O'Gara : "Le Racing est le club qui a peut-être le plus grand potentiel en Europe"

Le club est-il soulagé d'avoir passé ce cap des quarts de finale de Coupe d'Europe ?

Ronan O'GARA: On a gagné un quart de finale, youpi ! Mais c'est tout. La seule chose qui est bien, c'est que l'on a battu (19-16, ndlr) le plus grand champion jamais vu dans la compétition. Ce qu'a réussi Toulon ces dernières années (trois titres de suite NDLR), c'est incroyable. Si tu n'as jamais joué au rugby, ou si tu es un joueur moyen, tu ne peux pas comprendre. Je pense qu'on est à 50% de notre potentiel. Bon, 50%, c'est peut-être assez sévère... Mais je sais que si on pique les mecs, il y a plus derrière. Je suis convaincu que si on travaille dur, le résultat suivra. Il y a beaucoup, beaucoup de choses à améliorer. Mais le plus important est que cette année, il y a l'envie, une meilleure organisation sur le terrain et surtout un vrai état d'esprit. Si l'on mélange tout ça, en y ajoutant une bonne stratégie, tout devient possible.

A l'approche d'une demi-finale, qu'est-ce que votre expérience de la Coupe d'Europe vous conseille ?

R.O'G: Je suis fier d'avoir joué dix demi-finales, quatre finales, gagné deux fois la Coupe d'Europe (avec le Munster). Je sais que c'est facile de parler maintenant que je suis à la retraite. Mais je dis aux joueurs: faites une bonne préparation, soyez exigeant pendant la semaine car être rugbyman, ca n'est qu'une petite fenêtre dans votre vie. Il faut profiter du moment car c'est la première demi-finale de l'histoire du club. Après, c'est important de contrôler l'émotion, de ne pas être pris par l'événement.

Il y a des matins où c'est facile et d'autres, comme après la défaite à Montpellier (60-7 en Top 14 mi-mars, ndlr), où j'ai envie d'avoir un pistolet

Et l'entraîneur que vous êtes parvient à profiter aussi ?

R.O'G: Lundi dernier, après la victoire contre Toulon, ma femme m'a emmené en voiture au centre d'entraînement. Et je lui ai dit: "si on avait perdu, j'aurais plutôt eu envie que l'on file direct à (l'aéroport) Charles-de-Gaulle !" Il y a des matins où c'est facile et d'autres, comme après la défaite à Montpellier (60-7 en Top 14 mi-mars, ndlr), où j'ai envie d'avoir un pistolet (rires). Le rugby, c'est horrible pour ça. Quand j'étais joueur, je n'avais pas ce problème de contrôler mes émotions. Mais j'ai toujours été un grand compétiteur, ça ne m'a jamais quitté. Quand, comme entraîneur, je suis en bord de touche, je suis catastrophique (rires). Ce n'est pas possible de rester tranquille quand tu as été joueur pendant 15 ans. Mais je suis capable de me contrôler en tribunes. Je vous l'assure (rires).

Pourquoi avoir choisi de prolonger trois ans au Racing, début mars ?

R.O'G: C'était une décision simple à prendre parce que je ne pouvais pas partir d'ici sans gagner quelque chose. Je dois gagner, trouver des solutions pour l'équipe, il n'y a pas d'autres options. Maintenant, j'espère que mon travail va payer un peu. C'est le club qui a peut-être le plus grand potentiel en Europe. Il y a une bonne ambiance, un grand respect entre toutes les composantes du club, entre les joueurs, les entraîneurs mais aussi les gens qui sont dans les bureaux et travaillent pour le club. Je suis vraiment très content d'être ici.

Ici, c'est un vrai club mondial. Il y a 8-10 cultures différentes et c'est important pour eux d'avoir un staff un peu international, car il faut gérer cela

Vous avez donc trouvé votre place entre Laurent Travers et Laurent Labit, qui forment un duo soudé depuis longtemps ?

R.O'G: Avec les deux Laurent, on est une vraie équipe. Je les respecte beaucoup car ils sont plus expérimentés que moi. Ca donne un bon mélange, on discute, on débat, parfois on n'est pas d'accord. Mais je connais ma place. C'est important aussi que je pousse Lolo (Labit), que je débatte avec Toto (Travers), tout en créant une bonne ambiance. Ça se passe bien. Je pense que c'est bien aussi pour eux. Ici, c'est un vrai club mondial. Il y a 8-10 cultures différentes et c'est important pour eux d'avoir un staff un peu international, car il faut gérer cela.