Pour avancer, il faut désormais des meneurs

  • Groupe XV de France - galles france - 21 février 2014
    Groupe XV de France - galles france - 21 février 2014
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En quête de nouveaux talents et de nouveaux équilibres depuis deux ans déjà, l'encadrement du XV de France peine à faire émerger les leaders qui pourraient guider son groupe vers la Coupe du monde 2015.

Philippe Saint-André et ses adjoints Yannick Bru et Patrice Lagisquet ont pris leurs fonctions à une époque charnière du XV de France. Les Bleus avaient atteint la finale de la Coupe du monde 2011 avec la génération des Servat, Nallet, Bonnaire, Harinordoquy, Yachvili, Rougerie rompus aux joutes internationales. Avec en tête l'horizon 2015, le trio a logiquement fait le choix de rajeunir son effectif. Mais deux ans plus tard, il n'a toujours pas de véritables meneurs capables de prendre en mains la destinée de son groupe. Un échec qui va de pair avec son jeu balbutiant.

Le Tournoi 2012 avait, certes, servi de transition-jubilé pour les trentenaires, remplacés ensuite par des jeunes "à fort potentiel". Yoann Maestri et Wesley Fofana ont donc été lancés. Maxime Machenaud et Brice Dulin (en juin 2012), Mathieu Bastareaud et Yoann Huget (Tournoi 2013), Jules Plisson (Tournoi 2014) notamment ont suivi et acquièrent progressivement une expérience internationale avec autour d'eux les "anciens", Nicolas Mas (70 sélections), Dimitri Szarzewski (78 sélections), Pascal Papé, (53 sélections), Thierry Dusautoir (65 sélections). Suffisants, en théorie. "Pas besoin d'avoir 36.000 leaders. Si on en a trois ou quatre disposés à jouer le jeu et à prendre leurs responsabilités, ça suffit, souligne l'ancien entraîneur national Pierre Villepreux. Le rôle des leaders, c'est d'amener plus de participation des autres, de les rassurer par rapport au jeu. Il faut qu'il y ait un partage entre le staff et les joueurs et ce partage, il faut que les joueurs l'assument, ce sont eux qui sont sur le terrain". Mais les blessures à répétition et certains choix de l'encadrement n'ont pas permis d'installer dans la durée de véritables leaders.

Les cas Parra et Picamoles

Les récentes décisions concernant Morgan Parra et Louis Picamoles, deux joueurs mondialement reconnus, ont ainsi laissé sceptiques. Picamoles (27 ans, 41 sélections) a été évincé du groupe après la défaite au pays de Galles pour son mauvais match et son insolence envers l'arbitre. Il est pourtant le seul N.8 français à vraiment pouvoir casser la ligne adverse. Quant au cas du demi de mêlée de Clermont Morgan Parra (25 ans, 54 sél.), botteur et leader, il est à lui seul symptomatique de certains choix peu lisibles. Ecarté du Tournoi au profit de Jean-Marc Doussain après une tournée de novembre jugée insatisfaisante, il avait été rappelé après la déroute de Cardiff avant d'être suspendu pour un coup de tête. Mais dimanche, surprise: alors qu'il a purgé sa peine et que Machenaud n'a pas forcément brillé en Ecosse, Parra n'a pas été rappelé contre l'Irlande.

Et pendant que ces leaders potentiels sont sur la sellette, les jeunes tardent, eux, à s'affirmer. "C'est bizarre. Je ne me sens pas la légitimité de donner des conseils", confie Mathieu Bastareaud. "C'est peut-être à moi de m'affirmer plus, de forcer ma nature". Saint-André a aussi tenté d'investir son indéboulonnable centre Wesley Fofana (23 fois titulaire en 24 sélections). "On a beaucoup parlé de mon rôle dans la ligne de trois-quarts. Je n'ai aucun problème pour être leader sur le terrain", expliquait le joueur en début de Tournoi. "Mais je ne suis pas un donneur de leçon, à dire il faut faire ci ou ça. Je préfère agir", ajoutait-il en demandant "du temps".

Certains reprochent aussi à Saint-André, pourtant ancien capitaine du XV de France, de ne pas lui-même s'affirmer comme un vrai meneur. "J'ai envie de lui dire: fais nous rêver ! Il doit avoir une attitude de champion du monde", a lancé son ancien président à Toulon, Mourad Boudjellal. "Aujourd'hui, il donne des excuses aux joueurs pour pas qu'ils soient bons. Les gars ont l'impression d'être choisis par défaut. Il doit relever la tête, il va être champion du monde. Il doit se le dire".

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