Simon : "Plus de licenciés qu’avant le Covid !"

  • Serge Simon - FFR
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  • Le XV de France féminin célèbre un essai face à la Nouvelle-Zélande
    Le XV de France féminin célèbre un essai face à la Nouvelle-Zélande
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AMATEUR - Bonne nouvelle pour le rugby tricolore. En ce début d'année 2022, le vice-président de la FFR, Serge Simon, revendique une augmentation de six pour cent des joueurs de rugby français.

Que disent les premiers bilans des effectifs de la FFR ?

Le chiffre de base, c’est une augmentation d’environ 6 pour cent de nos licenciés. Nous sommes repassés au-dessus du total de 2018 et nous avons dépassé le cap des 237 000 pour nous situer à environ 244 000 joueuses et joueurs. J’insiste sur le fait que nous nous référons à la situation d’avant la crise du Covid, il ne s’agit donc pas d’un rattrapage après une année particulièrement creuse.

Cette augmentation, est-elle égale dans toutes les catégories ?

Non, il y a des disparités. Les effectifs augmentent aussi bien chez les hommes que chez les femmes mais l’augmentation est plus forte chez les femmes. Nous sommes passés de 20 000 à 26 000, soit une augmentation de 30 pour cent. Ensuite, nous sommes en hausse dans la plupart des catégories avecune zone de fragilité chez les garçons entre 14 et 19 ans. Là, les effectifs sont en baisse. Mais il faut bien comprendre ce qu’il se passe. Ca ne veut pas dire que les jeunes de cette catégories sont partis, il s’agit d’un effet cohorte. Il s’agit d’une génération qui vieillit, et qui passe d’une catgéorie à une autre. Mais attention, cet effet cohorte peut aussi avoir un effet positif. Par exemple, nous sommes a plus de 120 pour cent dans le Baby Rugby, plus de 20 pour cent dans les moins de huit ans, plus de 10 pour cent chez les moins de 10 ans. Cette vague va monter petit à petit, et elle va réalimenter dans sept ou huit ans le nombre de nos ados.

On vous suit…

Oui, il faut prendre les chiffres avec précaution. Il faut les lire avec subtilité. J’entends dire assez souvent : les adolescents s’en vont. Je dis non ! C’est un "effet cohorte".

Cette augmentation des effectifs, est-elle le fruit d’une action en particulier ?

Selon moi, c’est le fruit de la formidable capacité de résilience de nos dirigeants et de leur ingéniosité pour traverser la crise du covid. Nous avons réussi à maintenir nos clubs ouverts avec une pratique limitée certes, mais malgré tout, on a réussi à garder une animation dans les clubs. On continue aujourd’hui en maitenant les compétitions alors que la situation est compliquée. Oui, ça on a su le faire, que parce que nos dirigeants ont suivi. L’écosystème de notre rugby français a continué à mener la barque. C’est ce qui a fait la différence avec d’autres fédérations, qui finalement ont fermé.

Derrière cette augmentation, n'y a- t-il pas une captation des joueurs corporatifs ou des scolaires non comptabilisés par la FFR auparavant ?

Non, pas du tout.

On a connu une baisse des licenciés ces dernières années. Mais on se souvient que vous avez expliqué que le pouvoir précédent gonflait les statistiques….

Oui, à un moment donné, nous avons décidé d’exclure ce qu’on appelait les "pass rugby". La FFR donnait ce document à des jeunes qui arrivaient quelque part pour découvrir le rugby dans un salon, dans une foire. Elle comptabilisait ces pass rugby, même s’ils concernaient des gens qui n’avaient fait qu’une heure de rugby dans leur vie. En les supprimant, nous avons perdu un certain nombre de licenciés, peut-être 20 000. Mais nous, nous ne prenons en compte dans nos statistiques que les licenciés FFR à l’année et qui sont forcément affiliés à un club.

Pensez-vous avoir surmonté l’image parfois négative du rugby moderne ? Un sport qui plait quand on le regarde à la télévision, mais qui est effrayant quand il faut le pratiquer ?

C’est une vraie question qui a traversé et nourri une certaine culture. Mais il y aujourd’hui une certaine distance qui est prise. Grâce à un certain travail de pédagogie, le regard sur l’accidentologie n’est peut-être plus le même. Une certaine vision effrayante a peut-être diminué, elle était associée à l’intensité du Top 14 et à des accidents tragiques, qui sont en très nette diminution. Notre accidentologie est moins importante que celle de l’équitation et de la gymnastique. Mais je reconnais que la représentation de notre sport s’était durcie, beaucoup de gens étaient rebutés. Mais je pense qu’aujourd’hui les choses se sont apaisées. Nous avons travaillé, et une certaine raison a prévalu. Les gens se sont rendu compte que le Top 14 s’adressait à des joueurs préparés à ça et que ce jeu n’était pas celui des écoles de rugby.

Voyez-vous d’autres raisons, plus positives, à la hausse des licenciés ?

Oui, l’image actuelle du XV de France, masculin et féminin. Elle porte un message très positif. Il dépasse les questions négatives que nous évoquions à l’instant. Je sens que les gens sentent, reconnaissent, imaginent que le rugby est bon pour les personnes. Cette opinion s’est forgée à travers les performances de nos équipes nationales. La victoire est là, la manière est là. Tout ça est très positif et ça nous ramène à la conception du rugby que nous ont transmise les Anglais : un sport fait pour éduquer et faire des citoyens.

Le XV de France féminin célèbre un essai face à la Nouvelle-Zélande
Le XV de France féminin célèbre un essai face à la Nouvelle-Zélande

On évoque souvent la question du rugby scolaire pour stimuler la masse des pratiquants. N’est-ce pas un serpent de mer ? Peut-on encore faire des choses dans ce domaine ?

On peut faire encore quelquechose. Mais je le reconnais, le rugby n’est pas un sport de préau et nos écoles ne sont pas équipées de terrain comme en Grande-Bretagne ou en Nouvelle-Zélande. Mais aujourd’hui avec la convention qu’on a signée avec Jean-Michel Blanquer, le rugby revient quand-même à l’école. L’idée des ballons en mousse, c’est une initiative géniale, elle vient du terrain en plus. Cette idée de donner à chaque licencié un tel objet pour qu’il l’amène à l’école est très importante. Elle permet au rugby de faire son retour dans le milieu scolaire et de le recoloniser. Quel autre objet porte davantage la culture de notre sport ? Un ballon de rugby, ça se reconnaît tout de suite. Je crois qu’il incarne le premier pas d’une nouvelle aventure.

On vous sent finalement très optimiste…

Oui, nous sommes à moins de deux ans de la Coupe du Monde. Vous imaginez, nous sommes déjà à la hausse et nous allons connaître l’effet Coupe du Monde. Si on se base sur le précédent de 2007, on l’estime à 30 pour cent. Mais pour tout ça, je dis merci à tout notre écosystème, à nos dirigeants, mais aussi à nos arbitres, à ceux qui officient en dessous de l'Élite. J’ai assisté à un match de Fédérale 2 récemment et j’ai vu un arbitre qui s’occupait de tout, tout seul, alors que le standard d’exigence que les spectateurs et les joueurs ont à l’esprit, c’est l’arbitrage du Top 14 qui se fait à six ou sept avec des ralentis à sa disposition. Cet arbitre a mené le match de bout en bout sans aucun incident. Pour moi, nos arbitres sont le symbole de cette foi extraordinaire en notre sport. Ce sont eux qui nous permettent d’accueillir nos licenciés et de les faire jouer. Sans ces agents qui sont sur le terrain, les décisions prises d’en haut ne pourraient pas être validées.

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