Barthuel: "On est loin du massage d'antan"

  • Lilian Barthuel en compagnie de Dimitri Szarzewski - Mars 2014
    Lilian Barthuel en compagnie de Dimitri Szarzewski - Mars 2014
  • Lilian Barthuel, kiné du XV de France, en pleine séance avec Dimitri Szarzewski - Mars 2014
    Lilian Barthuel, kiné du XV de France, en pleine séance avec Dimitri Szarzewski - Mars 2014
  • Lilian Barthuel avec Yannick Bru
    Lilian Barthuel avec Yannick Bru
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Kinésithérapeute, un métier de l'ombre pourtant déterminant dans le bon fonctionnement d'un club sportif professionnel et la carrière d'un athlète. Souvent réduit aux fonctions de base (massages, strapping), Lylian Barthuel, kiné passé par Clermont qui officie désormais au Stade rochelais et en équipe de France nous expose les différents rôles de son métier.

Lylian, on a souvent tendance à résumer le métier de kinésithérapeute comme faire des massages et des strappings. Pouvez vous décrire plus en détails cette profession au sein d'une structure sportive professionnelle?

Lylian BARTHUEL: Le détailler, c'est une fonction assez large. J'aurais tendance à dire que la première chose est en effet de strapper les joueurs, de les préparer avant les entraînements. Ensuite, il s'agit de protéger les petites faiblesses que l'on connait chez chacun. Le plus gros du travail est principalement le soin. On est loin du massage d'antan même si on en fait pour la récupération. On est davantage dans un travail kiné-osthéo en traitant la "bobologie" par la prise de diagnostic. Cela concerne toutes les suspicions de blessures musculaires ou le début de tensions. On essaie de régler les soucis osthéo-articulaires pour éviter toutes ces compensations musculaires et bien évidemment, la blessure. Nous avons aussi un rôle de confident auprès des joueurs.

On imagine que c'est un travail à temps plein avec des horaires de présence assez larges...

L.B: Oui ! Cela reste un boulot à temps plein puisque je suis le seul au Stade rochelais. Il existe un groupe d'une quarantaine de joueurs en comptant les jeunes utilisés en plus et ces derniers s'entrainant deux fois par jour, je me dois donc d'être très présent au stade.

On entend toujours parler de l'ambiance au sein du XV de France mais je peux vous dire qu'il y a une très bonne ambiance

Vous êtes aussi le kinésithérapeute de l'équipe de France de rugby. L'approche, la préparation sont-elles différentes de ce que vous pouvez connaître en club du fait de ne pas avoir les mêmes joueurs au quotidien, sans parler de turnover ?

L.B: Non. Pour moi, le métier reste le même. Il est clair que nous soignons des mecs un peu plus connus, qui ont des fois de habitudes en club mais à partir du moment où l'on explique nos choix, notre manière de fonctionner et que les propos sont argumentés, les joueurs se rangent souvent de notre côté. Ensuite, je laisse fonctionner librement les kinés de chaque club. Chacun est libre de gérer les choses à sa façon et je ne suis pas là pour donner des conseils. J'ai été (à Clermont) et je suis aussi en club (La Rochelle) donc chacun a sa place. Je pense faire ce qui est le mieux sur le moment quand je suis à Marcoussis et chez moi, dans mon club à La Rochelle. Enfin, je suis dans les meilleures conditions possibles avec les Bleus et nous nous entendons très bien avec le staff. On entend toujours parler de l'ambiance au sein du XV de France mais je peux vous dire qu'il y a une très bonne ambiance. Je m'entends parfaitement bien avec les coachs comme avec le reste du staff médical. Il n'y a aucun soucis relationnel entre nous et c'est, entre autres, pour cela que j'ai l'impression que nous fonctionnons comme en club. Ils sont à l'écoute.

Lilian Barthuel, kiné du XV de France, en pleine séance avec Dimitri Szarzewski - Mars 2014
Lilian Barthuel, kiné du XV de France, en pleine séance avec Dimitri Szarzewski - Mars 2014

Que ce soit au Stade rochelais ou en équipe de France, les entraîneurs vous sollicitent-ils régulièrement quant à la forme ou méforme physique d'un joueur ?

L.B: On est pas là pour parler de forme ou de méforme d'un joueur. Notre rôle est de souvent donner un avis quant aux (éventuelles) risques de blessures. Les coachs veulent des réponses claires car ils ont besoin de prendre des décisions et si on émet un avis défavorable car suspicion, ils se rangent souvent de nôtre côté. Parfois, nous faisons le forcing pour remettre au plus vite un mec sur pied car c'est une pièce importante de l'équipe et c'est notre job mais sans toutefois prendre de risque. Il y a donc un échange avec le staff mais surtout avec le joueur car c'est lui qui le sent le mieux et sa santé est capitale. La décision est collégiale. Que ce soit à La Rochelle ou là-haut (Marcoussis), on fait des réunions des staffs et chacun donne son avis sur chaque joueur. On ne peut pas mettre de véto mais juste les informer qu'il y a une prise de risque et la décision finale revient logiquement aux entraîneurs.

Les désirs, les envies des joueurs sont plus importants en club ou en équipe de France ?

L.B: Je crois que c'est à peu près la même chose. On commence à bien connaitre les mecs donc on n'est pas trop gêné pour leur parler sur notre façon de voir les choses, de faire un strapping de telle ou telle façon. On essaie, on teste à l'entrainement mais très rarement le jour de match car ils ne sont pas superstitieux mais pas loin. Une confiance s'est installée entre nous. Je fonctionne comme si j'étais en club et d'ailleurs, quand je suis à Marcoussis, j'ai l'impression d'être en club à l'exception que l'on s'occupe d'internationaux. C'est peut être un soupçon plus professionnel à tous les étages.

Les trois-quarts sont parfois dans le doute car ils ne savent pas si ils peuvent accélérer sans prendre de risque

Quel joueur est le plus exigeant au Stade rochelais en terme de strappings et de soins ?

L.B: Je ne citerais pas de noms (rires) mais certains ont plus besoin d'être soutenu par le kiné, que l'on s'occupe plus d'eux que d'autres. Il faudrait presque parfois prendre les décisions à leurs places (rires).

Êtes-vous davantage sollicité par les avants ou les trois-quarts ?

L.B: Par les trois-quarts la plupart du temps car on est plus souvent proche de la blessure musculaire style déchirure, claquage des ischios, des quadriceps ou autres. Ils sont parfois dans le doute car ils ne savent pas si ils peuvent accélérer sans prendre de risque. Il s'agit plus de la prévention de blessures.

Chez les Bleus, quel joueur, par ses nombreux straps, se rapproche le plus de la momie?

L.B: (Rires) Je ne peux pas le dire mais il suffit de regarder les images télé. Généralement, les mecs qui s'engagent beaucoup sur le terrain notamment des avants, au profil gratteur (il va finalement donner des pistes sans évoquer le nom) en troisième ligne et souvent très connu (éclats de rire).

Lilian Barthuel avec Yannick Bru
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