Cadeau ou poison ?

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  • 6 Nations 2019 - Antoine Dupont et Romain Ntamack (XV de France)
    6 Nations 2019 - Antoine Dupont et Romain Ntamack (XV de France)
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6 NATIONS 2019 - S’ils veulent s’épargner la perspective d’un match pour la cuillère de bois en Italie, les Bleus portés par un axe 9-10-15 rajeuni se doivent d’assurer une victoire à domicile contre un XV du Chardon qui ne les a jamais battus à Saint-Denis dans le cadre du Six Nations, et se présentera avec un tiers de ses meilleurs joueurs sur le flanc. Un cadeau ? Empoisonné, pour sûr...

On moque souvent le rugby français pour son manque de cohérence et de sens commun. Il faut croire que la débâcle du XV de France en Angleterre aura eu le mérite de réveiller les consciences puisque ces dernières semaines, tout le monde s’est employé à apporter sa petite pierre pour que les Bleus viennent à bout de l’Écosse.

Ainsi, M. Poite donna à Murrayfield sa bénédiction à un coup d’épaule irlandais qui laissa Stuart Hogg sur le carreau (à la grande fureur du capitaine Greig Laidlaw, utilisé 80 minutes par Clermont le week-end dernier) tandis que huit jours plus tard, sur la pelouse de l’Arena 92, les coups de boutoir du Stade toulousain dans la zone de Finn Russell finirent par sonner l’ouvreur écossais, par le biais d’un coup de genou involontaire provoqué par une charge du jeune ailier Lucas Tauzin. Tout juste si les douaniers de Roissy n’ont pas validé le tout nouveau passeport du numéro huit Josh Strauss, ou si un cortège de gilets jaunes ne va bloquer le bus du XV du Chardon en route pour le stade de France…

Derrière les bâches de Marcoussis

On exagère, vous dites ? Oui, à l’évidence. Reste qu’on demeure frappé par le degré de fébrilité du XV de France, plus que jamais retranché derrière ses toutes nouvelles bâches de Marcoussis. Pour cacher quoi, au juste, la composition d’équipe ayant été délivrée ce mardi ? On le saura bien assez tôt, allez, et on ne demande pour tout dire qu’à être surpris (ou pas…).

Bâches Marcocussis
Bâches Marcocussis

Reste ce sentiment gênant qui veut que le XV de France se prépare en mode commando face à une sélection qui ne l’a encore jamais battu à Saint-Denis dans le cadre du tournoi des Six Nations, ne possède en termes de licenciés qu’un vivier comparable au tiers de la seule région Occitanie, et se pointera à Saint-Denis privée de cinq de ses meilleurs joueurs (Stuart Hogg, Huw Jones, Finn Russell, Ryan Wilson, WP Nel, et on vous fait encore grâce de Richie Gray...).

Comment est-on tombé si bas ? Les caciques de la Fédé et de la LNR le savent pertinemment, qui se refusent pourtant en permanence à assumer leurs responsabilités. Difficile de s’étonner, dès lors, que le XV national ne soit jamais que l’émanation et le symbole de toutes ces lâchetés et autres insuffisances, entre des dirigeants qui sermonnent les joueurs, des joueurs qui accusent leur staff, un staff qui gronde la presse, une presse qui ne sait plus où donner de la tête, et tout bonnement un système qui finit par se réconcilier sur le concept de "la faute à pas de chance" et de la procrastination, en espérant qu’un miracle advienne de loin en loin.

La jeunesse pour sauver la patrie

Le problème ? C’est que là, il ne s’agira même pas de miracle. Au vrai, sachant qu’une victoire face à une Écosse si affaiblie ne relèverait finalement que de la normalité, c’est davantage un cadeau empoisonné qui a échoué entre les mains des Bleus, et en particulier de son son jeune axe "9-10-15" appelé à sauver la patrie en danger.

Car s’il ne fait aucun doute que la paire Dupont-Ntamack présente tous les gages de qualité pour incarner la charnière de demain et que Thomas Ramos demeure potentiellement un arrière-buteur de haut niveau, envoyer les trois hommes au front avec aussi peu d’expérience internationale, dans une équipe aussi peu sûre de son jeu, relève en partie de la mission suicide.

6 Nations 2019 - Antoine Dupont et Romain Ntamack (XV de France)
6 Nations 2019 - Antoine Dupont et Romain Ntamack (XV de France)

Au vrai, les trois hommes sauront-ils s’affranchir du contexte si pesant, amplifié par l’ombre en tribune de leurs aînés Morgan Parra et Camille Lopez, sanctionnés après Twickenham pour délit de grande gueule ? Si oui, on leur tirera un grand coup de chapeau, et on ne leur souhaite évidemment rien d’autre. Tant on redoute qu’en cas d’énième échec, ces visages présentés comme ceux de la victoire en 2023 incarnent finalement ceux de la cuiller de bois 2019… Le genre de passif pas facile à assumer, même pour des compétiteurs de leur trempe, dont l’affreuse perspective nous incitera une fois de plus à pousser très fort derrière eux. Ces Bleus n’étant, ne l’oublions pas, que les derniers maillons et l’image d’une chaîne bien malade, dont il s’agira bien un jour de se pencher sérieusement sur la reconstruction.

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