Rythme, choke défense, flexibilité tactique... voici pourquoi l'Irlande est redoutable

  • Jamie Heaslip (Irlande)
    Jamie Heaslip (Irlande)
  • L'entraîneur des avants girondins, Régis Sonnes
    L'entraîneur des avants girondins, Régis Sonnes
  • L'Irlande a écrasé l'Italie - 11 février 2017
    L'Irlande a écrasé l'Italie - 11 février 2017
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6 NATIONS - Tombeur des All Blacks et de l’Australie en novembre dernier, l’Irlande se présentera samedi sur la route du XV de France. Que ce soit dans leur agressivité ou leurs mouvements bien structurés, les Irlandais impressionnent dans de nombreux secteurs. Décryptage avec l’entraîneur du Bandon RFC, Régis Sonnes.

Tous ceux qui ont croisé sa route savent que c’est un homme libre. Un épicurien, un vrai, aux trajectoires déconcertantes. Dans une époque où les plans de carrière gangrènent les fameuses valeurs de l’ovalie, lui se nourrit des voyages et de l’humain. A 44 ans, Régis Sonnes est bien un personnage à part.

Fondateur avec ses potes du Real Soldevilla Campétois, à côté de Mont-de-Marsan, avec lequel il décroche le titre de champion de France 2e série en 2005, entraîneur du CRC Madrid (2008-2010) puis sélectionneur de l’Espagne (2010-2012) et, dernièrement, Directeur du Rugby du Bandon RFC, une bourgade de 6 000 âmes près de Cork, au sud de l’Irlande, le Montois, ancien troisième ligne champion de France avec le Stade toulousain (1994, 1995, 1997), a l’art du temple, cette maîtrise du rythme qu’il impose à sa passion du rugby.

Entraîneur des avants d’Agen, de Narbonne et de l’UBB, ce "torista" souvent coiffé de son béret landais décrypte pour nous les forces de l’équipe nationale d’Irlande qui recevra samedi (17h50) le XV de France dans son antre de l’Aviva Stadium : un programme épais pour les élus de Guy Novès.

L'entraîneur des avants girondins, Régis Sonnes
L'entraîneur des avants girondins, Régis Sonnes

Régis, avant le début du Tournoi, beaucoup d’observateurs annonçaient que le match le plus intense que le XV de France aurait à disputer, ce ne serait pas à Twickenham mais à Dublin. Vous êtes d’accord ?

Régis SONNES : Pour le match de Twickenham, il fallait quand même être costaud, notamment dans la tête même si les Anglais n’ont pas proposé ce qu’on attendait. Mais en terme d’intensité physique et d’agressivité, ce match à Dublin sera sans doute un cran au-dessus. A mon sens, l’Irlande est l’équipe du Tournoi qui propose le rythme le plus important. Leur vitesse d’enchaînement est souvent impressionnante. Ce sera leur premier match du Tournoi à l’Aviva Stadium et ils peuvent toujours remporter cette compétition. Ça risque d’être très chaud. Les Français devront vraiment être vigilants sur le replacement défensif et montrer qu’ils peuvent tenir un rythme effréné.

Les Français devront éviter d’aller constamment au contact en favorisant un jeu de passes

Aujourd’hui, a-t-on raison d’être impressionné par cette équipe d’Irlande (4e au ranking World Rugby) ?

R.S : Ce que je trouve impressionnant, c’est la régularité de ses résultats avec un niveau de performance souvent élevé. Il ne faut pas oublier qu’ils ont remporté le Tournoi en 2014 et 2015. Et je connais peu d’équipes capables de s’imposer contre les All Blacks (40-29) et l’Australie (27-24) sur une même série. C’est le signe des grandes équipes et ça leur a donné une énorme confiance. Mais c’est à l’image des provinces du Munster et du Leinster qui sont revenues à un très bon niveau de jeu (qualifiées pour les quarts de finale de la Champions Cup, ndlr). En terme de qualité de jeu, ils sont sur une dynamique hyper positive. Et on sent que le peuple irlandais vibre de nouveau très fort.

Face à l’Ecosse, les Bleus ont été défaillants dans les rucks, secteur où les Irlandais excellent. Quel est le secret pour les déstabiliser ?

R.S : Par rapport à ma petite expérience ici, la notion de combat est tout le temps présente. Ils aiment ça. Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est leur faculté à coffrer les ballons en maintenant leurs adversaires debout. Ici, on le voit partout, dans n’importe quelle division, quatre à cinq fois par match. Chez eux, ce combat au corps à corps, ces attitudes au soutien sont naturelles. Les Français devront éviter d’aller constamment au contact en favorisant un jeu de passes. Et les premiers soutiens devront être très efficaces. Les Irlandais vont chercher à nous bloquer en haut pour nous empêcher de jouer après contact. Ce sera l’une des clés de ce match.

L'Irlande a écrasé l'Italie - 11 février 2017
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Un joueur fait le buzz à chacune de ses sorties, que ce soit avec le Munster ou le XV du Trèfle, c’est le troisième ligne CJ Stander. Parlez-nous un peu de lui…

R.S : C’est le joueur type du Munster, dense, rugueux, qui fait mal sur les plaquages. Là, c’est quand même costaud. Mais attention, il est très mobile même si c’est moins un coureur qu’un Kevin Gourdon. Avec Sean O’Brien, l’Irlande dispose d’une troisième ligne qui aime démarrer au ras des regroupements et qui met systématiquement l’équipe dans l’avancée. C’est le genre de joueur massif qui gagne la ligne d’avantage aussi bien offensivement que défensivement.

Finalement, qu’est-ce qui vous séduit le plus chez cette équipe d’Irlande ?

R.S : C’est une équipe qu’on n’arrive pas trop à identifier. Joe Schmidt propose un jeu de mouvement bien structuré mais avec des organisations très riches. C’est un rugby positif qui s’adapte à toutes les conditions climatiques, à toutes les oppositions. Je suis assez frappé de voir avec quelle maîtrise ils amènent des nouveautés à chaque match. Sur certaines séquences, ils peuvent te sortir dix lancements de jeu différents. On a l’impression que tout le répertoire du rugby y passe. C’est assez incroyable. Et ils ont toujours cette faculté à sortir de leur camp avec un jeu au pied chirurgical. Et Jonathan Sexton devrait faire son retour. Les Bleus devront chercher à comprendre, à anticiper ce qu’ils vont proposer. C’est un match où la lucidité pour analyser leur jeu sera déterminante. Mais je connais bien Camille (Lopez). Il a de la bouteille pour prendre les bonnes décisions tactiques.

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