Baky écrit : "Pourquoi ne pas moduler le salary cap en fonction du budget moyen des clubs ?"

Par Rugbyrama
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BAKY ÉCRIT - Tout jeune retraité, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour intégrer l’équipe des chroniqueurs Midi Olympique. L’ancien troisième ligne a tout connu du rugby, d’abord amateur et finalement professionnel. Pour Rugbyrama, l’ancien international ivoirien s’attache désormais à poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby.

Août 2020 : la ligue nationale de rugby (LNR) valide la baisse du salary cap pour les quatre saisons à venir. Une baisse graduelle de la masse salariale, qui s’effectuera de 300 000 euros sur les 3 premières années, et de 400 000 euros la dernière année. On passera d’une enveloppe de 11,3 millions à 10 millions d’euros. Décision entérinée lors de l’assemblée générale qui a eu lieu il y a 15 jours.

Il y a eu un avant et un après Covid. Les clubs ont été lourdement impactés par la crise. En ce sens, encadrer le salary cap est une idée louable pour protéger l’écosystème et ainsi éviter la périclitation de certains clubs. Néanmoins, la question du retour à meilleure fortune n’a pas été intégré dans le champ des débats. Comme cela avait été le cas, lors des discussions post-Covid.

Pis encore, les premiers concernés, c’est-à-dire les joueurs, ont été tenus loin des discussions. Mon éternel optimisme me laisse penser qu’en 2025, on pourrait retrouver une économie, sinon florissante, a minima meilleure qu’aujourd’hui. Pourquoi pas dès lors, envisager une hausse du salary cap. Cela aurait pu se discuter dès aujourd’hui.

La question ne pourra même pas être soumise à discussion lors de commission paritaire comme cela se fait dans le sport US, sorte d’étoile du berger du sport en général. En NBA par exemple, le Collective Bargaining Agreement réunit l’association des joueurs et les 30 propriétaires de franchises pour discuter ensemble du salary cap, entre autres.

La décision-là, est unilatérale. À la différence de ce qui s’est fait lors de la reprise de la saison 2019-2020. C’était lors la dernière saison de ma carrière. J’avais dû, à l’instar de la quasi-totalité de mes collègues, revoir mon salaire à la baisse. Ce dernier avait été amputé de 15 % pour que le club puisse subsister. Cependant, un retour à meilleure fortune avait été accolé à la négociation. Et c’était clairement ce qui avait pesé dans la balance pour bon nombre d’entre nous. Toutes les composantes avaient joué le jeu.

Et si l’économie revient au niveau qu’elle avait avant la crise du Covid, les joueurs devraient pouvoir retrouver leurs salaires d’avant Covid.

Cela étant dit, les jeunes joueurs, eux, sont plus ou moins protégés. Ils bénéficient du salaire minimum conventionnel. Sur lequel les clubs ne pourront pas rogner. (23 000 euros brut par an en Pro D2 et 42 000 euros brut par an en Top 14). Au même titre que les joueurs avec des salaires minimum qui arrivent des divisions inférieures.

Les stars du championnat et les pointures étrangères seront, elles aussi, relativement à l’abri. Les clubs continueront de se tirer la bourre pour s’arracher les meilleurs joueurs de la planète. Ceux qui remplissent les stades et font lever les foules. Louis Rees-Zammit n’aura aucun mal à trouver un contrat Top 14 a la hauteur de son talent. Tout comme les internationaux du XV de France.

Clairement, le type de joueur qui risque de prendre de plein fouet cette baisse, c’est le joueur de classe moyenne. 25-35 ans. Grosso, modo les joueurs au salaire médian de l’effectif, le joueur de club, de devoir, le joueur honnête, qui entre dans une rotation. Se pose alors la question de la disparité et des inégalités salariales au sein d’un effectif qui continueront de se creuser.

Le syndicat des joueurs a lui été sollicité en amont, mais sa marge de manœuvre semble restreinte.

Cependant, des solutions moins drastiques pour les joueurs auraient pu ou dû être explorées. Pourquoi ne pas moduler le salary cap en fonction du budget moyen des clubs professionnels ? Il évoluerait chaque année en corrélation directe avec les capacités budgétaires de ces derniers. Que ce soit à la hausse, comme à la baisse. Une sorte d’indexation. Comme cela existe dans le civil avec l’inflation.

Les joueurs, qui sont les acteurs majeurs, mais aussi les actifs (au sens entrepreneurial du terme) des clubs, devraient pouvoir bénéficier au premier plan de la meilleure santé financière de leurs employeurs. Et c’est tout le mal qu’on leur souhaite.

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