important, c’est d’avoir une base. Quand les moments durs arrivent, tu peux te reposer dessus. Touche, mêlée, défense, coup d’envoi…

C’est impossible de me "casser". Impossible. J’adore le rugby. J’adore le défi. Je suis confiant en notre réussite

Que pensez-vous des débuts de Jules Plisson ?

R.O'G : Magnifiques. Honnêtement. Il est presque un héros, ici, déjà. La réaction du public pour le match à Castres, c’est comme un jour de rêve. Quelle entrée ! Je suis content pour lui, il sait que c’est sa dernière opportunité pour l’équipe de France. Il sait qu’il a besoin d’être plus exigeant. Il a tout fait pour venir ici, j’aime bien sa motivation.

Un autre Jules, Jules Favre, a prolongé cette semaine. Un joueur avec beaucoup de caractère aussi. C’était important de le garder ?

R.O'G : C’est un bon mec. J’adore Jules. Le club a besoin de joueurs comme lui. C’est un chien, un guerrier. Il donne tout son corps pour le club. C’est quelque chose d’hyper important pour les autres jeunes de regarder son comportement, son niveau d’exigence, son attitude. N’oubliez pas le début de saison qu’il a fait pour nous. Je ne sais pas si c’est un vrai 12 ou un vrai ailier, mais ce n’est pas grave, c’est un bon joueur.

De connaître des débuts plus difficiles que vous ne le pensiez, cela ne rend t-il pas votre challenge encore plus excitant finalement ?

R.O'G : Absolument. J’ai quelques journées difficiles dans ma tête pour savoir dans quel projet je suis. Mais c’est impossible de me "casser". Impossible. J’adore le rugby. J’adore le défi. Je suis confiant en notre réussite. C’est à moi de leur montrer le chemin. Il y a des mecs qui se foutent de leurs corps et qui protègent leur ligne en défense, et ça c’est la raison pour laquelle je travaille ma passion chaque jour ici. C’est facile d’oublier le passé quand tu passes deux ans aux Crusaders. Ce n’est pas comme ça ici. C’est un challenge différent, mais je suis super prêt.

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