Veillée d’armes

Si près d’un match qui peut, potentiellement, inverser la courbe de sinistrose qui écrase le XV de France depuis des mois, la pression monte inéluctablement dans le groupe France. À force de s’entendre rabâcher toute la semaine qu’un "Crunch" était toujours un match à part et que la rivalité franco-anglaise a nourri l’histoire du rugby tricolore à travers les âges, on voit mal comment il pourrait en être autrement. Même chez les novices, à qui on prête ici et là un désintérêt pour ces considérations.

"C’est ce qu’ils vous font croire, assure leur capitaine Guilhem Guirado. Mais je peux vous dire que sur l’intensité des derniers entraînements et sur la préparation, on est tous allé au plus profond de nous-mêmes. Mais on n’est pas dupe, le fait que certains (quatorze sur les vingt-trois de la feuille de match, ndlr) vont découvrir France – Angleterre peut être une force parce qu’ils vont y croquer à pleines dents mais aussi une faiblesse car il y aura beaucoup d’appréhension et cela peut perturber. C’est aussi pour cela qu’on essaie de les épauler et de les accompagner mais je peux vous dire qu’ils se rendent bien compte que c’est le match du Tournoi".

Les Anglais seront revanchards et auront les dents longues mais nous aussi

Les adjoints de Jacques Brunel seront également dans l’inconnu pour leur premier "Crunch" en tant qu’entraîneurs. Et pour eux aussi, l’attente est longue : "Bien-sûr qu’on est excité car c’était des matchs qu’on adorait jouer, confirme le responsable de la touche Julien Bonnaire. Et ce serait beau de faire tomber la deuxième nation mondiale chez nous. Les Anglais seront revanchards et auront les dents longues mais nous aussi, on les a et on n’a rien à perdre".

Les Bleus se sont entraînés une dernière fois ce vendredi matin et décolleront de Marcoussis dans l’après-midi, direction leur hôtel en plein cœur de Paris. Ils auront le loisir du quartier libre jusqu’en début de soirée, même si cette notion a pris un autre sens depuis la fameuse virée nocturne d’Edimbourg. Et après ? Chacun utilisera ses petits trucs pour ne pas trop gamberger. Smartphones pour les uns, et pour le capitaine "ce sera beaucoup de lecture, prendre des nouvelles de la famille, vivre le moment à fond et profiter de se retrouver avec les amis. Et samedi, à 17h45, on sera tous soudé pour jouer autour de ce ballon". Ce qui serait déjà une bonne base pour espérer faire tomber le tenant du titre.