Ibanez: "Le Crunch ? Toujours autant abrasif"

  • Raphaël Ibanez - bordeaux bègles - 25 janvier 2014
    Raphaël Ibanez - bordeaux bègles - 25 janvier 2014
  • Raphael Ibanez - france angleterre - 11 aout 2007
    Raphael Ibanez - france angleterre - 11 aout 2007
Publié le Mis à jour
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Le manager de l'UBB et ancien capitaine des Bleus Raphaël Ibanez se délecte quand il s'agit d'évoquer le Crunch, lui qui en a disputé quatorze (6 victoires, 8 défaites), et croit au renouveau des Bleus portés par Jules Plisson. 

Quand on est international, on dit que jouer les All Blacks, c'est un rêve. Jouer les Anglais, ça a quelle saveur ? 

Raphaël IBANEZ: Jouer les Anglais, c'est faire partie de l'histoire du rugby européen. On se mesure pour aller chercher la suprématie européenne même si on a tendance à oublier que les Gallois sont redoutables. L'Angleterre, cela renvoie à notre tradition, cela amène aussi un supplément d'âme et de motivation chez les joueurs français. 

Ce sont toujours nos meilleurs ennemis ? 

R.I.: On peut considérer que ce sont nos meilleurs ennemis. Il y a ce terme qui me faisait sourire lorsque j'évoluais carrément au cœur de l'ennemi, avec les London Wasps: ils se plaisent à évoquer l'entente cordiale. 'On est dans l'entente cordiale', dans la convivialité autour du rugby même si sur le terrain il y a quand même une compétition acharnée qui s'est déplacée aussi. Elle n'est plus sur le terrain des mots, des provocations autour des matches, on trouve aujourd'hui une communication très sobre envers l'adversaire. Sur le terrain en revanche, c'est toujours aussi intense, rugueux et pour reprendre un anglicisme, c'est toujours autant 'abrasif'. Ce sont des termes que les Anglais aiment bien employer quand ils affrontent les Français. 

Une vraie chance pour le XV de France de se réhabiliter aux yeux du grand public

Les Anglais sont-ils plus forts actuellement ? 

R.I.: C'est difficile à dire. Au jeu des comparaisons, si on se réfère aux précédents matches, l'Angleterre a l'avantage car elle s'est bien comportée lors des Tests de novembre. La France a affronté du très gros, du très lourd, ce qui se fait de mieux au monde, la Nouvelle-Zélande notamment. On aurait tendance à donner l'avantage à l'Angleterre mais le Tournoi est tellement particulier. On fait souvent référence à la tradition, au côté historique de cette compétition. C'est un premier match à prendre avec beaucoup d'enthousiasme et de générosité. Je suis certain que les Bleus trépignent d'impatience avant de rencontrer les Anglais. 

C'est un match à haute pression, avec trop de pression pour cette jeune charnière ? 

R.I.: Les choix ont été faits de façon à lancer dans le grand bain des jeunes joueurs, ou qui ont peu d'expérience à ce niveau. Moi, j'y vois plutôt un signe d'encouragement, de volonté d'apporter de la fraîcheur, de casser un cycle qui a été négatif depuis trop longtemps. La pression, l'attente sont là, mais je vois une vraie opportunité, une vraie chance pour le XV de France de se réhabiliter aux yeux du grand public en frappant très fort dès le premier match mais aussi retrouver une forme de confiance. La composition d'équipe me paraît logique si on se réfère aux hommes en forme. Elle est très équilibrée avec une option choisie sur les duels aériens en 2e et en 3e lignes. C'est une équipe qui va pouvoir se lancer avec beaucoup d'appétit. 

On a des garanties sur la mêlée fermée

Comment jugez-vous Jules Plisson ? 

R.I.: Quand le Stade français est venu jouer l'UBB à Chaban-Delmas, on avait obtenu une belle victoire (45-23) mais du côté du Stade français, je n'avais que deux noms en tête: (Hugo) Bonneval et Plisson. Ils avaient réellement été des éléments clés dans leur dispositif, notamment Plisson qui avait réalisé une grande performance malgré la domination de l'UBB. C'est un joueur jeune, qui s'engage sur la ligne d'avantage, qui a une forme de compréhension du jeu. Il gagne en maturité après chaque match. C'est potentiellement le leader à ce poste qui faisait défaut jusqu'à maintenant. Il semble avoir la tête sur les épaules et il va falloir beaucoup de sang froid pour mener le jeu sur ce premier match.

Ces derniers jours, l'ancien sélectionneur Pierre Berbizier a été assez critique vis à vis du jeu produit par les Bleus. C'est votre cas aussi ? 

R.I.: Ce sont des critiques, des questions, ça peut aussi être considéré comme des voies de réflexion pour l'encadrement technique actuel. Si on fait juste le constat des difficultés de l'équipe de France, si on s'arrête là, on ne peut pas se projeter vers le futur et l'avenir. Le constat est fait, chacun avec ses mots et ses sensibilités, mais l'essentiel est d'apporter des réponses et on va les avoir très rapidement sur le terrain. Face à un adversaire aussi difficile que l'Angleterre, la France va d'abord se concentrer sur ce qui fait sa force, les éléments positifs, les fondamentaux, la conquête qui est très forte et je peux vous assurer que les Anglais sont super inquiets notamment au niveau de la mêlée. A chaque fois que les Anglais ont dû affronter nos Français en Coupe d'Europe, ils ont souffert pour ne pas dire exploser dans ce secteur-là. On a des garanties sur la mêlée fermée, en touche on va avoir nos ballons, on a choisi un côté aérien pour s'assurer la conquête directe. La défense est assez redoutable même si le capitaine Thierry Dusautoir fera défaut pour ce côté rugueux dans les rucks. Ensuite, le chantier offensif est celui qui demande le plus de temps et en effet, à ce niveau-là, on a le sentiment d'être en léger décalage avec ce qui se fait par ailleurs. Pour ce premier match, il ne faut pas trop en demander à l'équipe de France. On a fait le constat des défaillances ou des difficultés qu'elle a connues jusqu'à maintenant, mais sans trop s'emballer, si elle est capable de prendre vraiment les Anglais au cœur, avec le cœur et l'affectif, on peut avoir une vraie surprise pour ce premier match. 

Raphael Ibanez - france angleterre - 11 aout 2007
Raphael Ibanez - france angleterre - 11 aout 2007
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