Attaque, défense, conquête... Lombard décrypte la demie Leicester-Racing 92

Attaque : Leicester est plus mature

Leicester : Depuis que les Tigres ont récupéré Manu Tuilagi, ils ont une arme de destruction massive. L'arrivée d'Aaron Mauger dans le staff technique a également révolutionné leur jeu dans la prise de risques. Il se rapproche d'un système qu'on peut voir dans les franchises neo-zélandaises. Il y a des joueurs de talent comme Tait à l'arrière et Burns à l'ouverture et aussi de la puissance sur les ailes avec Goneva et Veianu.

Racing 92 : Le jeu offensif du Racing est intéressant, il est en train d'évoluer sous l'influence de Dan Carter. Il s'est structuré sur un rugby assez frontal, basé sur la puissance et va vers un jeu bien plus complet, ce qui le rend plus compétitif. Ses fers de lance sont Masoe en premier lieu, car il est l'homme de base et le leader du paquet d'avants, et aussi la charnière Machenaud-Carter, très expérimentée.

Bilan : J'ai du mal à concevoir le Racing compter sur un exploit individuel comme a pu le faire Toulon avec Drew Mitchell par exemple. C'est plus dans l'animation collective qu'il tentera de faire la différence. Cela reste un rugby d'attaque moins prolifique que celui de Leicester, qui est une des équipes anglaises qui marque le plus d'essais (4,46/match). Cela fait quelques temps déjà que la mue a opéré et je sens cette équipe à maturité. Je donne donc un avantage à Leicester, d'autant que le Racing est affaibli au centre.

Défense : Avantage net au Racing

Leicester : Cette équipe compte pas mal d'Iliens, qui ont plus tendance à sortir dune organisation défensive collective que les Anglo-Saxons ou les Français. Ils sont capables de partir en solitaire sur des montées kamikazes. Ça passe ou ça casse, mais c'est le parti pris qu'il faut intégrer et accepter quand on met ces joueurs là sur le terrain.

Racing 92 : Henry Chavancy est très important dans ce système et cela change quelque chose s'il n'est pas là. Maintenant, même quand les Racingmen subissent sur des phases de jeu longues, ils se replacent très bien et ne perdent pas le fil, comme on a encore pu le voir dimanche contre Toulouse. Ils sont solidaires et disciplinés, ce qui est très important en coupe d'Europe. Clairement, ils sont redoutables dans ce secteur.

Bilan : Le Racing n'est pas une équipe qui, comme d'autres, préfère avant tout défendre mais elle a une très belle organisation défensive. Du côté de Leicester, il y a une faille à exploiter. Ils peuvent réaliser des fulgurances en attaque mais c'est plus fragile en défense. Avantage très net pour les Ciel et Blanc !

Conquête : Le Racing est intrinsèquement plus fort mais...

Leicester : Cole et Ayerza croisent Nigel Owens depuis près de dix ans. Ce sont un peu les dinosaures de cette équipe et leur expérience va compter, notamment en mêlée où c'est aussi une question de lobbying. Leicester possède aussi une belle troisième ligne mais est moins armé en deuxième ligne.

Racing 92 : Je pense que les Franciliens sont plus forts collectivement et intrinsèquement. En deuxième ligne notamment où l'attelage Charteris-Van der Merwe est très performant. En termes d'identification de joueurs de très haut niveau, on en retrouve toutefois moins au Racing. L'absence de Dimitri Szarzewski est préjudiciable car cela n'aura pas le même poids si Camille Chat vient parler à Nigel Owens.

Bilan : L'identification des joueurs de niveau mondial qu'aura Nigel Owens jouera pour Leicester. Elle sera néanmoins compensée par le fait que le Racing est plus fort collectivement et individuellement dans ce secteur. En deuxième ligne, le match est déjà gagné par Charteris et Van der Merwe, bien plus forts que l'attelage des Tigers. Je mise donc sur un léger avantage pour les Ciel et Blanc.

Expérience : "Masoe a une influence à avoir sur Nigel Owens"

Leicester : Bien sûr qu'Ayerza et Cole sont des tauliers. Maintenant, il n'y a plus non plus des Martin Corry, Martin Johnson ou Neil Back qui pesaient énormément. Leicester jouera toutefois à domicile et il ne faut pas oublier que les Anglais n'ont pas gagné la coupe d'Europe depuis un moment, sont bien décidés à le faire, surtout dans le sillage de leur victoire dans le VI Nations et vont bien finir par y arriver.

Racing 92 : Le club a été chercher des joueurs comme Masoe, Carter ou Rokocoko pour gagner en talent mais aussi en expérience. Devant, Luke Charteris est évidemment un élément sur lequel il faut s'appuyer mais l'énorme joueur d'expérience reste Chris Masoe. Il a une influence à avoir sur l'arbitre et un rôle majeur à remplir dans cette demi-finale, car lui connaît alors que les autres découvrent. C'est le leader après lequel le Racing courait depuis un moment.

Bilan : Même si le Racing découvre ce stade de la compétition, il ne faut pas oublier qu'il n'en est pas à son premier fait d'armes en coupe d'Europe. Il a terminé première équipe de la phase de poules l'an dernier et troisième cette année. Il est donc identifié comme un vainqueur potentiel, est représentatif d'une équipe qui peut gagner la Champions Cup. Cela compte beaucoup dans l'arbitrage. Sur des décisions à 50/50, cela tombera souvent en faveur du gros. Je dirais donc que, là encore, le Racing a un petit avantage.