Pélissié : "C’est le plus gros match de ma carrière"

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  • La déception d'Adrien Pélissié (Aurillac) lors de la finale d'accession - 4 juin 2016
    La déception d'Adrien Pélissié (Aurillac) lors de la finale d'accession - 4 juin 2016
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Aligné à la place de Guilhem Guirado, blessé, le talonneur Adrien Pélissié (27 ans, 4 sélections) connaîtra sa première titularisation avec le XV de France, samedi contre le pays de Galles. En l’espace de huit mois, l’ancien joueur d’Aurillac (Pro D2) a connu une trajectoire époustouflante.

Rugbyrama : On imagine que vous devez ressentir une émotion particulière…

Adrien Pélissié : C’est beaucoup de fierté de pouvoir porter ce maillot même s’il ne faut pas oublier que c’est un concours de circonstance. C’est une opportunité que je vais essayer de saisir et de montrer que je peux faire une belle partie samedi. Je ne vais pas aborder ce match en me disant ‘je vais louper une touche…

Il y a huit mois, vous étiez sous les couleurs d’Aurillac, en Pro D2. Tout est allé très vite pour vous… vous arrivez à réaliser ?

A.P : Je ne sais pas si je me rends trop compte. Je croque le rugby à pleine dent. Je prends tout ce qu’on me donne, j’essaye de bien préparer ce match sans me poser de questions particulières. La confiance vient en enchaînant les matches. Ce qui était important pour moi en venant à Marcoussis, c’était de montrer de quoi j’étais capable, d’être appliqué. Je fais mon boulot en essayant de ne pas parler pour rien dire. Je reste à ma place.

La déception d'Adrien Pélissié (Aurillac) lors de la finale d'accession - 4 juin 2016
La déception d'Adrien Pélissié (Aurillac) lors de la finale d'accession - 4 juin 2016

On a l’impression que ce nouveau statut vous dérange. Vous ne vous sentez pas légitime ?

A.P : C’est pas que je ne me sens pas légitime mais je n’aime pas dire je suis numéro 1, numéro 2… je reste avec beaucoup d’humilité. Je ne me prends pas trop la tête. Il faut dire les choses comme elles sont. Lors de la première liste, je n’y étais pas. Maintenant, j’y suis et je vous le dis, j’ai encore envie d’y être.

Si Jeremy Davidson ne m’avait pas fait confiance à Aurillac, je serais à la ferme familiale et je jouerais en Fédérale avec les copains.

Vous aviez imaginé être un jour titulaire en équipe de France ?

A.P : Bien sûr que non. Ma carrière est particulière. A 18 ans, je jouais en Fédérale 3, à Caussade. Après, j’étais en Centre de formation à Castres mais ils ont jugé que je n’étais pas au niveau pour évoluer en Top 14. Ils m’ont laissé partir et j’ai eu la chance d’aller à Aurillac avec un coach qui m’a fait confiance, Jeremy Davidson même s’il a été très du par moment. Mais j’étais le plus heureux. S’il ne m’avait pas fait confiance, je serais à la ferme familiale (son père, son frère et son oncle sont agriculteurs (vaches à lait et brebis) à Septfonds dans le Tarn-et-Garonne, ndlr) et je jouerais en Fédérale avec les copains. En quatre saisons, il m’a beaucoup fait jouer. Je n’ai jamais lâché. On m’a donné un peu de confiance en mois. Et de là, tout est allé très vite jusqu’à mon arrivée à Bordeaux cette saison. Mais je n’ai jamais eu de plan de carrière particulier (sourire). Après, je me dis que cela peut être éphémère.

Le Castres Olympique avait raison à l’époque de ne pas vous garder ?

A.P : Je ne leur en veux pas du tout. Il y avait des joueurs à mon poste meilleur que moi, tout simplement. Je n’ai aucun regret. Depuis, j’ai gravi les échelons et j’espère que cela va continuer.

Au début, à Aurillac, je n’étais pas professionnel. Je gagnais 800 euros comme surveillant dans un lycée agricole.

C’est un destin un peu inespéré ?

A.P : Je me dis qu’il y a 10 ans, je sortais du Centre de formation avec des garçons qui allaient jouer en Fédérale 2 ou 3. J’ai un parcours atypique. J’ai beaucoup travaillé mais la vie est aussi faite d’une part de chance. Au début, quand je suis arrivé à Aurillac, je n’étais pas professionnel. J’étais surveillant dans un lycée agricole. J’y dormais trois nuits par semaine mais je m’entraînais tous les jours avec l’équipe professionnelle. La première année, j’ai fait 17 matchs. Je gagnais 800 euros comme surveillant et avec le rugby à côté, ça me faisait un petit salaire pour vivre.

Pourquoi ce poste de talonneur ?

A.P : Déjà parce que je n’ai jamais été très svelte (sourire). Je jouais pilier plus jeune, plutôt à gauche. Quand je suis arrivé en Espoirs, ils ont vu que je ne tenais pas trop la mêlée donc ils m’ont mis au talon (rire). Depuis que j’ai 19 ans, je joue vraiment à ce poste.

Quel était votre modèle quand vous avez commencé à jouer au rugby ?

A.P : J’aimais bien William Servat. Il me plaisait beaucoup. J’aimais bien aussi le talonneur des All Blacks, Anton Oliver. Ce sont des joueurs qui m’ont marqué. Maintenant, je me dis que c’est énorme ce qui m’arrive. Mais au lieu de regarder les choses, il faut les saisir.

La Pro D2, c’est un monde qui m’a forgé. Quand vous faites 11 heures de bus pour aller jouer à Vannes, même si on est professionnel, il faut aimer le rugby.

La Pro D2 vous a formé à ferrailler sur les terrains ?

A.P : Sincèrement, j’ai beaucoup appris avec Aurillac. Ce n’était pas un club professionnel comme les autres. Ça reste un club famille dans un milieu rural. Je viens d’un milieu rural, ça m’a beaucoup plus, beaucoup marqué. La Pro D2, c’est un monde qui m’a forgé. Je peux vous dire que ce n’est pas facile tous les week-end. Quand vous faites 11 heures de bus pour aller jouer à Vannes, même si on est professionnel, il faut aimer le rugby. Les sommes que l’on voit dans les journaux, je peux vous assurer qu’on ne les gagne pas à Aurillac. Mais ce sont des moments de vie importants.

Passer du stade d’Aurillac au stade de Cardiff, c’est un monde d’écart. Vous en avez conscience ?

A.P : On en a un petit peu parlé. C’est un stade mythique, avec une ambiance fabuleuse. Mais j’essaye surtout de mon concentrer sur ma performance contre les Gallois pour faire abstraction de tout ce qu’il y a autour. Ça peut nous pénaliser. Je ne vais pas vous dire que je n’aurai pas de pression samedi. C’est le plus gros match de ma carrière. Même si je n’ai pas fait une grande carrière, j’essaye de rester zen.

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