Tauleigne : "L’Angleterre ? C’est le vrai bon test pour moi"

"Chi va piano va sano…" La formule pourrait assez bien résumer le parcours de Marco Tauleigne dans l’univers du rugby français. Depuis ses débuts en Fédérale 1 avec Bourgoin (2012/2013), le natif de Montelimar a tranquillement tracé sa route en TOP 14 jusqu’à rejoindre le XV de France pour le Tournoi des 6 Nations 2018. Titulaire lors des deux derniers matchs face à l’Ecosse (32-26) puis l’Italie (34-17), le joueur formé au RC Teillois a la lourde tâche de succéder à Kevin Gourdon et surtout Louis Picamoles. "C’est plutôt positif qu’on me compare à Louis, confie-t-il. Ce n’est pas une pression particulière. On a un peu le même style de jeu mais Louis est beaucoup plus puissant que moi. Après, je pense être un peu plus dans l’évitement."

En début de Tournoi, j’étais un peu timide. J’avais peur de mal faire les choses…

Depuis ses débuts sous la tunique frappée du Coq, le troisième-ligne de l’Union Bordeaux-Bègles n’a pas encore exprimé l’étendue de ses qualités si souvent vantées par le sélectionneur Jacques Brunel. "C’est vrai qu’en début de Tournoi, j’était un petit peu timide, reconnaît-il. J’avais peur de mal faire les choses. Contre l’Italie, ça allait mieux. J’ai joué décomplexé. J’ai essayé de retrouver le jeu que je pratique avec l’UBB. L’Angleterre, c’est le vrai bon test pour moi. Si j’arrive à apporter quelque chose en plus au collectif…" Ce quelque chose en plus, c’est avant tout cette capacité à dynamiser le jeu, malgré son gabarit (1,91m, 116kg), qui fait tant de mal au défense du TOP 14.

A 24 ans, Marco Tauleigne a toutefois dû se faire violence pour percer au plus niveau. Un brin dilettante, l’ancien joueur du CSBJ a pris conscience sur le tard de l’importance de la préparation physique. "Quand j’étais à Bourgoin, Laurent Mignot ne faisait que me dire : ‘il faut bosser physiquement, il faut bosser physiquement, il faut bosser physiquement', raconte-t-il. Mais je m’en foutais. J’étais bon au rugby, j’arrivais à faire plein de chose. Je me disais ‘mais à quoi ça sert. Sur le terrain, ça marche bien.’" Mais l’arrivée à Bordeaux l’a rappelé à l’ordre. "Je me suis rendu compte qu’il fallait courir, perdre du poids, souligne-t-il. Je me rappelle de ma première séance de physique avec Ludovic Loustau (préparateur physique). J’étais mort, mort, mort. Je suis me dit ‘mais qu’est-ce je fous là. Je n’aurais pas dû venir. Au final, ils m’ont fait perdre du poids et maintenant, ça va mieux. J’avais tendance à rester sur mes acquis. Ce n’était pas bon. Il fallait changer."

La préparation physique ? Je m’en foutais. J’étais bon au rugby. Je me disais ‘mais à quoi ça sert…

Marco Tauleigne a bien changé. Celui qui gamin échangeait des passes des deux côtés avec son frère dans le jardin familial, peut désormais s’appuyer sur une grosse caisse. Alors à quelques jours du Crunch, l’impatience est déjà là. "Depuis que je suis tout jeune, j’ai l’impression que France-Angleterre, c’est le rendez-vous à ne pas manquer, explique-t-il. Personnellement, je n’ai rien contre eux mais ce qu’on nous inculque depuis tout petit. Les Anglais et les Français ne s’aiment pas. Avec les Équipes de France jeunes, je n’ai jamais gagné contre l’Angleterre. Ça nous ferait du bien de gagner contre la deuxième nation mondiale pour essayer de bien finir ce Tournoi. Ce serait gros..."