Le Top 5 des plus belles victoires françaises à Twickenham

1. 1er mars 1997, Angleterre-France (20-23)

Quelle remontée fantastique ! Imaginez-vous : à l’heure de jeu, les Bleus sont menés 20-6 et on ne donne pas cher de leur peau. Les Anglais sont au-dessus et l’arbitre, ce cher M. Fleming, ne laisse rien passer aux Tricolores. Mais voilà, l’insouciance du XV de France, qui aligne plusieurs joueurs inexpérimentés (2e sélection de Leflamand, 4e de Lamaison, 1ere titularisation de Magne), va faire merveille. Le match devient fou et Lamaison, impérial, envoie une diagonale magistrale pour Leflamand qui grille la politesse à T. Underwood (excusez du peu !). Les Bleus se mettent à rêver et la blessure de Captain’ Benazzi (avec De Rougement en flanker et Pelous en deuxième ligne !) ne coupe même pas leur élan. Merle survole les débats en touche, Tournaire est au four et au moulin, Sadourny relance tous les ballons... Et puis, l’apothéose : un ballon récupéré au sol, des pilonnages de Castel et Tournaire et un ballon écarté vers Lamaison qui trouve l’intervalle. Ce même Lamaison, qui a la 76e minute, crucifie sur une pénalité des Anglais médusés. Un retour qui force le respect. Notamment dans le Temple du rugby. 15 jours plus tard, les Bleus réussissent le grand chelem.

2. 24 février 1951, Angleterre-France (3-11)

En cette année 51, Twickenham ressemble à un véritable marécage. Les pluies ont été abondantes avant la rencontre et la boue est omniprésente. Dans les vestiaires, juste avant le coup d’envoi, René Crabos, dirigeant du XV de France, effectue deux changements afin de privilégier la vitesse de Porthault et Alvarez. Un choix audacieux et qui n’a pas de grandes influences sur le sort du match. Non, bien au contraire, ce sont les avants français qui sortent une prestation majuscule. Basquet et Prat inscrivent les deux essais tricolores dans une atmosphère incroyable, le brouillard anglais ajoutant de la dramaturgie à cette bataille d’anthologie. Car oui, ce match est inscrit dans l’histoire du XV de France : c’est la première fois que les Bleus s’imposent dans l’antre de Twickenham. Et à ce jour, cette victoire est toujours la plus large sur le sol anglais (huit points d’écart).

3. 19 février 1977, Angleterre-France (3-4)

Exempt lors de la première journée, le XV de France a entamé sa campagne en faisant tomber les Gallois, auteurs du grand chelem l'année précédente. Mais c'est bien la rencontre face aux Anglais à Twickenham qui fait office de finale avant l'heure. De l'autre côté de la Manche, les médias s'en donnent à cœur joie pour instaurer une ambiance irrespirable. Les Bleus sont qualifiés de "horde sauvage" par les tabloïds anglais, plusieurs voix s'élèvent ainsi pour relever la férocité des avants tricolores et mettre la pression sur l'arbitre gallois Jaff Kelleher. Hués lors de leur entrée sur la pelouse, Jacques Fouroux et ses coéquipiers subissent les crachats des spectateurs au moment de sortir du tunnel. Face au vent lors du premier acte, les Bleus sont dominés en conquête mais se montrent héroïques en défense grâce notamment à Jean-Pierre Rives et Jean-Claude Skrela. L'arrière du XV de la Rose, Alastair Hignell, est finalement bien contre sa volonté celui qui fait basculer la rencontre en faveur des Bleus. Ratant six pénalités au cours de la rencontre, c'est également par-dessus lui que plonge le Narbonnais François Sangalli pour inscrire l'unique essai du match. Rives, KO après un coup de poing d'Horton, repart aussi sec au combat. Au terme d'une bataille d'une rare intensité, c'est lui qui anéantit les derniers espoirs anglais. Quelques semaines plus tard, la France décroche le grand chelem en alignant uniquement les quinze même joueurs lors du Tournoi. Un fait unique.

4. 21 février 1987, Angleterre-France (15-19)

1987: l’une des plus belles années du rugby français. Avant d’arriver en finale de la première Coupe du monde, le XV de France décroche le grand chelem avec notamment une victoire magnifique à Twickenham. Sur ce match, les Bleus, auteurs d’une belle remontée (12-3 à la pause) ont montré beaucoup de talent. Collectivement. Mais aussi grâce à un exploit personnel. Le premier essai est une merveille de combinaison avec une doublé-croisée (un modèle du genre) entre Mesnel, Charvet et Champ. Le Toulonnais, lancé à toute vapeur, sert alors Bonneval qui finit aux pieds des poteaux. L’autre réalisation a contribué à la légende de Philippe Sella. Après une perte de balle de Bleus dans un ruck, le centre tricolore intercepte une passe de Hill pour Andrew sur sa ligne des 40m. Le reste est une course d’anthologie où ni Harrison ni Rose ne stoppent l’Agenais. Les Anglais, vivement critiqués par la presse avant la rencontre, ne pouvaient que constater les dégâts...

5. 13 février 2005, Angleterre-France (17-18)

Tenante du titre, la sélection française de Bernard Laporte apparaît poussive lors de ce début de Tournoi 2005 après une entame compliquée contre l'Ecosse (16-9). Peter De Villiers et Aurélien Rougerie étant forfaits, l'entraîneur des Bleus doit revoir ses plans. Et après avoir confié le rôle de buteur à Yann Delaigue contre le XV du Chardon, c'est finalement Dimitri Yachvili qui en a la charge. Le serial plaqueur Serge Betsen est également de la partie. Après les essais du centre Olly Barkley (19e) et de l'ailier Josh Lewsey (36e) lors du premier acte, l'affaire semble bien mal embarquée pour les Tricolores (17-6). Au contraire, les coéquipiers de Fabien Pelous ont un second souffle avec les entrées de Grandclaude, Nyanga, Milloud et Servat. Et le Biarrot Yachvili met l'Angleterre à genoux en passant quatre pénalités (six au total dans la rencontre) pendant que Barkley et Hogdson s'écroulent totalement en laissant dix-huit points en route au pied. A deux minutes du terme, ce dernier manque d'ailleurs le drop de la victoire alors qu'il était dans les meilleurs dispositions. Pragmatisme et sang-froid sont français ce jour-là !

Les autres victoires françaises à Twickenham:
26 février 1955, Angleterre-France (9-16)
25 février 1967, Angleterre-France (12-16)
1er février 1975, Angleterre-France (20-27)
21 mars 1981, Angleterre-France (12-16)
15 janvier 1983, Angleterre-France (15-19)
11 août 2007, Angleterre-France (15-21)

Fabien POMIES et Clément MAZELLA