À Marsilly, le Stade rochelais s'exporte en Première Série

Par Rugbyrama
  • L'équipe du Marsilly Rugby Club (Crédit photo : Jérôme Blanchard)
    L'équipe du Marsilly Rugby Club (Crédit photo : Jérôme Blanchard)
  • Jean Voctor Goillot (La Rochelle)
    Jean Voctor Goillot (La Rochelle)
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AMATEURS - Depuis deux saisons, le Marsilly Rugby Club a comme particularité d'avoir un staff composé de jeunes joueurs professionnels du Stade Rochelais. Une chance pour ce club amateur de Première Série, en constante progression. Rencontres.

Tout commence par un petit village. Marsilly, modeste commune de 3000 habitants à 10 kilomètres de La Rochelle, connue pour son golf, son clocher, son petit bourg et son terrain de rugby. Comme des centaines de clubs en France, le Marsilly Rugby Club (MRC) respire l'amateurisme, sent bon la troisième mi-temps et dévore à pleines dents ce qu'on appelle à tort ou à raison le "rugby plaisir". Rien de bien neuf là-dedans pourriez-vous répondre. Pourtant, depuis deux saisons, le MRC a décidé à son modeste niveau de Première Série, de faire appel à des jeunes joueurs professionnels du Stade Rochelais pour diriger l’encadrement, bénévolement il va sans dire. Un choix signé Patrick Guisembert, président du MRC depuis cinq ans. "J'ai pensé à eux car ce sont des gens qui veulent transmettre leur passion, leur métier, qui savent d'où ils viennent."

Ce dernier, responsable de la restauration à l’Apivia Parc, le centre d'entraînement du Stade rochelais, prend contact avec un jeune talonneur, Brendan Lebrun. Celui qui devait juste "donner un coup de main de temps en temps" finit par prendre goût à son rôle d'entraîneur et forme un staff avec Jean-Victor Goillot, demi de mêlée prometteur, et Jean-Michel Barbat, présent au club depuis quelques années. "Le rugby professionnel est mon métier, confie Lebrun qui a signé son premier contrat pro en 2020. Mais à côté Marsilly c'est le rugby cassoulet, les mecs sont attachants. C'est mon exutoire de la semaine." Rapidement, les deux amis découvrent un nouveau monde. Gestion d'un groupe, motivation d'adultes pour qui le rugby n'est pas une priorité, retour aux bases du jeu. "Quand je suis arrivé, je ne connaissais rien, j'avais 19 ans et je me suis dit que j'allais apporter ce que je connaissais modestement d'un club professionnel, raconte l'intéressé. J'avais tout faux. Et c'est quand on a compris avec Jean-Vi (Jean-Victor Goillot) qu’il fallait tout reprendre depuis le début, nous adapter au niveau, prendre les mecs un par un, que ça a commencé à marcher."

Une nouvelle recrue

Comme l'ensemble du sport français, la crise du coronavirus a empêché le MRC de terminer la saison et de jouer les phases finales territoriales. Un crève-coeur pour l'ensemble du club et notamment pour Jean-Victor Goillot, qui a signé son premier contrat professionnel à Béziers en Pro D2. "Je garderai toujours l'entraînement dans un coin de ma tête et je vais continuer à suivre les résultats avec attention, confie le demi de mêlée de 22 ans, potentielle révélation de la prochaine saison. J'ai envie de me concentrer à fond sur ce prochain défi et sur ma troisième année d'école de commerce, mais l'expérience à Marsilly m’a donné envie d'entraîner de nouveau, peut-être à la fin d’une éventuelle carrière."

Jean Voctor Goillot (La Rochelle)
Jean Voctor Goillot (La Rochelle)

Passage de flambeau oblige à l'occasion du pot de départ de Goillot, Brendan Lebrun annonce au groupe l'arrivée du prochain entraîneur des trois-quarts : Jules Favre, centre-ailier polyvalent du club maritime aux 29 matches en pro est la nouvelle coqueluche du Marsilly Rugby Club. "Brendan dans son rôle de manager devait trouver la "succession" (rires). On en avait déjà un peu parlé et c'est tombé à point nommé, explique Favre. Ça ne peut m'apporter que du positif, et déjà le fait de rencontrer les mecs, ça m'a donné l'impression de retourner dans mon club formateur au RC Morteau." Une sensation également partagée par Lebrun. "Franchement, ça nous permet de rester dans la réalité. Et de prendre conscience de la chance qu'on a de faire de notre passion un métier. À Marsilly, je fréquente des boulangers, des artisans, des mecs qui sont au chômage, des pères de famille etc. C’est enrichissant. Le rugby pro ce n'est pas vraiment la vie normale, on est dans notre bulle et il faut en être conscient."

Avec l'encouragement du Stade rochelais

"Le Stade est très enthousiaste et nous soutient complètement, poursuit le jeune talonneur. En plus, cette année on a beaucoup de chance, ils ont décidé d’intégrer pas mal de jeunes. On est d'ailleurs beaucoup à avoir signé un premier contrat professionnel. Jules (Favre), Thomas (Lavault), Rémi (Leroux) etc. On a eu du temps de jeu et on essaie de leur rendre le mieux possible." Des liens se sont créés entre le Stade Rochelais et le MRC et il n'est pas rare de voir des joueurs espoirs ou professionnels assister à une rencontre le dimanche après-midi. Cette saison, c'est même l'entraîneur des Espoirs de La Rochelle, Romain Carmignani, qui a participé à un entraînement avec le club amateur. Une réelle plus-value pour les joueurs. "C'est du bonheur d'être coaché par des mecs qui en font leur métier, confie Thomas Bouché, l'une des jeunes recrues de la saison dernière. Ça nous motive encore plus, et surtout ça nous a permis de progresser. En plus, ils nous transmettent cette rage de compétiteur."

Allier rugby professionnel et amateurisme est donc possible. Les exemples de Lebrun, Goillot et Favre en sont l'illustration même. "Nous partageons les mêmes valeurs et on a envie d'aller plus haut, jouer les premières places en Première Série tout en gardant ce côté familial si cher à notre club", complète Patrick Guisembert. Un président investi qui n’oublie pas de passer un dernier message. "D'ailleurs si certains sont intéressés, nous organisons prochainement une assemblée générale (la date sera communiquée sur la page Facebook du club, NDLR) pour présenter le club et la prochaine saison. Ici, on accueille tous les bons mecs." À bon entendeur.

Par Paul Arnould

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