Meité : "Le Stade français avait créé un "loft", où étaient regroupés tous les indésirables"

  • Bakary Meité
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Dimanche dernier, Bakary Meité a joué avec la Côte d’Ivoire le dernier match d’une carrière longue de seize ans. Un parcours à part, aussi marqué par un passage au Stade français, qui lui permet aujourd'hui d'avoir une vision différente du rugby. "Son" rugby.

En 2017-2018, vous signez au Stade français, pour votre seule expérience en Top 14. Mais vous jouez très peu et l’aventure se termine après une saison seulement. La marche était-elle trop haute ?

Honnêtement, non ! (il soupire) Il y a des choses que tu ne maîtrises pas, quand tu es joueur. Quand je suis arrivé, il y a eu un changement de staff et le nouveau ne m’avait pas choisi. Nous étions plusieurs dans ce cas. L’entraîneur de l’époque a décidé de ne pas me faire jouer, quoiqu’il arrive.

Cela vous a-t-il été justifié ?

Non. C’était dur. Le Stade français, j’étais archi-fan. Jouer pour ce club, c’était un rêve de gosse. Mais la direction de cette époque était catastrophique. Nous étions un certain nombre dont ils ne voulaient pas. Ils ont créé un "loft", comme on dit au foot, où étaient regroupés tous les indésirables. Ils nous donnaient des horaires d’entraînements différents du reste du groupe, afin qu’on ne les croise pas et qu’on ne leur parle pas. C’était dingue.

Le rugby d’aujourd’hui, c’est aussi cela ?

Il faut croire, oui.

Qu’avez-vous fait ?

Je me suis remis en question. Je me suis d’abord dit que je ne faisais pas bien les choses. Le club me faisait jouer en Challenge européen, une compétition qu’il voulait balancer. Manque de pot pour eux, malgré un gros accroc au premier match - une défaite en Russie - on s’est qualifiés. Le club ne l’avait pas prévu. En quart de finale, à Pau, ils ont remis tous les mecs qui jouaient habituellement en Top 14. Mais pas seulement.

C’est-à-dire ?

Il y avait une hécatombe en 3e ligne. C’était déjà arrivé dans la saison et dans ces cas-là, ils préféraient faire reculer un 2e ligne à mon poste, plutôt que de me faire jouer. Là, c’était pire : je n’étais pas dans le groupe et à un moment du match, c’est le pilier italien Cittadini qui jouait 3e ligne. Je veux bien qu’on me considère comme le plus mauvais des 3e ligne, mais faire jouer un pilier à mon poste… Bon… Clairement, mon cas dépassait le cadre du rugby et des performances. Une histoire de contrat ? D’agent ? Je n’en saurai sûrement jamais rien.

Hors micro, la direction de l’époque faisait savoir qu’elle vous reprochait du prosélytisme religieux, au sein du vestiaire. Vrai ?

Hein ?

Vous ne le saviez pas ?

(Il explose de rire) Mais vous êtes sérieux, en plus ? C’est pas une blague ?

Non…

Je m’attendais à tout sauf à ça ! C’est l’excuse la plus bidon du monde !

C’était pourtant la justification avancée, notamment auprès de Sekou Macalou…

C’est grotesque ! Sekou, je le connais depuis Massy et c’est comme mon petit frère. Mais il est dans la vie comme sur le terrain : c’est un électron libre. J’avais la chance de le connaître depuis longtemps, d’avoir sa confiance et son oreille. On échangeait beaucoup, c’est vrai, alors même que Sekou faisait partie de ces joueurs avec qui je ne devais pas parler, puisque je faisais partie du "loft".

Interview à retrouver en intégralité sur midi-olympique.fr

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