Baky écrit - La Barguillière, ou le rugby des villages

Par Rugbyrama
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Publié le Mis à jour
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BAKY ÉCRIT - Vous le connaissez bien désormais, notre chroniqueur Bakary Meite continue de parler rugby et évoque cette fois un de ses souvenirs croustillants...

Saint-Pierre-de-Rivière est une petite bourgade nichée au cœur de la vallée de La Barguillière. Vous passez le panneau qui vous indique le nom de la ville, et vous voilà presque sur le terrain de rugby. Heureusement, la main courante veille au grain. Ici on est en Ariège. Un coin du pays que je ne connaissais pas et que je découvre au gré des pérégrinations avec le REC Rugby Entente du Cabardès. Et je dois dire que je l’apprécie de plus en plus, ce coin.

Dimanche, il est 14 heures. Le match est dans une heure. Le bus nous charrie et nous nous dirigeons vers les vestiaires dans une procession silencieuse. Et déjà l’impression que les mollets se raidissent. En effet le chemin de pierre coincé entre le bâtiment et la ligne de ballon mort est pentu. Un rapide coup d’œil vers le terrain pour m’apercevoir que le terrain aussi est pentu. Bon. On est accueilli par les bénévoles du club. Et surtout par un énorme chien, qui tel un Cerbère docile a une tête nous dénombre et nous dévisage. Trop heureux de voir de nouvelles têtes sur son territoire.

Les vestiaires sont bien moins pittoresques que ce à quoi je m’attendais.

Avec l’équipe on retourne sur le terrain pour le traditionnel conciliabule d’avant match. Et là, nouvelle surprise. Le terrain est aussi en pente sur la longueur. L’en-but de l’autre côté du terrain est en contrebas de l’autre. Comme le terrain de l’US Morlaàs de mon ami Richard Dany. Le dénivelé n’est pas négligeable. Même si je ne saurais l’évaluer. Je mets en garde les joueurs sur la difficulté a appréhender ce genre d’environnement. Essayer de faire abstraction du contexte, du terrain etc…

Lors du retour vers les vestiaires, je m’arrête pour profiter du panorama. L’en-but du bas est traversé par un chemin de terre avec une plaque d’égout qui n’empiète cependant pas sur le terrain. A peine ai-je fini de contempler cette bizarrerie qu’une voiture s’engage sur le dit chemin. Un grand filet de protection hors d’âge et d’usage joue les derniers remparts pour éviter que les ballons frappés par des buteurs fussent-ils précis au pied, ne finissent leurs courses dans l’Arget, la rivière dont on parle en prononçant le nom de la ville.

Je verrai d’ailleurs le préposé au ramassage de ballon s’affairer avec une épuisette au manche ostensiblement long. Afin d’éviter que les ballons ne finissent dans l’Ariège, le confluent de l’Arget ; au pied du château de Foix. Autre merveille de ce département.

Autour de moi, et du terrain donc, des habitations. Des maisons. A moins de deux mètres de la main courante. Un voisinage conciliant j’imagine. Habiter un pavillon au bord du terrain de rugby nécessite au minimum d’être amateur de ce sport ou alors d’avoir une bonne assurance en cas de bris de glace. Pendant mes élucubrations, j’aperçois une poule, qui longe une des maisons. Je la suis du regard et je la vois retrouver ces congénères devant le poulailler. Cet endroit n’a pas fini de me surprendre.

En levant le nez des gallinacés, je suis surpris par le gigantisme des montagnes qui nous entoure. Nous sommes dans une vallée, je l’avais presque oublié.

Le soleil est au rendez-vous. Le ciel a peine lézardé par les filets de nuages fins. Je sors mon smartphone pour immortaliser ce moment tout en sachant très bien que je ne regarderai sans doute jamais cette prise de vue. (Ce qui s’avéra être faux puisque j’ai revu les photos et les vidéos pour m’aider à écrire cette chronique).

L’après-midi s’annonce belle. Elle le fut pour les petits gars du REC. Une belle victoire, dans un match qui s’est déroulé dans un très bon état d’esprit. C’est à souligner. Les 22 joueurs de L’AS Barguillière qui représente a eux 3% de la population Saint-pierroise ont été combattifs et valeureux sur le pré qui lui représente 0,3% de la superficie totale du village.

Cerbere veille toujours, la défaite de ses ouailles ne l’affecte pas plus que ça. Sans doute pense-t-il déjà au buffet d’après match. Une tradition séculaire dans le rugby, ou il pourra récupérer çà et là quelques menus récompenses de la main des joueurs attendris par son regard de chien battu qu’il maitrise a la perfection.

Une après-midi douce et bucolique qui touche à sa fin. Puis viendra le temps de remonter vers l’Aude. Les bières dans la soute du bus attendent qu’on vienne les délivrer.

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