Malié : "Je n'ai pas honte, mais je n'en parle pas trop"

Par Rugbyrama
  • Charly Malie (Pau) vs Stade Français le 28/01/2018
    Charly Malie (Pau) vs Stade Français le 28/01/2018
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En 15 jours, l'Espagne est passée de simple prétendante à une place de repêchage, à grande favorite pour une qualification directe pour le mondial. Éligible à la double nationalité grâce à deux de ses grands-parents, Charly Malié, joueur de Pau et international espagnol, nous évoque ce parcours, mais aussi le regard que l'on porte sur ces Français qui jouent pour l'Espagne.

Rugbyrama : Peux-tu nous parler de ce match contre la Roumanie ?

Charly Malié : Ce match est vraiment un souvenir gravé à jamais. On sentait une énorme ferveur. Tout au long de la semaine, les journaux faisaient des articles alors qu'en Espagne, c'est rare, on voit plutôt des articles sur le foot. Ça nous a fait plaisir de voir que ce match était vraiment un événement. Il y a eu du spectacle sur le terrain, c'était mémorable.

Pouvez-vous rendre le rugby populaire en Espagne ?

C.M. : C'est le but. La fédération, le staff, tout le monde sent que le rugby espagnol est en train de grandir. Un événement majeur comme la Coupe du monde permettrait d'avoir des moyens financiers supplémentaires, mais aussi d’intéresser des jeunes.

Un stade également ?

C.M. : On était 16 000 contre la Roumanie. Si on atteint notre objectif, je suis sûr que tout suivra, les infrastructures comme les licenciés.

Ce match, l'avez-vous préparé d'une manière spécial ?

C.M. : On l'a préparé comme les autres. On a fait énormément de vidéos, on savait à quoi s'attendre. C'est une équipe très dense devant, qui a embêté la France lors de la dernière Coupe du monde. On était prêt à faire un grand match, et le public nous a vraiment aidé.

L'Espagne fait un début de Tournoi exceptionnel...

C.M. : C'est vrai qu'au début, on avait en vue cette deuxième place (hors Géorgie N.D.L.R) synonyme de repêchage. On est allé en Russie pour disputer avec eux cette deuxième place. Gagner en Russie, c’était exceptionnel. Ça nous permet de recevoir la Roumanie sans complexe. Il faut qu'on arrête de se prendre pour une petite équipe. On a joué et gagné contre les deux nations favorites à la qualification. On sait que le chemin est encore long, mais on s'est donné le droit de rêver. On ne dépend plus que de nous-mêmes.

Cette première place est vraiment importante ?

C.M. : Oui, elle change tout. Tu es directement qualifié, la fédération dispose de moyens supplémentaires pour aménager des tests matchs. Si ça se confirme, on jouera le match d'ouverture contre le Japon. Dans une carrière de joueur de rugby, certes, il y en a plein qui rigole de nous voir jouer pour l'Espagne, mais je pense que si on arrive à aller au bout de notre rêve, beaucoup nous envierons.

Sentez-vous qu'on rigole de ces Français qui jouent pour l'Espagne ?

C.M. : Si on arrive à jouer la Coupe du monde, peut-être que ce discours changera. Aujourd'hui, je n'ai pas honte, mais je n'en parle pas trop parce qu'on n'est jamais pris au sérieux. La meilleure des réponses, c'est d'avoir des résultats pour qu'on nous prenne au sérieux. Certes, cette sélection est composée de beaucoup de Français, mais on se bat pour ce maillot et pour vivre de très belles choses.

Le match d'ouverture contre le Japon est-ce un rêve ?

C.M. : Bien sûr. On jouerait dans un stade plein avec beaucoup de téléspectateurs, tous les ingrédients seraient réunis. Le Japon est une grande nation. Leur parcours est l'exemple même d'une équipe qui grandit. Ils ont commencé en bas, aujourd'hui, ils rivalisent avec l'Equipe de France.

L'Espagne pourrait-elle rivaliser un jour avec la France ?

C.M. : Je n'aurai pas cette prétention-là. Si le pays se donne les moyens d'y arriver ça pourrait être très long. Mais comme la Roumanie l'a fait il y a 4 ans, ça serait déjà pas mal.

Ton club joue sur tous les tableaux, toi, tu as également la sélection, n'as-tu pas peur d'être juste physiquement ?

C.M. : Je suis encore un peu jeune et frais. Je me sens bien, j'échange beaucoup avec le staff de Pau quand je pars en tournée. Ça m'arrive de lever un peu le pied. Mais on a une fin de saison vraiment excitante à jouer sur tous les tableaux. Quand on voit tout ça, on oublie la fatigue.

Le prochain match pour toi, c'est Castres ou la Géorgie ?

C.M. : C'était convenu comme ça avec Pau. Je pouvais jouer les deux premiers matchs qui étaient capitaux avec l'Espagne. Mais ce week-end, je suis à la disposition de la Section. Les clubs sont toujours réticents à l'idée de nous laisser partir pour des petites sélections. C'est dommage parce que dans ce tournoi, au niveau du défi physique, on se rapproche du Top 14.

(NDLR : La qualification serait historique car elle serait seulement la deuxième pour les Ibériques après 1999).

Propos recueillis par Baptiste Barbat

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