L’antisèche : Toulon s’est sabordé

Le match : Toulon bien trop imprécis

Est-il possible de dominer davantage un quart de finale européen à l’extérieur que les Toulonnais y sont parvenus à Thomond Park ? Honnêtement, on ne voit pas… Reste que le RCT a bien trop manqué d’efficacité en bout de ligne pour l’emporter, à l’image de ces passages en touche de Tuisova (3e) puis Kruger (40e), sans oublier ce ballon jeté par Ashton à cinq mètres de la ligne (5e), ou cette occasion monstrueuse gâchée par Radradra au moment d’aplatir (58e). Alors, ajoutez à cela une conquête brinquebalée, plusieurs faits de jeu contraires comme l’essai casquette de Murray (lire ci-dessous) et un arbitrage vidéo un brin sévère sur Radradra, et vous comprendrez un peu mieux pourquoi, contre le cours du jeu, les Varois étaient menés à la pause (10-6).

Et si on crut pourtant, à force de les voir rivaliser sur les points forts irlandais des contests aériens et du jeu au sol, que les Varois allaient finir par faire plier le Munster à l’usure après le bel essai d’Ashton, une nouvelle énorme erreur du duo Trinh-Duc-Tuisova (lire ci-dessous) permit finalement à Conway de faire pencher la balance en faveur des siens. L’énorme dernière séquence du RCT, pendant plus de trois minutes d’arrêts de jeu, n’y changeant malheureusement rien...

Le tournant : La contre-attaque de Conway

Une touche non trouvée. C’est tout ce qu’il fallut à l’ailier irlandais Andrew Conway pour récupérer une munition inespérée et s’offrir un slalom géant dans la défense toulonnaise, bien aidé sur le coup par l’attentisme de Tuisova (monté pour "marquer la touche" sans s’apercevoir que le coup de pied de Trinh-Duc n’était pas sorti…) et d’un ouvreur toulonnais probablement toujours à méditer son erreur précédente… Un exploit en solitaire qu’on aurait pourtant davantage imaginé le fruit d’une des superstars d’en face, qui permit aux Irlandais d’aller chercher une victoire loin d’être évidente. De quoi logiquement à Conway le titre d’homme du match, eu égard également à ces deux sauvetages sur Tuisova et Kruger en première période.

Le facteur X : Toulon surclassé en conquête

Certes, les Harlem Globe Trotters toulonnais présentaient une ligne de trois-quarts probablement sans équivalent en Europe. Certes, celle du Munster était amputée de ses meilleurs talents, à l’image du centre Chris Farrell ou de l’ailier Keith Earls. Mais le rugby se gagne d’abord devant et cela, les Irlandais l’ont bien compris. Les Munstermen emmenés par leur capitaine Peter O’Mahony ont d’abord infligé une véritable leçon aux Varois dans le secteur de l’alignement, subtilisant notamment dès la première minute une pénaltouche, avant de contrarier de nombreux ballons qui n’ont pas permis aux Toulonnais de lancer leur cavalerie dans de bonnes conditions.

Le coaching opéré par les irlandais complétant la tendance dans le secteur de la mêlée fermée, à l’image de cette pénalité qui permit au Munster de prendre 7 ponts d’avance à la 55e (13-6), puis de celle qui offrit aux Irlandais un dernier temps fort à cinq minutes de la fin. On connaît la suite...

L’action : Murray, lauréat de vidéo-gag

C’est probablement à l’arbitrage vidéo le plus long de l’histoire qu’il nous fut donné d’assister durant ce Munster-Toulon. Les vérifications en question ? Elles portaient, d’abord, sur un possible en-avant de Conway à la poursuite d’un coup de pied malicieux de Keatley dans le dos du premier rideau varois. Or, si le centre irlandais roula bien sur le ballon, jamais ses bras ou ses mains ne furent en contact avec ce dernier, annulant toute possibilité d’en-avant. Ensuite ? Il s’agissait de vérifier si, à la récupération du ballon sur un ruck juste devant sa ligne d’en-but, Guilhem Guirado avait commis un en-avant.

Après de multiples angles et autres points de vue, le trio arbitral décida logiquement que oui. Une décision cruciale puisque l’en-avant de Guirado signifiait la fin du ruck, et permettait au roublard demi de mêlée du Munster Conor Murray de monter en toute légalité dans le camp varois pour jouer l’avantage, et déposer le ballon dans l’en-but sous le nez médusé de Toulonnais apathiques. Lesquels ont oublié sur le coup – comme à plusieurs reprises dans la partie – un des enseignements fondamentaux appris à l’école de rugby : tant que le sifflet de l’arbitre n’a pas retenti, il faut jouer…

L’homme : La terrible inconstance de Trinh-Duc

Son erreur et sa pénalité manquée face au pays de Galles trottaient-elles encore dans la tête de François Trinh-Duc ? Le fait est que les entraîneurs du RCT avaient réservé un véritable coup de Trafalgar à leurs homologues, reléguant au dernier moment "FTD" sur le banc pour confier le numéro 10 au plus sobre Anthony Belleau. Dans l’idée de faire de Trinh-Duc un impact-player en cas de dernière demi-heure difficile ? C’est exactement cela… Sauf que cela s’est finalement retourné contre eux, l’ouvreur faisant une nouvelle fois la preuve de sa terrible inconstance. On crut pourtant le pari payant à la 64e minute, lorsque dans la foulée d’une pénaltouche non trouvée, Trinh-Duc sut se montrer sous son meilleur jouer pour placer Bastareaud dans l’intervalle d’une merveille de offload, ouvrant la voie de l’essai à Chris Ashton.

Tout Trinh-Duc résumé en une seule action, dites-vous ? C’est à peu près cela, mais on n’avait pas tout vu… En effet, à la 75e, son dégagement mal ajusté ne trouva pas la touche, mais les bras de Conway. Et si Tuisova commit sur le coup une erreur monstrueuse en ne montant pas sur son vis-à-vis (pensant que la touche serait trouvée), Trinh-Duc ne fut guère exempt de reproches dans la foulée, en manquant totalement son intervention sur l’ailier irlandais. Lequel n’en demandait pas tant pour offrir à son équipe l’essai de la victoire...