Un match fou ! Une orgie d’essais !... Que reste-t-il du Crunch hallucinant de l’an passé ?

  • Angleterre - France (55-35) - Mars 2015
    Angleterre - France (55-35) - Mars 2015
  • Gaël Fickou (XV de France) face à l'Angleterre - Mars 2015
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  • Yoann Maestri, le deuxième ligne des Bleus - Angleterre France - 21 mars 2015
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  • Guilhem Guirado et Guy Novès (XV de France) - 9 février 2016
    Guilhem Guirado et Guy Novès (XV de France) - 9 février 2016
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FRANCE-ANGLETERRE - Le 21 mars 2015, l’Angleterre et la France se quittaient au terme d’une rencontre hallucinante disputée à Twickenham (55-35). Un an après cette orgie d’essais (12), comment ces deux formations ont-elles évolué ?

On a vu la vraie équipe de France, qui jouait sans frein, s'investissait, bossait ensemble et ne renonçait pas... Dans les coulisses de Twickenham, Philippe Saint-André affiche un visage satisfait. Non, non, le XV de France ne vient pas de s’imposer dans le temple du rugby. Les Bleus viennent même de prendre une rouste. La plus lourde défaite d’une équipe de France face à une nation du Nord au terme d’une rencontre hallucinante ponctuée de douze essais (55-35) ! C'est un match qui a été complètement fou pour les deux équipes, commentait alors le capitaine Thierry Dusautoir. Il a été intéressant pour nous car on voit que quand on joue on peut faire de belles choses même contre les meilleurs.

Gaël Fickou (XV de France) face à l'Angleterre - Mars 2015
Gaël Fickou (XV de France) face à l'Angleterre - Mars 2015
On n’a pas la naïveté de dire que les Anglais ne sont pas impressionnants (Guy Novès)

Avec cinq essais inscrits (Tillous-Borde, Naikataci, Mermoz, Debaty, Kayser), les Bleus avaient, il est vrai, proposé un visage offensif inhabituel au point de sortir les supporters du XV de France de leur torpeur. Passes après contact, prises de risque, franchissements : jamais le XV de France n’aura proposé des élans aussi séduisants en quatre ans de mandat de Philippe Saint-André ! Le XV de la Rose n’était pas en reste, les sept essais anglais permettant aux joueurs de Stuart Lancaster de terminer à la deuxième place du Tournoi des 6 Nations 2015 quand nos Bleus s’enlisaient à la quatrième place. Samedi soir, au coup d’envoi du Crunch (21 heures), huit Bleus (Guirado, Maestri, Flanquart, Le Roux, Goujon, Mermoz, Fickou, Spedding, NDLR) et dix joueurs anglais (Hartley, Cole, Haskell, Robshaw, Vunipola, Ford, Nowell, Joseph, Watson, Brown, NDLR) essaieront de revivre ce scénario spectaculaire. Mais en douze mois, les deux formations ont-elle vraiment changé ?

55-35 ! La plus lourde défaite du XV de France face à une nation du Nord !

D’un point de vue des effectifs, pas vraiment. Hormis les retraites de Thierry Dusautoir et Nicolas Mas, et les absences de Mathieu Bastareaud, Rory Kockott ou Noa Naikataci qui ne semblent pas figurer dans les plans de Guy Novès, l’ossature tricolore n’a pas trop bougé. Seule l’arrivée du phénomène à 7 Virimi Vakatawa constitue une vraie nouveauté. Côté anglais, la stabilité est de mise à l’exception du poste de centre où Owen Farrell, pour des raisons stratégiques, a chipé la place à Luther Burrell et, surtout, en deuxième ligne où les Sarries George Kruis (26 ans, 14 sél.) et l’impressionnant Maro Itoje (21 ans, 3 sél.) ont complètement bouleversé la hiérarchie de la cage anglaise. Niveau résultats, les deux équipes ont connu une déconvenue monumentale lors de la dernière Coupe du monde. Si le XV de France s’est fait humilier par les All Blacks en quart de finale (62-13), l’Angleterre, elle, a vécu un traumatisme lourd en quittant son Mondial dès la phase de poules (Fidji, Australie, pays de Galles).

Yoann Maestri, le deuxième ligne des Bleus - Angleterre France - 21 mars 2015
Yoann Maestri, le deuxième ligne des Bleus - Angleterre France - 21 mars 2015
On aurait récupéré une super équipe de France, on aurait été très heureux. Là, on a une équipe qui a besoin de changer d’air (Guy Novès)

Mais paradoxalement, les Anglais semblent avoir mieux surmonté cette terrible désillusion. Je m’attendais à ce que l’Angleterre redevienne très vite compétitive, confie Guy Novès. Quand on voit leur niveau individuellement ou collectivement, que l’on regarde leur parcours en Coupe d’Europe (les Wasps, Leicester, Exeter, Northampton et les Saracens sont qualifiés pour les quarts de finale de la Champions Cup, NDLR), on savait que les Anglais seraient très orgueilleux et revanchards.

Dans le même temps, le chantier en ruine du rugby français est bien compliqué à reconstruire. On revient de trop loin au niveau des résultats pour fanfaronner, insiste Yoann Maestri. On le sait, ça va être long. C’est un long processus qui fait que la France n’est pas encore en position de bomber le torse. Une analyse partagée par le sélectionneur-manager. On aurait récupéré une super équipe de France, on aurait été très heureux mais il aurait fallu rester au très haut niveau, glisse Guy Novès. Là, on a une équipe de France qui a besoin de changer d’air. On essaye de faire ce changement d’air en espérant que les joueurs s’y retrouveront.

Guilhem Guirado et Guy Novès (XV de France) - 9 février 2016
Guilhem Guirado et Guy Novès (XV de France) - 9 février 2016

Un changement de philosophie de jeu

Mais c’est bien dans leur projet de jeu que la France et l’Angleterre ont le plus évolué. Si Eddie Jones s’appuie toujours sur la vitesse de sa ligne de trois-quarts à l’image des Brown, Watson, Joseph, le coach australien a néanmoins remis au goût du jour l’esprit "bad boy" de son pack. Le système anglais est basé sur beaucoup de puissance et un gros jeu au pied, des gars qui courent comme des lapins, souligne Guy Novès. Notre évaluation, c’est de savoir ce qu’on peut faire devant ce qu’il y a de mieux en Europe ! On n’a pas la naïveté de dire que les Anglais ne sont pas impressionnants. Mais on a la ferme intention de les bousculer, de les agresser. Si on pouvait prendre cette équipe sur ses points forts, ses certitudes, ce serait un peu dérégler cette machine infernale.

Dans les rangs tricolores, le changement est lui radical. Le système pragmatique et souvent restrictif de Philippe Saint-André a cédé sa place à une animation collective beaucoup plus ambitieuse. Avec Jeff (Dubois), nous avons changé le fusil d’épaule en terme de jeu pour proposer quelque chose de différent, explique l’ancien boss du Stade toulousain. Est-ce que c’est plus efficace ? Pour le moment, je n’en sais rien. Mais on va essayer de progresser dans cette forme de jeu. Progresser et déjà résister pour confisquer un 13e Grand Chelem au XV de la Rose.

De notre envoyé spécial à Linas-Marcoussis, Vincent PERE-LAHAILLE

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