"La victoire et la défaite sont mêlées, confondues, rayons différents d’un même jour solaire"

Par Rugbyrama
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BAKY ÉCRIT - Tout jeune retraité, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour intégrer l’équipe des chroniqueurs Midi Olympique. L’ancien troisième ligne a tout connu du rugby, d’abord amateur et finalement professionnel. Pour Rugbyrama, L’ancien international ivoirien va désormais s’attacher à poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby. Welcome "Baky".

Ce vendredi s’affrontent, en ProD2, deux équipes qui n’ont pas encore gagné un match cette saison. Vannes et Agen. Cela semble fou, tant pour le nombre de matchs déjà disputés (6) que pour les profils des deux protagonistes.

D’un côté, une équipe qui a maîtrisé son sujet pendant 30,9 matchs avant de voir son rêve de finale brisé par un baroud d’honneur du Biarritz Olympique (Biarrots qui, eux, se retrouvent en top 14). De l’autre, une équipe qui se retrouve sur une incroyable série de matchs sans succès. Si l’on excepte la victoire face à Aurillac en match de préparation au cœur de l’été, le SU Agen n’a plus gagné depuis le 20 février 2020. 601 jours.

Loin de moi l’idée de me lancer dans des analyses techniques des matchs de ces deux équipes, je n’en ai clairement pas la compétence. En revanche, l’aspect psychologique de ces deux séries semble intéressant à appréhender. Non pas que je sois meilleur en psychologie (c’est même l’inverse). Mais j’ai connu quelques saisons où il fallut traverser des phases de défaites qui m’ont paru interminables.

En ce sens, il me paraît captivant de s’intéresser à la notion d’échec.

L’échec et la réussite vont de pair. La différence entre les deux est tellement ténue. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, le premier cité vous renvoie à votre incompétence. Pas sûr cependant que les joueurs, au même titre que les entraîneurs de ces 2 clubs soient devenus incompétents du jour au lendemain. Ils ont tous des qualités qu’ils ont pu exprimer ailleurs ou par le passé.

Seulement voilà, ils cherchent à se départir à tout prix de cette défaite. Mais ils n’y arrivent pas. Elle leur colle aux basques. L’heure n’est plus à l’analyse, on veut simplement gagner. Pas en jouant mieux, pas en mettant en difficulté l’adversaire, non. Juste ne plus subir une énième défaite.

On parle souvent d’ingrédients nécessaires pour la victoire. Mais la réalité est que les victoires sont rarement analysées dans le sport qui nous concerne. J’entends par là : expliquer les raisons objectives d’une victoire. Pourquoi avons-nous gagné ?

Évidemment, il y a la sacro-sainte séance vidéo d’après match. Qui décortique, qui pointe et qui met en exergue, dans 90% des cas, ce qui n’a pas fonctionné ou ce qui aurait pu être mieux fait. Et si l’on arrive aisément à expliquer pourquoi on a perdu, on ne prend jamais le temps de comprendre les raisons d’une victoire. Au-delà des poncifs usités, (plus agressifs, plus disciplinés, qualité de l’adversaire, un bon buteur…) il y a cette idée saugrenue qui consiste à penser que l’on apprend plus de ses erreurs. Je m’inscris en faux.

Si l’on doit pouvoir tirer des enseignements de ses propres manquements, on doit être en mesure d’expliquer ce qui nous a permis d’obtenir, non pas la performance, mais le résultat souhaité.

Les encadrants, pour ne pas dire les entraîneurs, argueront sans doute que c’est pour éviter un écueil évident : la non-remise en question. Choper la grosse tête, le boulard, le bocal. Là encore, c’est une geôle mentale, façonnée par la société qui voudrait nous faire croire que le relâchement ne s’explique que par l’autosatisfaction et/ou la suffisance.

Pensez-vous que les joueurs Stade Toulousain qui enchaînent les victoires (10, séries en cours) se reposent sur leurs lauriers ? Soyons sérieux …

Le relâchement peut trouver son fondement ailleurs. Dans la charge mentale, par exemple. L’effort mental pour réaliser une performance donnée dans un milieu donné est étroitement lié à l’effort physique. Jacques Larue l’explique d’ailleurs très bien dans les cahiers de l’Insep.

L’enjeu portera ici sur la capacité à mobiliser des ressources pour pouvoir donner la pleine mesure de ses compétences.

Nul ne peut nier que les joueurs de Vannes et d’Agen sont en proie au doute. La perception de la difficulté est biaisée, alourdie par le poids des défaites accumulées. On leur souhaite simplement de se libérer mentalement et de retrouver ce goût qui les fuit depuis de longues semaines : celui de la victoire.

Marguerite Yourcenar avait écrit : "La victoire et la défaite sont mêlées, confondues, rayons différents d’un même jour solaire".

En bref :

- Félicitations aux Dragons Catalans pour leur parcours en Super League

- Félicitations au Toulouse Olympique XIII pour son titre en Championship et son accession en Super League

- Je ne connais pas les règles du Rugby à XIII

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