Capuozzo : "Même dans mes plus beaux rêves, je n’aurais pas imaginé une situation pareille"

  • 6 Nations - Ange Capuozzo (Italie) face à l'Ecosse
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  • 6 Nations - Ange Capuozzo (Italie) a marqué un doublé face à l'Écosse
    6 Nations - Ange Capuozzo (Italie) a marqué un doublé face à l'Écosse
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2022 - Malgré la défaite contre l'Écosse à Rome (22-33) l'Italie peut tirer du positif de cette rencontre de la quatrième journée du Tournoi des 6 Nations. Parmi les satisfactions italiennes, l'arrière grenoblois Ange Capuozzo a réalisé une grande performance. Alors qu'il fêtait sa première sélection ce samedi, le franco-italien a inscrit un doublé. Il raconte.

Dans quel état d’esprit êtes-vous après la courte défaite de l’Italie contre l’Écosse ?

La défaite laisse un goût amer mais on a quand même la satisfaction d’avoir fait un gros match. Pendant longtemps, on a cru que la victoire était possible. Mis à part ces vingt premières minutes en seconde période où on prend l’eau, dans la globalité de la partie c’est un bon match. Il y a la satisfaction d’avoir fait cette performance collective et individuelle. Ça fait du bien.

L’Italie a plutôt pour habitude de tenir une majeure partie de match avant de craquer. Vous avez fait le contraire contre l’Écosse ?

En fait, on sort du match petit à petit sur des erreurs. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. On se rend compte qu’on a peut-être fait du jeu restrictif. On a réussi à trouver des solutions en jouant un jeu débridé, donc ça veut dire qu’on peut en trouver par le jeu et pas seulement en fermant les parties. On a de vraies capacités physiques et techniques pour pouvoir rivaliser avec des équipes du Tournoi. Même si c’est vrai qu’on est réputé pour lâcher un peu en fin de match, sur celui-là on n’a pas cédé au "on a perdu". Alors oui, le score était fait à la 60e, mais on n’a pas arrêté notre stratégie. On a continué d’y croire dans le calme, jusqu’au bout. Je pense que psychologiquement, on a passé un cap.

Victoire des Écossais en Italie malgré un joli visage de la Squadra et un doublé de Capuozzo !

Le film du match > https://t.co/gd8DKkLzuv#ITAvSCO pic.twitter.com/naRCrWDg3o

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) March 12, 2022

En première période, l’Italie a souffert d’un gros manque de réalisme ?

C’est le regret qu’on peut avoir sur la première période. Je n’ai pas encore regardé les statistiques, mais on a énormément de possession dans leur camp. On arrive à enchaîner les phases de jeu, à les mettre en difficulté mais c’est plombé par deux ou trois faits de jeu, sur des interceptions et des contre-attaques. Les Écossais ont tellement été réalistes de leur côté que qu’on peut regretter de ne pas avoir mis au moins trois points à chaque fois qu’on est rentré dans leur camp. Je pense qu’on n’aurait pas entamé la seconde période de la même manière.

Personnellement, vous avez vécu samedi votre première sélection. Comment vous êtes vous préparés ?

C’est toujours une surprise quand c’est la première fois. J’attendais impatiemment de pouvoir être sur la feuille. Mais il y a le respect pour l’équipe nationale et même si on fait tout pour être aligné, on respecte quand on n’est pas sur la feuille et on aide les autres. Maintenant, c’est vrai que quand je l’ai su, c’était un bonheur indescriptible. Un gros trac aussi, parce que ce pourquoi on a tout donné depuis des années arrive enfin. C’est l’heure quoi ! Ça a été une semaine très longue, dans tous les sens du terme, mais ça en valait le coup.

Le Fratelli d’Italia avait une saveur particulière ?

Oui une saveur particulière. Et puis, comme je l’ai dit à ma famille : de vivre ce moment-là en Italie à Rome, avec ce public, dans ce stade mythique chargé d’histoire, et devant ma famille française et italienne, c’était juste exceptionnel. De pouvoir chanter l’hymne face à eux c’était fabuleux.

6 Nations - Ange Capuozzo (Italie) a marqué un doublé face à l'Écosse
6 Nations - Ange Capuozzo (Italie) a marqué un doublé face à l'Écosse

Au départ, votre entrée en jeu est plutôt compliquée…

J’avoue que tout n’a pas été parfait sur mes premières minutes. J’ai fait des erreurs. J’avoue avoir regardé un peu tout le monde et avoir été un peu spectateur de la partie. C’est juste sur ce moment-là où j’étais un peu absent. Psychologiquement, j’étais ailleurs. Et finalement, c’est une réception de chandelle qui me remet dedans. J’arrive à capter un bon ballon en l’air, et à partir de ce moment-là, j’ai senti que j’étais entré dans mon match.

Vous rentrez tôt dans le match, dès la 46e minute. Vous vous y attendiez ?

Non ! Je ne sais pas si c’était prévu mais je ne le savais pas. Après, Pierre Bruno, que je remplace, était touché physiquement à la pause. Je pense que ça a un peu anticipé les choses. Mais je suis très content parce que ça m’a permis d’avoir des minutes et de réellement jouer ce match. De pouvoir jouer 35 minutes un match comme ça, c’est juste énorme.

Forcément, il y a ce doublé qui change la face du match. Racontez-nous !

C’est indescriptible. Je ne sais pas encore si je m’en rends vraiment compte, je suis encore sur un nuage. Je remercie aussi mes coéquipiers parce qu’ils ont bien fêté ça avec moi quand j’ai marqué. C’était important aussi d’avoir leur soutien et d’être vraiment intégré à cette équipe. Ce sont des moments exceptionnels. Même dans mes plus beaux rêves, je n’aurais pas imaginé une situation pareille. Là, je parle vraiment en tant que passionné et pas en tant que joueur : c’est le rêve. Je peux presque arrêter là tellement c’est beau (rires). Ça donne envie d’y retourner.

Sur le premier essai, il a en plus ce crochet intérieur qui met sur les fesses Stuart Hogg…

J’ai revu l’action, forcément, vu que j’ai eu pas mal de messages sur les réseaux. C’est sûr que ce genre de petits détails est trop bien, mais c’est juste de l’ego. Ça aurait pu être n’importe qui tant que je marque… Ça aurait pu être deux essais en bout de ligne, c’était bien aussi. Sur cette action, il n’y avait pas d’autre choix que de revenir à l’intérieur donc ça m’a réussi et je suis content.

Avez-vous eu l’impression d’amener cette folie qui manquait aux Italiens et surtout du réalisme ?

Je pense que c’est souvent comme ça dans la plupart des équipes. On a forcément besoin des qualités de tout le monde. Aujourd’hui, je suis très lucide sur mes qualités et mes défauts. Le but en entrant, c’était d’apporter à 150% mes qualités. Donc de porter le ballon, d’éliminer les adversaires et mettre l’équipe dans l’avancée. C’était une mission importante pour moi. Alors, certes, il y a aussi des actions défensives, de jeu au pied, de ballons aériens, mais le plus important, c’était de faire avancer l’équipe et d’amener un supplément d’énergie.

Ange Capuozzo qui pose Stuart Hogg et inscrit un essai pour sa première, ça fait plaisir tiens !#ITAECO

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) March 12, 2022

Était-ce rassurant pour vous, qui n’avez connu que la Pro D2, de voir que vous pouviez performer au niveau international ?

C’était ma principale interrogation durant la semaine. C’est une inconnue, on ne sait pas à quoi s’attendre finalement. J’ai quand même vécu quelques matchs de très haute intensité en Pro D2. Je me souviens d’un match à Perpignan, qui avait vraiment tapé, où il y avait eu une intensité folle et un rythme élevé. Mais mis à part ces matchs-là, c’est vrai que je n’avais pas les sensations du niveau du dessus, que ce soit le Top 14 ou le niveau international. Il y a toujours le risque de se dire "je ne serai peut-être pas au niveau et il faudra l’accepter". Je suis très content d’avoir eu au moins le niveau et maintenant tout le chemin reste à faire. Je pense même que je me suis mis en difficulté parce que maintenant on va m’attendre au tournant.

Avez-vous la sensation d’être le chouchou des Français en Italie ?

Je le ressens déjà beaucoup à Grenoble, où les personnes d’origine italienne m’envoient beaucoup de messages pour dire qu’ils sont fiers de voir un Grenoblois représenter l’Italie. Pour l’instant, je ne le ressens pas à grande échelle mais oui, je vois qu’il y a énormément de gens qui sont fiers. Juste déjà ma famille et la génération de mes grands-parents qui sont Italiens et qui sont venus vivre en France.

Il y a un an, la sélection était un objectif et maintenant, vous êtes en une des médias italiens. C’est une consécration ?

Il a deux choses à la fois. C’est effectivement un accomplissement parce que quand on est passionné et que ça nous arrive, c’est fabuleux. On a toujours l’impression de regarder les belles histoires qui arrivent aux autres et quand la belle histoire nous arrive, il faut aussi avoir s’en rendre compte. En plus de ça, je pars du principe aussi que c’est le commencement de quelque chose de nouveau. Les prochains jours, je vais profiter mais après, il va vite falloir basculer. L’objectif quand on est compétiteur, c’est de continuer comme ça et j’espère que je vais pouvoir jouer contre le pays de Galles et que je vais pouvoir apporter un maximum à l’équipe.

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