Interview de légendes - Pelous : "À Wembley contre les Gallois, c'était l'apothéose" en 1998

  • Fabien Pelous - ITV de légendes
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  • Fabien Pelous - Grand chelem 1998
    Fabien Pelous - Grand chelem 1998
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2022 - En 1998, le XV de France était la première équipe à réaliser un deuxième grand chelem d'affilée. Un sacre acté sur la pelouse du mythique stade de Wembley, au terme d'un récital offensif contre le Pays de Galles (51-0). L'ancien deuxième ligne Fabien Pelous, joueur le plus capé de l'histoire des Bleus avec 118 sélections, revient pour nous sur ce titre.

En repensant à 1998, avec le XV de France qui fut la première équipe à réaliser deux grands chelems d'affilée, quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit ?

C'est l'avènement de notre génération. On avait déjà réalisé le grand chelem en 1997 mais c'était arrivé comme un cheveu sur la soupe, avec une équipe un peu différente. On ne s'y attendait pas. Alors qu'en 98, on s'y attendait davantage. On avait changé de génération puisque la précédente s'était arrêtée au Parc des Princes, lors de la fameuse défaite contre l'Afrique du Sud.

C'était en novembre 1997 et la lourdeur du score (10-52) avait forcément marqué les esprits...

Oui. On repartait avec cette nouvelle génération qui allait jusqu'à la Coupe du monde 1999, et qui a perduré encore un peu après. Finalement, elle a été performante tout de suite. Le tournant, cela a vraiment été ce match contre les Springboks au mois de novembre précédent. Finalement, les glorieux de la Coupe du monde 95 sont partis (dernière sélection de Saint-André, Merle, Cabannes ou Lacroix, NDLR). Le mouvement avait été initié mais cette rencontre a cristallisé la fin de cette belle génération, qui avait réalisé de belles choses.

Sentiez-vous un esprit revanchard après cette grosse déconvenue de novembre 97 ?

Disons que nous étions davantage dans un esprit de construction avec une génération qui s'installait et avait une histoire à écrire, un peu comme celle actuelle d'ailleurs.

Vous aviez démarré ce Tournoi par un succès difficile contre l'Angleterre (24-17) à domicile. Quel souvenir en gardez-vous ?

Un match difficile oui, mais je n'ai pas beaucoup de souvenirs de cette rencontre-là. Est-ce que ce n'était pas le premier match au Stade de France ? Oui, c'est bien ça, donc c'était marquant. On avait quand même effectué une belle prestation. Et je me rappelle de "Carbo" (Philippe Carbonneau, NDLR) qui nous avait sauvé en fin de match sur un plaquage énorme sur l'ailier anglais ! Mais bon, c'est loin tout ça. Même si je me souviens très bien du rendez-vous à Wembley pour la clôture du Tournoi...

C'était face au Pays de Galles, pour une victoire historique (51-0) qui vous avait offert le grand chelem...

C'était l'apothéose, contre une équipe galloise un peu moribonde. C'était vraiment marquant, en termes d'émotion bien sûr car c'était un deuxième grand chelem dans ce contexte d'une génération qui construisait son histoire. Et ça l'était en termes de jeu et de création sur le terrain parce qu'on avait marqué plus de cinquante points, que notre rugby avait été très abouti. Oui, c'était vraiment une apothéose.

Fabien Pelous - Grand chelem 1998
Fabien Pelous - Grand chelem 1998

Ce succès reste-t-il un de vos plus beaux moments internationaux ?

Oui. Pas tellement sur le plan sportif parce que ce n'était pas la plus grande équipe du Pays de Galles que nous avions affrontée. Mais, en termes d'événements, cela fait évidemment partie des grands souvenirs. D'autant que c'était à Wembley quand même, un stade mythique. Cela n'avait rien d'anodin et changeait de notre quotidien.

Sur ce match, Pierre Villepreux disait que "les joueurs savaient qu'ils avaient une liberté totale sur le rugby"...

Oui, il y avait une forme de liberté et d'insouciance. Elle était due à notre jeunesse notamment. Nous mettions beaucoup d'enthousiasme dans tout ce que nous faisions. Quand ça voulait marcher, cette équipe était parfois irrésistible, aussi parce qu'elle comportait quelques joueurs exceptionnels. Je me rappelle de Thomas Castaignède qui, contre le Pays de Galles, avait réalisé un match incroyable. Il avait Neil Jenkins en face de lui et il l'avait atomisé. Il était passé à droite, à gauche, il lui avait fait de tout ! Puis, sur l'état d'esprit, rien ne pouvait nous arrêter. En tout cas, pas cette équipe galloise.

La fête avait-elle été belle pour célébrer ce grand chelem ?

Oui, c'était pas mal. Mais, à l'époque, il y avait souvent de jolies fêtes après, qu'on gagne ou qu'on perde (rires). C'était un peu la raison d'être du rugby.

Ce Tournoi 1998 avait-il été le terreau de la Coupe du monde 1999, compétition durant laquelle vous aviez atteint la finale ?

Absolument. Le fait de réaliser ce grand chelem nous a permis de nous dire : "Il y a quand même beaucoup de qualités dans ce groupe. Nous avons été capables de rafler deux grands chelems d'affilée, de faire de grands matchs. On ne doit pas être trop mauvais." Même si on avait également quelques gros trous d'air, comme le match contre l'Afrique du Sud en novembre 1997 ou la tournée d'été décevante en 1999 (défaites contre le Tonga et la Nouvelle-Zélande, NDLR). Même le Tournoi 99 n'avait pas été très abouti. Mais, au moins, on se savait capables de grandes choses. Surtout, cette équipe avait foi en elle, en notre génération. Sur le terrain, ce n'étaient pas juste des partenaires de sélection. C'étaient vraiment des copains. Nous étions arrivés là en même temps et il y avait une vraie relation d'amitié forte entre nous.

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