A Oyonnax, la tristesse bien supérieure à la frustration

  • Oyonnax avant l'annulation du match contre l'Ulster - 14 novembre 2015
    Oyonnax avant l'annulation du match contre l'Ulster - 14 novembre 2015
  • Entrainement à Oyonnax le 14 novembre 2015 - Photo: Julien Plazanet
    Entrainement à Oyonnax le 14 novembre 2015 - Photo: Julien Plazanet
Publié le
Partager :

Oui, l’US Oyonnax devra patienter pour faire ses grands débuts en Champions Cup alors qu’elle s’apprêtait à recevoir ce samedi la province irlandaise de l’Ulster. Oui, le club a du s’adapter tardivement à l’annulation de ce match par l’EPCR. Mais après les terribles attentats survenus vendredi soir à Paris, seule la solidarité prédominait malgré la déception de ne pas pouvoir assister à ce match.

Entre le soleil et la douceur, il régnait ce samedi après-midi à Oyonnax un climat tristement agréable car l’atmosphère, elle, ne l’était pas. À l’heure supposée du coup d’envoi de ce qui devait être le premier match de l’histoire de l’US Oyonnax dans la plus prestigieuse des compétitions européennes, se terminait une séance physique pour les Oyomen présents au stade, pour qu’ils puissent un peu s’aérer et se défouler...

Une annonce tardive regrettable

C’est à 12h30 que la décision d’annuler la rencontre a été prise par l’EPCR et ce alors que tous les organes du club étaient en relation avec les instances sportives et de l’Etat. J’étais en relation avec les services de l’Etat depuis 9 heures. On avait tout calé pour que tout fonctionne. On avait renforcé tout le dispositif de sécurité et on était prêt , explique le président Thierry Emin. C’est une décision que l’on a appris à la dernière minute et l’on aurait voulu qu’elle soit annoncée beaucoup plus tôt pour pouvoir gérer toute notre organisation , rajoute t-il. Il a fallu évacuer le public déjà présent et détourner les personnes convergeant vers le stade, d’autant plus que n’ayant pas de réponse formelle de l’EPCR, le club avait publié un communiqué assurant la tenue de la rencontre.

Entrainement à Oyonnax le 14 novembre 2015 - Photo: Julien Plazanet
Entrainement à Oyonnax le 14 novembre 2015 - Photo: Julien Plazanet

Cependant, loin de là l’idée d’une quelconque polémique. C’est de la solidarité nationale et on s’y associe. On est en deuil. La tristesse est très importante même si on se rend compte que des terroristes sont capables d’immobiliser un pays. Cela inquiète , poursuit Thierry Emin qui pense au fait qu’une partie des attentats a eu lieu autour du Stade de France, autour d’une enceinte sportive, alors que le stade Charles-Mathon devait accueillir entre 8 000 et 9 000 personnes ce samedi. Un stade est aujourd’hui une cible potentielle.

Glas: "Pour quelques joueurs, j’ai senti un soulagement"

Les joueurs étaient convoqués à 12 heures et c’est donc une trentaine de minutes après que les rumeurs d’une annulation se sont confirmées. Pour quelques joueurs, j’ai senti un soulagement parce que je les sentais psychologiquement assez touchés , commente après coup l’entraineur des lignes arrière Stéphane Glas qui a fait une annonce à son groupe dans les vestiaires. On est resté devant la télé et une fois arrivé ici, on n’avait pas trop la tête à jouer. Cela aurait du être une belle fête puisque c’était le premier match d’Oyo en Champions Cup et elle a été gâchée. C’est la bonne décision car cela n’aurait rimé à pas grand chose et il faut respecter le deuil des gens. Le sport passe au second plan par rapport à des évènements comme ça , témoigne le demi de mêlée Fabien Cibray.

Quelques fans de @UlsterRugby avaient fait le dep' et apportent, aussi, leur soutien ! @OyonnaxRugby @RugbyramaFR ?? pic.twitter.com/vsfrxHOWgW

— Julien Plazanet ???? (@JulienPlazanet) November 14, 2015

Pour ce qui est de l’adversaire, l’Ulster n’a même pas eu le temps d’atteindre le Haut-Bugey puisque la délégation a été avertie en cours de route et a fait demi-tour. Quelques supporters irlandais avaient néanmoins fait le déplacement. Aucune amertume n’était lisible de leur part, bien au contraire avec notamment un joli message de soutien affiché sur le mur d’entrée de Mathon par plusieurs fans. Sur un drapeau de l’Ulster on pouvait notamment lire "Respect for Paris", dans un silence qui faisait froid dans le dos.

Missoup: "C’est de la barbarie ! On n’a pas la tête au sport"

Que dire également du témoignage d’Olivier Missoup, né à Neuilly-sur-Seine. J’ai toute ma famille là bas, ma sœur habite dans le 11ème, j’ai pris des nouvelles. C’est un quartier que je connais pour y être allé boire des verres et je connais les cafés autour , lançait t-il. Le troisième ligne avait d’ailleurs déjà laissé échapper sa tristesse par un tweet au milieu de la nuit. C’est de la barbarie , a t-il répété et au réveil ce samedi matin, il n’avait plus la tête au rugby. Dans la voiture avec Régis (Lespinas) et Vincent (Martin), on s’est regardé. J’ai vu leur tête, on s’est tous compris… On s’est dit que l’on ne pouvait pas jouer. Exceptionnellement, il avait d’ailleurs demandé à sa femme et ses enfants de rester à la maison et va accueillir son petit frère, qui venait juste d’arriver de la région parisienne.

La meilleur décision à été prise. Nous n'avons pas la tête au sport. Le cœur est avec les familles des victimes #attentatparis ?????? ??

— Missoup Olivier (@OlivierMissoup) November 14, 2015

Le groupe va désormais bénéficier d’un peu de repos et ne reprendra l’entrainement que mardi prochain dans une organisation qui est sur le point d’être finalisée. Il était d’ailleurs déjà prévu de laisser le lundi de libre aux joueurs, quel que soit le résultat de la rencontre. Quant aux problèmes de calendrier que ce report engendre – 17 semaines en configuration de match à négocier – à l’heure actuelle il y a plus important pour tous !

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?