Califano, Berbizier, Benazzi… Le XV de légende d’Agen de Sella
Composer le XV de légende d'un club n'est jamais chose aisée. Et encore moins si l'exercice s'applique au SU Agen, dont l'histoire est aussi riche que le palmarès ou le nombre d'internationaux fournis au XV de France. La légende vivante Philippe Sella (111 sélections) a toutefois accepté de se plier à l'exercice, non sans mal...
Lors de nos premiers échanges, l'ancien centre tricolore avait répondu "Trop difficile !", ajoutant un émoticone hilare. Puis il nous avait communiqué une liste de... 38 joueurs ! Nous avons donc insisté auprès de "Mister Rugby" pour qu'il compose un vrai XV de départ. Ce qu'il fit, avec toutes les peines du monde... et beaucoup de remplaçants, vous allez le voir !
1. Jean-Jacques Crenca
Un pilier solide, qui a tenu pendant de longues années la mêlée agenaise. Il était en concurrence avec Jean-Louis Tolot ou Patrick Solé, qui étaient là avant lui. Crenca a eu une belle carrière en club et surtout en équipe nationale. Il a porté loin et haut les couleurs du SUA.
2. Daniel Dubroca
Je l'ai mis au talon car il a fait la première Coupe du monde à ce poste, alors que c'est un pilier droite à l'origine. Il fut capitaine de l'équipe de France, c'est une vraie légende à Agen. C'était un avant moderne avant l'heure, qui a eu une longue carrière.

3. Christian Califano
Il a fait un petit détour par chez nous après Toulon et Toulouse, mais c'est un joueur de calibre international, avec beaucoup de caractère. Je l'ai découvert avec le XV de France en Nouvelle-Zélande en 1994. Il a fait de très très belles carrières nationale et internationale. Et puis je l'aime beaucoup humainement...

4. Francis Haget
"Mon pote Haget !" comme on plaisantait à son sujet... On lui a faite quelques fois celle-là ! Il a fini à Biarritz après être passé au SUA et avoir débuté à Castelsarrasin. C'était un joueur hors norme sur le plan physique. Il a joué jusqu'à 37 ans, et en équipe de France jusqu'à 35 ou 36 ans il me semble. Il avait subi deux ans de licence rouge en raison de sa mutation. Francis, c'était un deuxième ligne moderne, je le revois encore traverser le terrain balle en main pour marquer un essai de barjot contre l'Ecosse. Il avait une chevauchée de trois-quart centre. C'était un superbe athlète.
5. Abdelatif Benazzi
J'ai mis Abdel à cette position même si on l'a aussi souvent joué en numéro huit. Il pouvait tout faire de toute façon. Il ressemblait aux deuxième lignes actuels, puissant mais pas seulement. Des mecs capables de jouer sur plusieurs registres. Il se déplaçait beaucoup, et apportait beaucoup à l'équipe par sa capacité à avancer sur tous les impacts.

6. Philippe Benetton
"Benett'" faisait partie de ces joueurs qui étaient bons ballon en main, capables d'être un relayeur pour les trois-quarts ainsi qu'un bon gratteur. J'imagine qu'il doit encore avoir les épaules rouges après tous les plaquages qu'il a fait dans sa carrière ! A l'image de Jacques Gratton qui était là avant lui... Je dirais même que quelque part, Philippe est le fils spirituel de Jacques Gratton (rires)
7. Michel Sitjar
Je ne l'ai pas connu mais j'ai tellement entendu parler de lui... C'était un troisième ligne hyper explosif, un gros plaqueur qui était, comme Benetton, un excellent relayeur pour les trois-quarts. De ce que j'ai entendu, sa reprise de course était impressionnante.
8. Dominique Erbani
Comme Abdel, Dominique jouait aussi en deuxième ligne, il couvrait les deux postes. Un mec puissant, aussi capable de jouer autour des mêlées... Avec Abdel, ils étaient des joueurs sûrs.
9. Pierre Berbizier
Pierre était un grand stratège. Il était capable d'analyser beaucoup de choses, de couvrir, de diriger un pack qui était à son écoute... A ce poste, il y a de la concurrence. J'ai aussi cité Pierre Lacroix, qui a été capitaine du XV de France dans les années 60, ainsi que Max Barrau qui n'a plus été sélectionné après avoir quitté Agen pour Beaumont-de-Lomagne alors qu'il l'aurait mérité. Lacroix et Barrau étaient des joueurs très explosifs, des porteurs de balles dotés de bons appuis, de bons animateurs. Pierre était davantage un stratège. Mais quel stratège...

10. Christian Delage
Il a quelques sélections avec les Bleus dans les années 80. C'était un arrière de formation, passé à l'ouverture. C'était un technicien hors pair, comme j'en ai rarement vu. A cette époque où le rugby était encore amateur, Christian possédait une technique individuelle rare : ses passes étaient très fluides, précises, des deux côtés... Il s'effaçait pour placer ses coéquipiers dans les intervalles. Il jouait au près, au large... il apportait beaucoup d'incertitude à la défense adverse. Il frappait des deux pieds aussi, avec le même talent et malgré la pression adverse. Moi, je n'avais qu'un pied et il me servait à monter dans le bus ! C'était un vrai attaquant. Il était plus négligent en défense, mais il avait de bons coéquipiers à ses côtés...
11. Rupeni Caucaunibuca
C'est "Magic Rupeni". C'est un magicien : il est là, il est pas là, tu sais jamais. Que ce soit à l'entraînement, en début de saison, ou sur un match. Mais quand il est là, il fait des dégâts considérables. Il a fait lever Armandie à lui seul des dizaines de fois, comme il l'a fait au niveau international. Je me souviens de ses reprises d'appuis, ses changements de rythme, ses raffûts, sa vitesse et sa puissance. C'était aussi la gentillesse même. Nous n'avons pas réussi à le remettre dans le droit chemin pour qu'il retrouve le niveau qui fut le sien. Mais il restera à jamais "Magic Caucau".

12. "Titou" Lamaison
C'est un ouvreur qui peut très remplir le rôle de deuxième demi d'ouverture, grâce à son intelligence de jeu, son jeu au pied, sa défense. Quand je pense à lui, je me remémore sa demi-finale contre les All Blacks à Twickenham en 1999. Ce match illustre bien l'incrayble précision de son jeu au pied. Quand tu joues au pied face à Jonah Lomu, il ne vaut mieux pas lui mettre dans les bras. Titou le savait, et systématiquement joué derrière lui pour le mettre sous pression, pour l'empêcher de contre-attaquer... Ce match reflète bien son talent.

13. Philippe Mothe
J'ai joué avec Philippe pendant plusieurs années. Je l'ai mis en 13, et il ne va pas aimer car je sais qu'il préfère le numéro 12. Mais avant, le 12 jouait centre gauche et le 13 centre droit. Il jouait à gauche mais dans le rugby d''aujourd'hui il aurait plutôt été un 13, grâce à ses qualités d'appuis, de vitesse, de gestuelle. C'était un joueur dangereux pour les défenses adverses.
14. Cédric Heymans
Il s'est relancé à Agen et il a fait ensuite une très très belle carrière, nationale et internationale. Il venait de Brive, mais a aussi brillé à Toulouse. Il allait vite, possédait de superbes appuis. Mais au-delà de ses qualités d'ailier, il était "rugby". Il avait un instinct pur, il sentait les coups. Je me souviens de son essai contre les Blacks en 2010, c'était fou. Mais c'est bon d'être fou sur un terrain !

15. Jean-Pierre Razat
Je n'ai pas joué avec lui mais on m'a raconté qu'il était un contre-attaquant né. Comme Cédric Heymans à l'aile, un mec d'instinct. Il adorait la contre-attaque et cela correspondait bien avec l'ADN du club, cette folie. Il était très sûr sous les ballons aériens, et possédait un bon jeu au pied. Un vrai arrière, quoi. Je tiens aussi à citer Bernard Viviès, ou Olivier Campan, Titou Elhorga ou Philippe Bérot, ou Michel Morlaas qui ont aussi eu de très très belles carrières et qui ont apporté énormément au club...
Le deuxième XV de légende de Philippe Sella :
1. Jean-Louis Tolot/ Patrick Solé
2. René Bénésis/Jean-Claude Malbet/ Jean-Louis Dupont
3. Omar Hasan
4. Charles Nieucel
5. Alain Plantefol
6. Jacques Gratton
7. Pierre Biémouret
8. Murray Mexted/ Guy Basquet
9. Pierre Lacroix/ Max Barrau
10. Christophe Deylaud/ Georges Carabignac/ François Gelez
11. Olivier Campan/ Taylor Paris
12. Jean-Michel Mazas
13. Michel Morlaas
14. Philippe Bérot/ Pierre Lacroix
15. Bernard Vivès/ Pépito Elhorga
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