Baky écrit : Fulgence, "seigneur de ce jeu"

Par Rugbyrama
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    Baky écrit
  • Fulgence Ouedraogo - Troisième ligne de l'équipe de France en conférence de presse - 21 septembre
    Fulgence Ouedraogo - Troisième ligne de l'équipe de France en conférence de presse - 21 septembre
  • Fulgence Ouedraogo (Montpellier) - Finale Top 14 2011 contre Toulouse
    Fulgence Ouedraogo (Montpellier) - Finale Top 14 2011 contre Toulouse
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BAKY ÉCRIT - Retiré des terrains depuis l'été 2021, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby, des belles histoires du monde amateur aux exigences du secteur professionnel. Aujourd'hui, il rend hommage à Fulgence Ouedraogo, inusable soldat montpelliérain qui mettra un terme à sa carrière, l'été prochain.

Il est pour beaucoup le père du métro parisien. Avec pas moins de douze lignes de métro créées sous sa coupe au début du siècle dernier. Sa moustache n’avait rien à envier au célèbre Hercule Poirot. Je parle bien évidemment de Fulgence Bienvenue

Pour d’autres, c’est celui qui fut sacré évêque de Ruspe par Victor de Vita avec l’assentiment du pape Symmaque (réminiscence du catéchisme). Après sa sanctification, il est censé être fêté le 1er janvier mais les cerveaux embrumés par le champagne de la veille n’en n’ont cure. Vous aurez tous reconnu Saint Fulgence de Ruspe.

Enfin, pour l’extrême majorité de tous ceux qui liront cette chronique, il n’y a qu’un Fulgence. C’est Fulgence Ouedraogo.

Fufu pour les intimes, pour les supporters et pour tout le monde en somme, vient d’annoncer qu’il mettrait un terme à sa carrière de joueur de rugby, à la fin de cette saison.

Et cette annonce ne peut laisser indifférent les amateurs de ce sport.

Fulgence Ouedraogo joue au MHR depuis 18 ans maintenant. 18 saisons au sein de la même entité… Comment ne pas être admiratif ? Une carrière commencée au plein cœur du professionnalisme, le robinet d’argent s’ouvrant de plus en plus grand. Fulgence a fait le choix de la stabilité. Et de la fidélité.

Fulgence Ouedraogo - Troisième ligne de l'équipe de France en conférence de presse - 21 septembre
Fulgence Ouedraogo - Troisième ligne de l'équipe de France en conférence de presse - 21 septembre

Ayant traîné mes guêtres dans les confins de l’Hexagone, je suis envieux de ce genre de carrière. Quand j’ai débuté le rugby à 22 ans en fédérale 3, Fulgence jouait déjà au niveau professionnel depuis 2 ans. Comment, dès lors, ne pas le prendre comme exemple pour mon cheminement personnel jusqu’au niveau professionnel ?

Sa longévité au club n’a d’égal que sa capacité à répéter les tâches sur le terrain. Capitaine emblématique, il est un guide pour les plus jeunes et surtout une référence à son poste. Et si l’équipe de France, atteinte de jeunisme patenté, lui a définitivement tourné le dos depuis quelques années (seul Uini Atonio dépassait les 30 ans dans le groupe France vendredi dernier), ses 39 sélections agrémentées de 2 essais, n’ont jamais déçu. Il était d'ailleurs de ces derniers Chlemards de 2010.

La suite ? Vice-champion du monde 2011, il n’a jamais revendiqué quoi que ce soit. Il est d’ailleurs le seul joueur à ne pas être rentré lors de cette finale perdue, lui qui avait déjà connu l’honneur d’être sacré avec les moins de 21 ans.

Pourtant, la douleur de recevoir la médaille en premier après un match ne lui était pas inconnu. Lorsqu’il guida le MHR jusqu’au Stade de France quelques mois plus tôt, face à un Stade Toulousain gargantuesque, jamais repu de Brennus.

Fulgence Ouedraogo (Montpellier) - Finale Top 14 2011 contre Toulouse
Fulgence Ouedraogo (Montpellier) - Finale Top 14 2011 contre Toulouse

Aucune déclaration tapageuse dans les médias, à peine quelques chiffonnades avec les adversaires sur le terrain : Fulgence fait partie des seigneurs de ce jeu.

Et pour citer le célèbre poète Youssoupha : "on ne peut pas plaire à tout le monde, en toute amitié, dans un monde où même Dieu ne fait pas l’unanimité."

Celui qui est né dans le pays des hommes intègres tend à contrarier ce précepte. Et pour cette raison, il méritait un hommage au moins aussi appuyé que les plaquages qu’il a distillés.

J’attendrai encore quelques mois qu’il rejoigne le clan des "retraités" pour lui dire : Fulgence, bienvenue.

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