Rugby et orbi

  • 6 Nations 2018 - Sergio Parisse (Italie) et Guilhem Guirado (France)
    6 Nations 2018 - Sergio Parisse (Italie) et Guilhem Guirado (France)
  • 6 Nations 2018 - Sergio Parisse (Italie) célébrant un essai contre la France
    6 Nations 2018 - Sergio Parisse (Italie) célébrant un essai contre la France
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TOURNOI DES 6 NATIONS 2019 - Face à des Italiens sur une série de 21 défaites dans le Tournoi, les Bleus n’ont pas le droit à l’erreur à Rome s’ils souhaitent s’éviter une énième crise. Sauf que, pour le dernier match dans le Tournoi de la légende Sergio Parisse, la Squadra Azzura s’annonce aussi motivée que redoutable. Faites vos prières...

Rome, cité des sept collines. La ville éternelle, celle de la dolce vita, dont les Bleus vont pourtant devoir s’extraire s’ils ne souhaitent pas connaître la pire fin de Tournoi possible, à quelques hectomètres du Capitole. Ce sommet dont on dit il y si peu entre lui la roche tarpéienne, pour rappeler que les honneurs peuvent être rapidement suivis par la déchéance ou par l'oubli. Une leçon que les Bleus connaissent par cœur, passés d’éloges dithyrambiques (après leur poussive victoire sur une Écosse décimée) aux critiques les plus infâmes, juste conséquence d’une partie qui ne l’était pas moins à Dublin.

Alors quoi ? Peut-on vraiment tomber plus bas à Rome, face à une Squadra Azzurra qui n’a engrangé aucun point lors des quatre premiers matchs, reste sur une série de 21 défaites dans le Tournoi, et n’aura pour seul objectif que d’éviter une quatrième cuillère de bois consécutive ? Malheureusement, oui. Parce que de nombreux joueurs italiens voudront prouver bien des choses à leur ancien sélectionneur Jacques Brunel, qui n’a pas laissé que d’excellents souvenirs au pays. Parce que ces Bleus couverts de guigne ne sont pas à l’abri de voir l’ex-Perpignanais Tommaso Allan réaliser sans que l’on sache pourquoi le match de sa vie, comme y parvint à deux reprises avant lui Luciano Orquera (en 2011 et 2013).

Mais surtout parce qu’il s’agira, pour l’emblématique Sergio Parisse, de son dernier match dans le Tournoi, le numéro 8 du Stade français portant à 69 son record absolu d’apparitions dans la compétition. Autant dire que, face aux Bleus, ses partenaires souhaiteront effectuer à leur capitaine un beau cadeau en guise de sortie, matérialisé par une dixième et ultime victoire dans le cadre des Six Nations. Un supplément d’âme toujours décisif, qui plus est dans le cadre d’une confrontation entre Latins…

Sont-ils capables d’une révolte ?

Car oui, bien que coachés par un Irlandais, ces Italiens demeurent bien des Latins, à l’identité marquée, capables de soulever des montagnes à la seule force de leur volonté. Le genre de révolte que les Bleus étaient encore capables de nourrir voilà quelque temps, avant que même cette identité profonde ne leur échappe aussi, sur fond d’un système pourri jusqu’à la moelle et de querelles intestines. Il fut ainsi un temps où la divulgation des informations qui ont émaillé la semaine (à savoir la volonté de Serge Simon de "démissionner" Guilhem Guirado après avoir œuvré en ce sens en coulisses auprès de Jacques Brunel) aurait généré de la part des joueurs une sainte colère qui se serait matérialisée sur le terrain.

Ces Bleus version 2019, perclus de doute, en seront-ils capables ? Au vrai, on en doute fortement. Et l’on ne pourra compter que sur le terrain pour s’en faire une idée définitive, malgré une ligne de trois-quarts bricolée à la hâte au sein de laquelle le pauvre Ntamack comptera une responsabilité supplémentaire (celle de buteur, rien que ça) et un pack rafistolé, où le dégagement d’Arthur Iturria sur le banc ressemble - encore - à une forme de punition après ses propos critiques tenus dans l’après-match irlandais.

6 Nations 2018 - Sergio Parisse (Italie) célébrant un essai contre la France
6 Nations 2018 - Sergio Parisse (Italie) célébrant un essai contre la France

Alors, de deux choses l’une. Soit ces Bleus parviennent à rassembler le brin d’orgueil et les quelques principes de jeu qui leur restent pour prendre le dessus sur les Italiens, et ces derniers s’achèteront une relative paix sociale jusqu’au Japon. Soit ces derniers se rétament encore, et clameront à la face du monde que le rugby français peut bel et bien être considéré comme la risée de la planète. Une perspective qu’il s’agit à tout prix d’éviter, pour laquelle les quelques supporters du XV de France de passage par le Vatican auraient une bonne idée en réclamant au pape François une bénédiction "rugby et orbi". Les voies du Seigneur étant impénétrables, puisse la défense tricolore le rester aussi au stade Olympique...

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