Baky écrit : le club des chelemards

Par Rugbyrama
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BAKY ÉCRIT - Retiré des terrains depuis l'été 2021, Bakary Meité profite de sa liberté retrouvée pour poser un regard libre, décalé et forcément engagé sur l’actualité du rugby, des belles histoires du monde amateur aux exigences du secteur professionnel. Ce mercredi, comment ne pas revenir sur le grand chelem remporté par les Bleus...

Nos quatre comparses sont attablés au Sous-bock. Établissement parisien bien connu des amateurs de rugby. Il paraît que son magret y est délicieux. Impossible pour moi de confirmer. Conversation de chelemards.

Fabien P. prend la parole :

Bon ! Félicitations Antoine ! Ce que vous avez fait, c'est juste énorme.

Et Fabien G. d’enchaîner :

En plus face aux Anglais pour le Crunch. T’as vu comment je l’ai mouché à Eddie Jones, Titi ?

Thierry D. acquiesce d’un signe de tête.

Antoine D. est tout sourire. On sent malgré tout une certaine fatigue poindre derrière ses pommettes. Les yeux sont plus plissés que d’accoutumé.

- Oui merci. C’était fort en émotion. Voir le Stade de France comme ça c’était…

- D’ailleurs t’as lâché ta larmichette, sourit Fabien P.

- Ouais, j’ai pas pu contrôler.

- Laisse-le tranquille, Fabien, intime Fabien G. à son homonyme.

- Célébrez-le ce grand chelem, abonde Thierry D. Fêtez le ! Profitez-en !

- Merci Thierry, répond Antoine D.

Les regards complices que s’échangent Antoine D. et Thierry D. dans un silence empreint de respect en disent long sur les deux hommes.

De l’autre côté de la table. Fabien G. montre des vidéos Tiktok à Fabien P.

- Mais qu’est-ce qu’il t’a pris ?, demande hilare le grand Fabien.

- Écoute, il faut vivre avec son temps !, répond le petit Fabien.

Les discussions vont bon train quand soudain, Jean-Pierre R. fait son entrée dans le restaurant. Le silence ne s’interrompt que par les pas de Casque d’or, qui font craquer le vieux parquet.

- C’est ici la réunion ?, demande-t-il malicieusement.

- Allez viens !, lui ordonne le Fabien à lunettes.

Thierry D. glisse sur la banquette pour offrir une place à Jean-Pierre.

Le vin est apprécié à sa juste valeur et délie les langues.

Les anecdotes fusent.

Le club des cinq, dont le palmarès cumulé est aussi long qu’un jour sans pain, se remémore les souvenirs de leur(s) grand(s) chelem(s) respectifs.

Jean-Pierre R. raconte qu’Alain Paco se tordait de douleur la veille du dernier match face à l’Irlande, mais qu’il était bel et bien là le lendemain.

- On avait pas pris un seul essai !

Fabien le Toulousain raconte les misères que Brian O’Driscoll leur a fait pendant des années.

- Première fois que je joue contre lui, personne ne le connaissait. Il nous en a collés 3 !! On ne l’a pas touché de l’après-midi.

- Alors que moi j’ai fini meilleur joueur du monde devant lui quand même !, enchaîne Fabien le Cadurcien.

Jean-Pierre R. lève les yeux au ciel avant d’ajouter :

- Je ne comprendrai jamais ces distinctions individuelles dans notre sport.

Thierry D et Antoine D. tous deux auréolés, regardent leurs chaussures.

- Attendez les gars, c’est largement mérité hein, je dis pas !

- Et toi Thierry, ton anecdote sur le Tournoi ?

- Pas d’anecdote. Juste l’ambiance qu’il y avait au Stade de France. Raconte-nous Antoine. Samedi ça devait être quelque chose.

- Ben oui, il en a pleuré !

Arrête Fabien !, intervient cette fois Jean-Pierre R.

Et Thierry D. de refiler la patate chaude à Antoine D.

- C’était incroyable. Le bruit assourdissant au coup de sifflet final, j’en revenais pas. Ce stade est souvent décrié. Je peux vous dire que là c’était la folie.

- C’est vrai, en descendant des tribunes j’ai ressenti un truc indescriptible, surenchérit Fabien G.

- J’espère que tu as profité du momentum, lâche goguenard Fabien P.

- Du quoi ?, demande Jean-Pierre.

- Laisse tomber Jean-Pierre, se désole Thierry D. dans un sourire…

Les compagnons poussent la discussion jusque tard dans la nuit. Mais avant de se quitter, tous font part de leurs vœux à Antoine D. le dernier membre à avoir rejoint le club : ils veulent qu’ils quittent le club par la grande porte en 2023 et qu’il soit le fondateur d’un nouveau club ; celui des capitaines français champions du monde…

  • Hommage

Federico Martin Aramburu a tragiquement quitté ce monde. Son acte de bravoure pour défendre quelqu’un qu’il ne connaissait pas lui a coûté la vie. Il a prouvé une fois de plus sa valeur. Et son assassin présumé devra répondre de ses actes et être puni le plus sévèrement qui soit.

J’ai une pensée ici pour sa famille, ses proches et tous ses anciens coéquipiers.

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