Sexton, l’agent double

C’était il y a 5 ans. Le président du Racing Jacky Lorenzetti présentait fièrement Jonathan Sexton pour l’un des plus gros coups de ces dernières années créant un véritable coup de tonnerre en France comme en Irlande. Arrivé en grande pompe, l’international irlandais devait être le joueur qui propulse le Racing 92 dans une autre dimension. Deux saisons plus tard, la star irlandaise revenait d’où elle venait, la tête basse. "Jonathan a eu de gros problèmes d’adaptation, souligne son ancien partenaire Benjamin Dambielle, mais personne ne peut dire qu’il a été mauvais chez nous". Aujourd’hui, la page du Racing est définitivement tournée pour le numéro 10 du Leinster qui s’épanouit à nouveau tant dans son équipe de cœur qu’au sein de sa sélection nationale. À l’aube de cette finale de Champions Cup, les joueurs du duo Labit-Travers vont retrouver un joueur transformé et plus talentueux que jamais.

Chef d’orchestre

"Honnêtement Jonathan Sexton n’a que des points forts, admire Benjamin Dambielle, mais là où il m’impressionne le plus c’est sur son rôle de stratège". Une vision du jeu hors pair dont il se sert pour donner le tempo à une équipe du Leinster réglée comme une horloge. "Jonathan est très exigeant avec lui-même, mais également avec son équipe, il a besoin que chaque joueur effectue sa partition. Il déteste le manque de précision. Au Leinster, c’est sûr lui que tout repose et il adore ça." Véritable chef d’orchestre, le demi d’ouverture international est également un métronome dans le jeu au pied. D’une précision redoutable (90% de réussite sur l’ensemble de la compétition), il utilise bien souvent sa patte droite dans le jeu comme en témoignent ses huit coups de pied lors de la demi-finale contre les Scarlets.

Sexton peut faire basculer la rencontre à tout moment

Mais le pied n’est pas la seule arme de l’homme aux 73 sélections avec l’Irlande. Le numéro 10 aime aussi attaquer la ligne ballon en main comme en témoigne ses 61 mètres parcourus contre les Scarlets et ses 8 franchissements sur l’ensemble de la compétition quand Dan Carter, Rémi Talès et Pat Lambie n’en compte que quatre à eux trois. Une palette offensive complète qu’il déploie souvent avec justesse. "Jonathan analyse très bien le jeu de ses adversaires, explique Benjamin Dambielle, il est dans un modèle anglo-saxon très calculateur tandis que Dan Carter par exemple est beaucoup plus instinctif". Ce qui n’empêche pas le joueur de Leo Cullen de sortir du schéma de jeu initial en cas de difficulté. "Il peut faire basculer la rencontre à tout moment", confirme le demi d’ouverture du Racing.

Les Racingmen sont prévenus, leur ancien coéquipier arrive en pleine forme et devrait donner quelques tuyaux à ses coéquipiers. "Il sait comment on fonctionne. Mais depuis qu’il n’est plus là notre jeu a bien évolué et pourrait lui créer quelques surprises", sourit le demi d’ouverture du Racing. Suffisant pour lui faire commettre une fausse note ?

Par Théo Combes