N'Tamack: "Les joueurs doivent définir entre eux le jeu qu'ils veulent mettre en place"

Le rugby qu'on demande à ces garçons est d'un niveau supérieur à celui du Top 14, et ils n'y arrivent pas. Le premier constat d'Emile N'Tamack au coup de sifflet final de France-pays de Galles samedi soir en dit long. Sur les ondes de Sud Radio, l'ancien entraîneur des trois-quarts du XV de France a évoqué les limites, flagrantes contre les Gallois, des Tricolores. Dans les intentions, dans la capacité à s'organiser sur des séquences plus longues, il y a un manque de maîtrise, explique N'Tamack. On a quelques points forts mais qui s'effritent, notamment la défense. On ne peut rien dire sur l'engagement des garçons, ils plaquent, se relèvent... Mais au bout d'un moment, n'importe quel mur se fissure quand on tape dessus. L'ambition, c'est d'aller sur un jeu de mouvement, d'initiatives, de créativité qui leur permettra d'espérer. On est triste pour eux, on sent qu'ils ont envie de bien faire.

Selon l'analyse d'Emile N'Tamack, les Bleus, coincés dans un jeu trop stéréotypés, n'ont pas réussi à s'adapter. Je sens une perte de confiance dans ce qu'ils mettent en place. Le rugby répond à des situations que l'on voit: est-ce que la défense est organisée? La réponse que l'on va donner est-elle adaptée? On ne réalise pas forcément ce que l'on a préparé à l'avance, si ce n'est pas la bonne réponse à la situation visualisée. Là, les joueurs manquent encore d'instinct, estime l'ancien Toulousain. On sent qu'ils répètent un travail qui a été mis en place mais que ce n'est pas fait naturellement. Les intentions sont là mais découlent sur des maladresses, des choix peu judicieux et de l'usure. Car une fois que tu mets en place ce que tu as travaillé et que cela ne fonctionne pas, que tu as utilisé le plan A, le plan B et le plan secours, il ne reste que le courage. Et on ne peut pas dire qu'ils n'en ont pas...

"C'est dans la tête que les verrous vont sauter"

Clairement, donc, la problème vient du manque de repères offensif des Bleus, apparemment orphelins d'un plan de jeu. Pour l'ancien coach français, la solution de viendra pas d'un élément, la réponse doit être collective. On ne retirera jamais du positif d'un seul joueur parce que tant que la prise d'initiative n'est pas soutenue par tout un collectif, cela ne fonctionnera jamais, prévient N'Tamack. Les Gallois ont joué un récital collectif, propre, simple, efficace. En face, on avait l'équipe de France qui se cherche, qui a mal à la tête. C'est dans la tête que les verrous vont sauter. Il va falloir qu'ils comprennent que c'est ensemble qu'ils arriveront à faire quelque chose. Les mêmes acteurs peuvent donner une partition complètement différente à partir du moment où ils font les choses ensemble, espère-t-il. Les joueurs doivent définir entre eux le jeu qu'ils veulent mettre en place. Si le projet de jeu ne leur va pas, ils doivent en parler ensemble, c'est un "feedback" permanent qui fait qu'un groupe fonctionne. Bien sûr que les joueurs prennent toujours le pouvoir, il le faut, c'est la réalité de tout sport collectif.