Souvenirs de Twickenham

Par Rugbyrama
  • Angleterre France tournoi 1991 Blanco.
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  • France 1977
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  • France Blanco 1991
    France Blanco 1991
  • France Yachvili 2005
    France Yachvili 2005
Publié le Mis à jour
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Pour le XV de France, un déplacement à Twickenham, l'antre de l'ennemi anglais, est toujours un évènement. Pour le meilleur ou pour le pire. Retour sur quelques rencontres mémorables livrées par les Bleus dans la capitale anglaise depuis près d'un siècle dans le cadre du Tournoi.

1911: Fanny pour la première

La première confrontation entre les deux pays dans le cadre du Tournoi a eu lieu un an plus tôt au Parc des Princes. Avec, évidemment, une victoire anglaise. Pour leur premier voyage à Twickenham, les Français repartent avec une petite valise (37-0). Jusqu'au début des années 50, en 11 matches disputés à Londres, le XV de France va subir 10 défaites, pour un match nul, inscrivant en moyenne pas plus de quatre points par rencontre.

1951: Et Twickenham tomba

Jour de gloire pour l'équipe de France qui signe la première victoire de son histoire à Londres. Les Bleus, qui s'imposent 11 à 3, sont guidés par un Jean Prat immense, auteur du deuxième essai tricolore, d'une transformation et d'une pénalité. Il y a gagne définitivement ses galons de "Monsieur rugby" et mènera à nouveau les siens à la victoire à Twickenham quatre ans plus tard. La France est décomplexée pour de bon.

1977: Les Bleus en résistance

L'exploit, les Français l'ont signé avant d'aller à Twickenham, en battant la grande équipe du pays de Galles. Sportivement, le déplacement en Angleterre (qui reste sur une cuillère de bois l'année précédente) représente un moindre défi, mais le contexte va le rendre exceptionnellement difficile à gérer. La presse anglaise se déchaîne avant le match, qualifiant les Français de "voyous". Principale cible, Jean-Pierre Bastiata. "Set that Bastiat " ("abattez ce Bastiait"), implorent les tabloïds. Il n'en fallait pas plus pour gonfler à bloc le public de Twickenham, et le XV anglais. Surmotivés, les Blancs vont dominer ce match et mettre au supplice la défense tricolore, fort heureusement héroïque. Fort heureusement aussi, le buteur anglais Alistair Hignell trouve le moyen de manquer sept pénalités ! Du coup, l'essai de Sangalli en début de seconde période, même non transformé, suffit à mener la bande à Jacques Fouroux vers la victoire, 4 à 3.

France 1977
France 1977

1981: Rives au sommet

Lorsque le XV de France se présente à Twickenham ce 21 mars 1981, c'est avec l'ambition de réussir le troisième Grand Chelem de son histoire, suite aux victoires contre l'Ecosse et Galles au Parc des Princes et à Dublin face à l'Irlande. Cette équipe, c'est celle du légendaire capitaine et troisième ligne Jean-Pierre Rives, mais aussi celle de Robert Paparemborde, Jean-Luc Joinel ou Didier Codorniou. C'est aussi, déjà, celle de Pierre Berbizier et Serge Blanco, qui porteront le rugby français dans les dix années suivantes. C'est d'ailleurs sur un coup de filou de Berbiz', sous la forme d'un touche rapidement jouée dans les 22 anglais, qu'intervient le premier essai tricolore, signé Lacans. Le second est inscrit quelques minutes plus tard, par Lolo Pardo, après un bijou de combinaison avec Codorniou. Ajoutez à cela deux drops de Guy Laporte, et la France, forte de l'appui du vent, mène 16-0 à la pause. Ce sera trop pour les Anglais, qui viendront mourir à quatre longueurs. Jean-Pierre Rives savoure son triomphe.

1987: Sella dans la légende

Après une victoire laborieuse face aux Gallois, les Bleus débarquent à Londres sur la pointe des pieds, même s'ils restent sur quatre victoires dans la capitale anglaise. Contre le vent, ils sont secoués d'entrée par le pack anglais. L'arrière Marcus Rose enquille trois pénalités en 12 minutes (9-0), profitant de l'indiscipline tricolore. "On s'attendait à cette course à handicaps. Mais on savait aussi que si on pouvait limiter les dégâts en début de match, le coup serait jouable", commentera Jacques Fouroux. Toujours derrière à la pause (12-3), le XV de France revient d'abord grâce à un essai d'Eric Bonneval, bien servi par Eric Champ. Puis vient le coup de génie de ce match: au plus fort de la domination anglaise, Philippe Sella jaillit et intercepte une passe destinée à Rob Andrew. 70 mètres plus loin, au terme d'une course folle, l'insaisissable agenais va à dame et claque peut-être son plus bel essai international. La France s'impose 19-15 et réalisera le Grand Chelem.

1991: L'essai du siècle

Période de vaches maigres pour le XV de France qui, de 1989 à 1995, va s'incliner quatre fois de suite à Twickenham. C'est la période des "sorry, good game", du capitaine Will Carling. Mais en ce 16 mars 1991, le capitaine anglais est probablement sincère, tant les Français lui ont fait peur. De ce match, l'histoire n'a retenu qu'une chose: un essai français de plus de 100 mètres, considéré depuis comme "l'essai du siècle" par nos amis anglais. A l'origine, une banale pénalité ratée par les Anglais. Serge Blanco récupère dans l'en-but. Il va aplatir. Renvoi aux 22m. Oui, mais non. L'arrière biarrot fond les plombs. Il relance. Le soutien est là et la cavalerie déborde sur l'aile droite. Didier Cambérabéro se montre alors décisif. Un premier coup de pied par-dessus pour lui-même puis un deuxième pour recentrer le ballon au moment où la défense anglaise arrive en masse sur lui. Le piège se referme. Dans l'axe du terrain, Philippe Saint-André est seul. Il récupère la gonfle et marque entre les perches. Cet essai reste comme l'incarnation de l'essence même du french flair. Génial. Inoubliable. Tellement inoubliable qu'on en a même oublié que ce jour-là, c'est l'Angleterre qui s'est imposée, 21-19.

France Blanco 1991
France Blanco 1991

1997: L'incroyable retour

Une décennie complète s'est écoulée depuis la dernière victoire tricolore dans le temple du rugby anglais (voir ci-dessus). Dix ans pendant lesquels les Anglais ont fait beaucoup de misères aux Bleus. Mais le temps des vaches maigres est révolu, même s'il est difficile de le croire pendant une heure. Aux deux tiers du match, les Français sont en effet menés 20 à 6 et le "Swing low, swing chariot" résonne allègrement dans les travées. Heureusement, les Bleus vont sortir une fin de match aussi exceptionnelle qu'inattendue avec notamment deux essais de l'ailier berjallien Laurent Leflamand et du Briviste Christophe Lamaison, par ailleurs auteur de 18 points, dont la pénalité victorieuse à trois minutes du terme. Twickenham, stupéfait, assiste à la défaite des siens, 23 à 20. Olivier Magne, pour sa première en bleu, finit à genoux, des larmes de bonheur plein les joues.

2005: Yachvili, le bourreau

C'est le deuxième match du Tournoi pour les Français. Le premier, malgré une victoire contre l'Ecosse, a plus inquiété que rassuré. A Twickenham, face à une équipe d'Angleterre qui se cherche elle aussi, les hommes de Bernard Laporte ne vont proposer qu'un minimum de jeu. Mais ils vont afficher un maximum de réalisme. Le XV de la Rose domine pendant une grosse mi-temps, et s'envole au score. Mais la faillite de ses buteurs, Barkley et Hodgson, maintient les Bleus dans le match. La botte de Yachvili fera le reste. Auteur d'un sans-faute, le Biarrot, remplaçant face à l'Ecosse, punit les Anglais en inscrivant six pénalités. Les Bleus s'imposent 18-17, leur première victoire à Twickenham depuis huit ans. Pas la plus belle, mais la dernière en date dans le cadre du Tournoi.

France Yachvili 2005
France Yachvili 2005
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