Poirot : "Ce serait tellement prétentieux de dire qu’on va en Irlande pour faire un coup"

  • XV de France - Jefferson Poirot contre l'Afrique du Sud
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  • 6 Nations 2019 - Jefferson Poirot (France) contre l'Angleterre
    6 Nations 2019 - Jefferson Poirot (France) contre l'Angleterre
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2019 - L’équipe de France va tenter de confirmer ce dimanche en Irlande le mieux entrevu contre l’Écosse. Le pilier bordelais Jefferson Poirot réalise toutefois la dure mission qui attend les Bleus face à la deuxième nation mondiale.

Rugbyrama : Vous faîtes partie de ceux qui ont déjà battu l’Irlande (10-9 en 2016)…

Jefferson Poirot : Oui et le souvenir que j’en garde est de la joie car cela faisait un moment que la France n’avait pas battu cette équipe. Je me souviens d’un dur combat et quand je suis sorti de ce match, comme à chaque fois contre eux ensuite, j’avais l’impression d’être passé dans une machine à laver. C’était ma deuxième sélection et j’étais plié en huit.

Mesurez-vous aujourd’hui l’importance du drop de Jonathan Sexton l’an dernier (13-15) dans la construction du groupe France ?

J.P. : C’est sûr que vu toutes les fins malheureuses que nous avons connues ensuite, je me dis que l’histoire aurait pu être différente si ce drop n’était pas passé. Cela a été un moment horrible car on avait fait preuve d’une grande solidarité, on avait été dominé et la victoire de l’Irlande n’était pas un scandale mais à quatre minutes près, on l’avait ! Il y a eu forcément beaucoup de regrets et des mauvaises nuits après ça. On peut aussi se raccrocher à des choses comme le fait qu’on n’était vraiment pas loin. Un drop, c’est du détail.

L’Irlande a subi un échec à domicile contre l’Angleterre (20-32). Est-elle moins souveraine que les années précédentes ?

J.P. : Je n’ai pas l’impression qu’elle soit moins bien. Je crois surtout que ce sont les Anglais qui sont beaucoup mieux cette année. L’Irlande a eu un accroc chez elle contre l’Angleterre, c’est vrai, mais elle a aussi été capable de gagner à Murrayfield (13-22, ndlr), ce qui est très dur depuis quelques années. Elle reste pour moi la meilleure nation européenne et il faut la prendre très au sérieux.

Le moindre oubli sur notre ligne de défense se paiera cash

La bataille des rucks sera-t-elle l’enjeu le plus stratégique face aux maîtres en la matière ?

J.P. : Ce sera forcément la clé du match. Ils vont essayer de ralentir nos sorties de balle donc ce sera prépondérant pour nous. À l’inverse, si on peut les embêter, les contrarier dans ce domaine, on essaiera de le faire. On a bossé en ce sens cette semaine. Le but est d’avoir des rucks rapides pour la fluidité du jeu.

Avez-vous élaboré un plan anti Murray-Sexton ?

J.P. : C’est très compliqué de le faire car ce qu’ils font est proche de la perfection. Les mouvements sont fluides et rapides. Quand on regarde l’Irlande jouer, on voit qu’ils font très souvent pas mal de choses mais ça passe tout le temps. Il y a par ailleurs tellement d’autres menaces dans cette équipe que ce serait une erreur de se focaliser uniquement sur ces deux-là. Ce qu’on sait, c’est qu’on devra être très solidaires les uns avec les autres. Le moindre oubli sur notre ligne de défense se paiera cash. L’idée est de rester très compact et leur proposer une défense un peu comme on l’avait fait l’an dernier, où on avait beaucoup défendu sans faillir. La fin n’avait pas été heureuse mais on veut rester sur cette ligne directrice et que cela tourne pour nous cette fois.

6 Nations 2019 - Jefferson Poirot (France) contre l'Angleterre
6 Nations 2019 - Jefferson Poirot (France) contre l'Angleterre

Quelles sont vos ambitions sur ce match ?

J.P. Contre une telle équipe et dans notre situation, ce serait tellement prétentieux de dire qu’on y va pour faire un coup ! Maintenant, dans les têtes, on ne se déplace jamais non plus en se disant qu’on va perdre un match. On va affronter une équipe complète qui va surtout nous permettre de nous étalonner, savoir où on en est et si on a progressé par rapport au match en Angleterre. Le contexte est un peu le même, face à une équipe en forme. On a plutôt bien bossé depuis l’Angleterre et ce sera aussi une façon de valider le chemin parcouru.

Le match en Angleterre était une de mes plus grosse honte rugbystiques

Comment faire pour résister à la pression irlandaise, souvent très forte dès le début de match ?

J.P. : Comme je l’ai dit, nous devrons être solidaires, ce que nous n’avons pas suffisamment été en Angleterre. À Twickenham, on a beaucoup trop laissé notre troisième rideau sous pression en ne l’aidant pas suffisamment sur notre repli défensif. Dimanche, on devra avoir un gros rideau défensif en ayant conscience que cela va "grêler", qu’on va répéter des séquences longues et c’est en faisant corps qu’on pourra résister aux assauts.

Vous pensez-vous à l’abris d’une déconvenue comme celle à Twickenham ?

J.P. : J’espère car c’était un traumatisme. Quand on se fait botter le cul comme cela a été le cas en Angleterre, la moindre des choses était de gagner contre l’Ecosse. Ça on l’a fait. Et l’autre facteur important est d’apprendre de ses erreurs et de ne pas recommencer. Si on est des hommes, on est obligé d’être beaucoup plus présents que ce qu’on l’a été en Angleterre. On ne peut plus recommencer ça. À titre personnel, c’était une de mes plus grosses hontes rugbystiques.

Quel regard portez-vous sur votre pendant à droite Demba Bamba, qui va enchaîner sa troisième titularisation ?

J.P. : Il est assez impressionnant car on a le sentiment que chaque semaine est un défi de plus pour lui. Et il passe au suivant la semaine d’après. Venant de Pro D2, on se demandait s’il allait tenir le rythme. Il l’a fait. La mêlée, pareil, il est hyper costaud. Il tient soixante minutes comme s’il avait cinquante sélections… Bref, c’est vraiment la bonne surprise pour nous et on est très content de l’avoir dans nos rangs car c’est un atout pour l’équipe.

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