Bleus : la force du caractère

La victoire des Bleus en Ecosse, la première à l'extérieur de l'ère Saint-André, peut être envisagée sous deux angles. D'un côté, on peut retenir leur flagrant faux départ, énumérer la litanie de plaquages manqués ou stigmatiser des carences dans la gestion... De l'autre, on peut noter l'impitoyable réalisme, remercier l'ouvrage de la mêlée et, surtout, saluer la force de caractère des Français. Au coup de sifflet final, tous les vainqueurs du jour avaient en tout cas choisi leur camp.

Tout en reconnaissant leurs torts, ils soulignaient à l'unanimité cette salutaire capacité de réaction. Car dans un premier temps, les Bleus avaient oublié de passer à l'action. Les Ecossais, lancés à l'abordage, avaient alors logiquement pris l'ascendant au tableau d'affichage (10-0, 26e): "D'entrée, ils nous ont servis niveau intensité, témoigne le deuxième ligne Yoann Maestri, auteur d'une solide prestation pour sa première titularisation. Pourtant, tout le monde s'attendait à ce qu'ils mettent un gros rythme..." Sous pression pendant les vingt premières minutes, le XV de France a plié, rompu mais sans lâcher irrémédiablement: "Il fallait avant tout rester unis, clame l'ouvreur François Trinh-Duc. Même si l'entame a été à leur avantage, l'équipe n'a pas craquée, ne s'est pas désolidarisée."

Malzieu: "La naissance d'un groupe"

Une fois les Ecossais asphyxiés par leur propre rythme, Thierry Dusautoir, toujours exemplaire, et ses partenaires ont amorcé la contre-attaque. Parvenant enfin à conserver le ballon et à enchaîner des séquences, ils répliquaient par l'intermédiaire de Fofana (28e). Revenus à égalité à la mi-temps, les Français accéléraient en début de deuxième période, enfonçant le XV du Chardon dans l'axe pour prendre les devants et affirmer leur supériorité. Sans génie mais avec conviction.

L'essai de Jones (56e), imité deux minutes plus tard par Médard, n'y changeait rien. "Nous avons été capables de revenir petit à petit sans nous mettre de pression", apprécie le demi de mêlée Morgan Parra, à son avantage sur la pelouse de Murrayfield. "Il y a eu une grosse communication entre nous malgré la fatigue, explique Julien Malzieu, une nouvelle fois décisif sur son aile gauche. Nous avons montré que le XV de France est une équipe de caractère. Je pense que ce match peut marquer la naissance d'un groupe, même s'il reste beaucoup de Mondialistes. Mais il faut le confirmer." La prochaine rencontre des Bleus, dimanche, va justement proposer un sérieux test d'aptitude mentale. Leur force de caractère va en effet être confrontrée à une référence mondiale en la matière: le "fighting spirit" irlandais.