L'antisèche : les Bleus inventent la défaite héroïque
AUTUMN NATIONS CUP - Ce XV de France remanié a tutoyé l'exploit. Il menait encore au score à la 79e avant de craquer en prolongation. Mais il a tellement malmené le XV type de l'Angleterre qu'il fait figure de vainqueur moral.
Le match : un scénario de folie
Incroyable scénario à Twickenham. Les Anglais l'ont certes emporté (22-19 ), mais c'est bien le scénario de ce match qu'on retiendra en premier lieu. Jusque dans les dernières minutes du temps réglementaire, ces jeunes Bleus étaient devant au score. Avant l'essai de l'égalisation des Anglais... et une prolongation ! L'issue de ce match, donc, se déciderait au "golden score" (le premier qui marque à gagner), une première à ce sport. A ce jeu, le suspense ne faiblissait pas. Une première pénalité de Farrell, pourtant bien placé, heurtait le poteaux.
Les Bleus, pleins de rage, pouvaient encore y croire. Mais dans un ultime coup de sifflet cruel et contestable, Mr. Brace offrait une nouvelle pénalité aux Anglais. Cette fois, Farrell ne tremblait pas et sacrait les siens. Un crève-coeur ? Il ne faudrait pas. A Twickenham, la Bleusaille française a été admirable.
Le joueur : Dulin, la magnifique sentinelle
L'arrière Brice Dulin a fait un match magnifique, impressionnant de sérénité sous les multiples chandelles adverses. Dire qu'on le pensait totalement "cramé" pour le XV de France, il n'y a pas si longtemps, le voilà à nouveau superbe. Sous la mitraille, il a été impeccable, ne ratant aucune réception et écœurant au passage les "kickers" anglais. Que le jeu se transformait en échange de jeux au pied d'occupation, son pied gauche a fait merveille. Du grand Dulin.
L'action : Jalibert ouvre la voie à l'essai bleu
L'essai français conclu par Brice Dulin fut inscrit à la 15e minute. L'arrière rochelais était servi magistralement par Matthieu Jalibert, qui trouva un espace entre deux défenseurs, George et Farrell. Une accélération irrésistible, un raffut sublime sur le talonneur des Saracens et, un peu plus loin, Dulin n'avait plus qu'à courir pour aplatir.
Le tournant : coup de poignard de M. Brace
La dernière pénalité, évidemment, est tombée comme une sentence injuste. Elle fut générée par un coup de pied de pression parfaitement dosé par George Ford et qui mit Raka sous pression. M. Brace se sentit obligé de siffler une pénalité contre les Français au sol après une intervention de Itoje qui mit les mains sur le ballon pour empêcher les Bleus de le récupérer. Contestable ? Complexe, l'action n'a clairement pas fini de faire parler...
Le flop : Owen Farrell dans un jour sans
Owen Farrell a manqué quatre pénalités, événement assez rare dans la carrière de ce joueur réputé pour son sang-froid. Une faillite qui a évidemment contribué à maintenir les Bleus devant et du suspense dans cette rencontre. Dans le jeu courant, il n'a pas non plus été à son avantage. Visé par Jonathan Danty, au milieu du terrain, il a régulièrement reculé aux impacts. Un mauvais jour pour le capitaine anglais.
La curiosité : une prolongation qu'on n'imaginait pas
Visiblement, pas grand-monde ne connaissait le règlement exact de cette finale et de cette éphémère Coupe d'Automne des Nations. Finalement, elle s'est conclue sur une pénalité avec mort subite. Une grande première dans l'historie du rugby à XV, qui a rajouté du piment à un match qui n'en manquait déjà pas.
La question : ce match extraordinaire rebat-il les cartes pour le "vrai" XV de France ?
Oui, forcément. Certains joueurs ont marqué des points précieux pour mettre la pression sur ceux qu'on imaginait titulaires dans l'esprit de Galthié. Comment ne pas imaginer qu'Anthony Jelonch, Yoram Moeafana, Brice Dulin ou Cameron Woki ne frappent pas à la porte du "vrai" XV de France ?
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?