La République sans Etat

Par Rugbyrama
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En déclarant publiquement "laisser les joueurs se démerder tout seuls" après la défaite des Bleus en Italie (21-22) ce samedi, Marc Lièvremont a mis le groupe devant ses responsabilités mais a aussi officialisé une mise en retrait, au moins passagère, de sa part. Aux joueurs de trouver la clé...

Une rupture ? Une prise de conscience collective ? Que s’est-il passé dans les minutes qui ont suivi l’humiliante défaite des Bleus ? Marc Lièvremont a donné un élément de réponse : "Je n’ai même pas parlé aux joueurs après le match. De toute façon, que vouliez-vous que je leur dise ? J’ai juste glissé quelques mots à Thierry (le capitaine Dusautoir, NDLR) et lui a ensuite parlé au groupe." Quelles ont été les paroles et le ton du capitaine dans les vestiaires de Flaminio ? Ce dernier évite le sujet : "Oui, j’ai parlé mais je n’entrerai pas dans la confidence." "On s’est dit certaines vérités et on attend avec impatience la semaine prochaine pour les mettre en pratique", confie à peine Yoann Huget. On n’en saura pas davantage.

Reste que l’attitude des Français sur la pelouse romaine laisse songeur. Marc Lièvremont aurait-il été lâché par ses hommes ? La question lui a été posée en conférence de presse. La réponse : "Je ne sais pas. Il faut leur demander…" C’est à cet instant que Thierry Dusautoir lui a coupé la parole, le capitaine venant au secours du sélectionneur : "Les joueurs sont loin d’avoir été à la hauteur. Nous en sommes conscients. Mais ce qu’il se passe dans le groupe ou dans ses rapports avec Marc n’est pas le problème. Il faut arrêter de chercher la petite bête." Une scène révélatrice du malaise ambiant dans les travées de Flaminio. S’il est exagéré d’évoquer une coupure totale, elle a au moins été partielle. Le temps de quelques heures, Lièvremont s'étant clairement démarqué de ses joueurs : "Moi, je ne suis pas sur le terrain. Là, je crois que je vais laisser les joueurs se démerder tout seuls…"

Le discours du staff est-il audible ?

Dépassé par les événements, en prononçant cette phrase significative, le sélectionneur a alors laissé le bateau ivre sans commandant à bord. Officiellement et l’espace d’un moment à la durée encore indéterminée, ce fut aux joueurs ballotés et ridiculisés dans le naufrage romain de prendre leurs responsabilités. "Cette désillusion doit venir des joueurs, théorise Vincent Clerc. Nous avons une part de responsabilité énorme et il y a de vraies questions à se poser. Le groupe s’est dit les choses après l’Australie. Tout a été remis à plat mais il aurait été trop beau que tout soit déjà réglé…On va continuer de beaucoup communiquer." Et dire que le sélectionneur leur en a donné l’occasion est un doux euphémisme. "Ça dépend toujours de nous, explique Julien Bonnaire. Le problème, c’est qu’on se dit de nombreuses choses que l’on ne respecte pas."

Le problème est peut-être encore plus large. Le discours du staff est-il vraiment audible ? Marc Lièvremont, lui-même, s’interroge : "Beaucoup de choses me passent par la tête : Est-ce que mon message est entendu ? Est-ce que je me fais bien comprendre ? Il faut poser la question aux joueurs." Cela a été fait, notamment sur le projet de jeu que les principaux acteurs ont toujours autant de mal à s’approprier. "Il existe sûrement des choses qui sont encore mal comprises ou pas assimilées, reconnaît Clerc. C’est juste une question de travail. Pour intégrer, il faut du temps. On se sentait sur une dynamique de progression et voilà, ça fait chier cet accroc !" Maintenant, les joueurs doivent trouver la clé. D’abord entre eux à priori. "Soit on a envie de se faire encore taper dessus dans les prochaines semaines, soit de montrer un visage digne de l’équipe de France", clame Huget. Car pour la révolution, il semble être trop tard…

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