Galthié : "Attendez-vous à une équipe qui ne lâche rien"

  • XV de France - Fabien Galthié lors d'un match des Bleus contre le XV de France Militaire
    XV de France - Fabien Galthié lors d'un match des Bleus contre le XV de France Militaire
  • XV DE FRANCE - Cameron Woki et Cyril Cazeaux avec les Bleus à Nice
    XV DE FRANCE - Cameron Woki et Cyril Cazeaux avec les Bleus à Nice
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2020 - C’est à 14 heures pétantes, dans le cadre dépaysant d’un barnum du stade des Arboras de Nice, que le nouveau sélectionneur Fabien Galthié a livré sa première composition d’équipe pour affronter les Anglais. Bien conscient que cette dernière ne part pas en promenade...

Le premier constat, au vu de votre composition d’équipe, est que vous n’avez pas cherché à cacher vos intentions lors des entraînements ouverts. Signe que vous n’aviez pas de temps à perdre ?

On avait en tout cinq entraînements identifiés, donc il fallait aller vite chercher des automatismes et répéter nos circuits offensifs et défensifs. Alors effectivement, on a très vite travaillé sur un squelette d’équipe, puis effectué des ajustements et prévu d’autres options en fonction de ce qu’on a pu analyser par les images, mais aussi grâce à la base des données statistiques récoltées par l’équipe de Nicolas Buffat.

Anthony Bouthier fêtera sa première sélection à l’arrière, dans un contexte très compliqué. Qu’est-ce qui vous a poussé à le préférer à ses concurrents ?

Ce qui nous a poussé à le prendre, d’abord, c’est ses performances en club, qui sont régulières et de haut niveau avec Montpellier. Il a été plusieurs fois été placé dans des positions compliquées, et à chaque fois il a su apporter des solutions, même en passant à l’ouverture à la place de Cruden. Ce sont des gages que nous a apportés Xavier Garbajosa. Les entraînements qu’il a produits avec nous ont confirmé ce potentiel. Alors, comme à n’importe quel joueur, on lui a donné notre organisation, des consignes, et après à lui de jouer. Pour l’instant, il répond positivement à toutes les situations qu’il a à gérer.

Vous avez aussi fait le choix de confirmer la charnière Dupont-Ntamack...

Parce que c’était la charnière de la Coupe du monde. Au Japon, cet axe 9-10 (et ême au-delà, si on veut aller jusqu’à la paire de centres et Damian Penaud) ont donné entière satisfaction vu le contexte compliqué. Il faut tout de même un peu de continuité dans la construction de cette équipe, surtout lorsqu’on est pressé par le temps.

Avec Haouas et Bouthier, ce sont deux joueurs au parcours peu ordinaire qui affronteront l’Angleterre. Les pensez-vous prêts à affronter ce genre de contexte ?

Ce sont deux joueurs qui ont un parcours qui sort de l’ordinaire, en effet, ce prouve qu’en sport comme dans la vie tout est possible. Il y a parmi nous des joueurs au cursus "classique", d’autres qui émergent sur le tard avec des parcours plus complexes. Mais ceux-ci ont été retenus parce qu’ils performent en club et avec nous, donc il n’y a pas de raison qu’ils soient traités différemment des autres.

On ne peut pas nous empêcher d’être ambitieux, et on le sera, en toute humilité

Au sujet de Haouas, son manque d’expérience au poste de pilier droit est-il un risque ?

Quoi qu’il arrive, on n’a pas de certitude à ce niveau-là. On hésitait entre deux joueurs qui ont peu d’expérience, et la réponse, on ne l’aura que dimanche. Momo performe en club depuis deux ans, il est sur une trajectoire étonnante après avoir découvert ce sport à l’âge de 15 ans grâce au Conseil Général de l’Hérault. Lorsqu’on l’a rencontré, il nous a expliqué qu’il avait rencontré le rugby comme ça. Après, il a trouvé quelqu’un pour l’amener à l’école de rugby de Montpellier, et il a démarré son parcours... Ce qu’on lui propose aujourd’hui, c’est un challenge encore plus difficile. On passe dans une autre dimension que le Top 14, où il s’agit pour lui comme pour tout le monde d’aller toucher ses limites. On va voir comment ça va se passer.

À titre personnel, il s’agira enfin de votre grande première comme sélectionneur. Comment vous sentez-vous ?

Dimanche, une grande journée nous attend, on s’y prépare depuis un certain temps. Toute la journée s’annonce d’un niveau émotionnel énorme, une terrible intensité. On ne peut pas nous empêcher d’être ambitieux, et on le sera, en toute humilité. En attendant, je suis… habité. Dans le partage, dans l’énergie. Sentir, ressentir l’énergie des uns et des autres. Par expérience, on sait qu’au niveau international, il faut profiter de chaque instant qu’on passe ensemble, de la remise de maillot qui s’annonce intense, tout comme l’a été ce matin l’annonce de la composition d’équipe aux joueurs.

Vous avez forcément entendu la petite phrase d’Eddie Jones, qui a promis aux Bleus "un niveau de violence auquel ils n’ont jamais été confronté"...

C’est une promesse, et ils vont la tenir. Comme l’a dit Raphaël, ça fait maintenant 30 ans qu’on vit avec ces petites phrases. À nous de les entendre et d’en faire bon usage. (sourire) Sérieusement, on redoute tout ce que les Anglais sont capables de proposer. Ils ont déjà réalisé des démonstrations de force, de vitesse, d’alternance, de pragmatisme. Il est évident que dans leur stratégie, leur jeu au pied pèse énormément. Mais on l’a identifié, et nous aurons un plan pour y répondre. Après, on verra bien… Comme disait Churchill, qui était Anglais, "c’est parce qu’on avait un plan que ça n’a pas marché".

Le défi pour votre pack, en souffrance ces dernières saisons, semble en tout cas immense...

C’en est un essentiel, depuis que le rugby existe. La conquête, les phases de combat organisées sont fondamentaux. On veut redevenir une conquête dominante. C’est clairement une ambition qui est partagée dans le staff et par les joueurs. Nous voulons être féroces, mettre un maximum d’agressivité dans tout ce qu’on fait.

XV DE FRANCE - Cameron Woki et Cyril Cazeaux avec les Bleus à Nice
XV DE FRANCE - Cameron Woki et Cyril Cazeaux avec les Bleus à Nice

Vous avez sélectionné sur le banc des joueurs qui n’étaient pas nécessairement attendus comme Boris Palu, Cameron Woki ou Vincent Rattez, que vous avez catalogué de "finisseurs" plutôt que remplaçants. Peut-on conclure que ces joueurs-là ont gagné leur place pendant les entraînements ?

Ils sont là parce qu’ils ont d’abord été performants avant, dans leur club. Ensuite, c’est un mélange... Pour être finisseur, il faut avoir été très performant avant, et pendant... Ces semaines d’entraînement, on les veut intenses parce qu’on veut voir comment les joueurs réagissent lorsqu’ils sont confrontés à leurs fragilités, à la très forte intensité. Et une fois qu’on a vu comment ils se comportent dans cet écosystème, on cherche à retenir les joueurs qui nous ont semblé performants dans ces moments-là, en effet.

Cette paire de deuxième ligne d’origine sud-africaine, c’est un message adressé aux Anglais en souvenir de la finale de Coupe du monde ?

(il se marre) On a pensé à ce qui pouvait être le plus complémentaire et le plus efficient à l’instant T. Les équilibres, les forces, la répartition des points forts. Il y a le match qui se commence et celui qui se termine. On a deux joueurs d’origine sud-africaine, en effet. Mais on peut aussi considérer que nous avons aligné à droite deux joueurs qui poussent ensemble à Montpellier, et à gauche deux joueurs qui poussent ensemble à Toulouse, plus une troisième ligne qui a été performante ici-même à Nice contre l’Écosse.

En politique comme en sport, on parle souvent des "cent premiers jours" qui se termineront bientôt pour vous. En êtes-vous satisfait ?

On fait ce qu’on peut de mieux, on essaie de mettre toutes les chances de notre côté. C’est en tout cas souvent ces phrases qui clôturent nos séances de travail. Alors, attendez-vous de notre part à une présence, un engagement optimal, des joueurs qui vont joueur avec passion et repousser leurs limites. Attendez-vous à un paquet d’avants qui va tout donner, à des phases de combat qui seront défendues de manière féroce, attendez-vous à une équipe qui ne lâche rien. Durant ces deux semaines de stage, on a vu des attitudes optimales, des entraînements d’une grande qualité. On n’attend pas plus. Là-dessus, on peut construire. La base est là, j’en suis convaincu, comme je suis convaincu que vous pouvez vous attendre à la voir dimanche.

Vous aviez préparé la Coupe du monde à Nice pour vous habituer à la chaleur japonaise. Cette fois-ci, il ne semble pas que le climat niçois ressemble beaucoup à celui que vous rencontrerez dimanche à Saint-Denis...

La météo s’annonce pluvieuse, c’est ça ? (rires) C’est vrai qu’on s’est entraîné dans des conditions qui n’étaient pas optimales par rapport à la pluie. Mais dans notre organisation, on a prévu ça. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on jouera avec ces conditions, et non contre...

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