Flashback : Irlande - France 2007, la guerre… et Clerc

  • Vincent Clerc contre l'Irlande en 2007
    Vincent Clerc contre l'Irlande en 2007
  • Vincent Clerc porté par Cédric Heymans
    Vincent Clerc porté par Cédric Heymans
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6 NATIONS - Il y a dix ans, le XV de France s'imposait contre l'Irlande à Dublin. Une victoire acquise dans les dernières secondes grâce à un essai génial de Vincent Clerc, alors ailier en sursis de Bernard Laporte. Retour sur exploit.

C'était un match pour l'Histoire. Irlande - France 2007, la première rencontre de rugby à XV jamais disputée au stade Croke Park de Dublin, théâtre d'un événement tragique en novembre 1920, un massacre perpétré par une division auxiliaire de la police britannique lors d'un match de football gaélique. Quatorze morts ce jour-là et un devoir de mémoire : le temple des sports gaéliques, propriété de la Fédération éponyme ne s'ouvrirait à aucune autre discipline. Seule la fermeture de Lansdowne Road qui privait de domicile le XV irlandais allait donc en 2007 permettre la mise entre parenthèses de ce principe sacré.

C'était un match pour l'histoire et pour l'un des acteurs, ce fut un moment de légende : Vincent Clerc, alors ailier du Stade toulousain, qui honorait à 25 ans sa 17e sélection. Non retenu contre l'Italie une semaine plus tôt en ouverture du Tournoi, il fut propulsé titulaire à Dublin. Mais avec le numéro 14, se retrouve aussi collé un sentiment : celui de jouer bien plus qu'un match de rugby. Il est des signes qui ne trompent pas.

C'est une des seules fois où au moment des hymnes, j'ai versé une larme, se souvient Clerc dix ans après. J'ai été pris par un ensemble : les hymnes chantés a capella, l'ambiance, la part d'Histoire qui entourait cette rencontre premier match de rugby à Croke Park. On sentait les gens émus et cette émotion a été transmise. L'avant-match avait été aussi tellement long qu'il m'avait laissé le temps de penser à de nombreuses choses : à ma famille et puis à moi-même parce que j'avais le sentiment d'être face à ma seule chance de participer à la Coupe du monde 2007 qui suivait. Il y avait trois joueurs donnés partants à l'aile et moi j'étais en balance. J'ai eu cette sensation que j'allais jouer ma Coupe du monde sur ce match-là.

Si je marque, je serrerais fort le coq

Des larmes mais un supplément d'énergie pour l'Isérois : Ce jour-là, je me sens bien. Je n'ai jamais tellement ressenti de pression négative avant un match. Et ces larmes là me motivent. J'ai envie de démarrer le match. Je me projette. Ce match-là, il en fera un rêve. Il confie : Pendant un match, il y a toujours quelques temps morts durant lesquels peuvent survenir des flashs. On imagine ce qui pourrait se passer... Et pendant ce match, je me suis dit 'Si je marque, je serrerais fort le coq'. J'ai visualisé ce moment et c'est arrivé quelques minutes plus tard. C'était le destin.

On jouait alors la 78e minute de jeu et après un combat acharné, les Bleus étaient menés 17-13. La suite, Clerc la raconte, mémoire intacte. Un renvoi est tapé à la droite des Irlandais, on récupère et après un temps de jeu, il y a une avancée de Yannick Jauzion qui se rapproche aussi de la ligne de touche. Alors je me décale au centre du terrain. Et la balle arrive. J'ai le sentiment d'être face à une défense qui va glisser et non pas monter. Je tente ma chance. Son feeling était le bon, il bat trois défenseurs, résiste au retour de Paul O'Connell et offre la victoire aux Bleus (17-20).

Un grand moment. Parce que ce n'est pas seulement un solo puissant qui vient de se jouer. Clerc raconte. La joie est très collective. Parce que c'est un tournoi important à quelques mois du Mondial, que la victoire nous libère de la pression et nous place dans une bonne dynamique. Tout le monde est heureux. Je conclus certes mais c'est d'abord une grande prestation collective. Chez Clerc, plus que de fierté, il est question de soulagement. Un match comme celui-là, j'en avais besoin. A la fin, je me dis que j'aurais l'occasion de rejouer dans le Tournoi.

Jugement parfait. Le sélectionneur d'alors Bernard Laporte fera de Clerc son ailier droit titulaire jusqu'à la fin du Tournoi 2007 remporté par les Bleus. Puis jusqu'au Mondial. Clerc rejouera cinquante fois pour le XV de France (34 essais au total dont 8 contre l'Irlande) après ce sommet incluant la finale de la Coupe du monde 2011. Avec une certitude : sans cet éclair, tout aurait pu être différent. Ce match-là m'a permis d'enchaîner et derrière de jouer les matches importants. Quelques secondes d'éternité. Il ose : C'est le tournant de ma carrière.

  • Le XV de France contre l'Irlande le 11 février 2007 :
  • 15. Clement Poitrenaud puis Cédric Heymans (75e) ; 14. Vincent Clerc, 13. Yannick Jauzion, 12. David Marty, 11. Christophe Dominici ; 10. David Skrela puis Lionel Beauxis (57e), 9. Pierre Mignoni ; 7. Imanol Harinordoquy, 8. Sébastien Chabal puis Julien Bonnaire (54e), 6. Serge Betsen ; 5. Pascal Papé puis Jérome Thion (51e), 4. Lionel Nallet ; 3. Pieter de Villiers puis Olivier Milloud (59e), 2. Raphaël Ibanez puis Sébastien Bruno (65e), 1. Sylvain Marconnet.
Vincent Clerc porté par Cédric Heymans
Vincent Clerc porté par Cédric Heymans
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