Un moindre mal pour les Bleus

Le bourreau des Bleus a un nom: Tommy Bowe. L'ailier irlandais a réalisé un véritable festival en première période. Il a débuté à la 13e quand après une touche défensive des Bleus sur leurs trente mètres, ils choisissaient d'ouvrir. Une sautée de Trinh-Duc pour Rougerie qui cherchait ensuite Poitrenaud au large... Bowe avait tout vu et interceptait le ballon pour marquer un premier essai sous les poteaux. 7-0 pour le XV du Trèfle. Un quart d'heure plus tard, le même Bowe était à deux doigts de récidiver en anticipant une passe de Parra sur les cinquante mètres. Un peu court, il échappait le ballon d'un rien... Ce n'était que partie remise. A la 38e, les Irlandais le trouvait en bout de ligne à l'entrée du camp français. Une accélération le long de la ligne de touche pour déborder la défense, un coup de pied par-dessus Poitrenaud qu'il récupérait, une feinte de passe à l'intérieur et il s'offrait un doublé.

A cet instant, les Bleus semblaient assommés. Surtout, comme face à l'Italie, comme en Ecosse, ils ont démarré le match de la pire des manières. Laissant les Irlandais prendre les commandes du rendez-vous. Il a même fallu attendre la 21e pour voir la première occasion d'essai française après un passage de bras de Trinh-Duc sur les 25 mètres adverses et une percée d'Harinordoquy. Déficients dans le jeu d'occupation au pied, ultra-dominés dans les zones de ruck, les hommes de Philippe Saint-André s'en sont d'abord remis à leur mêlée fermée et aux pénalités de Parra pour sauver les meubles. Deux coups de pied réussis par le demi de mêlée (23e, 30e) contre une pénalité et deux transformations de Sexton permettaient aux siens de revenir menés de onze points à la pause (6-17).

La réaction des Bleus

En deuxième période, les Bleus étaient revenus avec de meilleures intentions, investissant d'emblée le camp irlandais. Et il n'a fallu que dix-sept minutes pour les voir combler leur retard. Une pression constante, deux pénalités de Parra (47e, 57e)... Mais surtout le troisième essai en autant de sélections pour Wesley Fofana (50e). Après une énorme relance de Poitrenaud, le centre clermontois ramassait un ballon tombé sur la ligne médiane pour sprinter sur cinquante mètres, raffuter Kearney et marquer en coin. 17-17 à l'entame des vingt dernières minutes, la France, avec son nouveau visage, avait fait le plus dur. C'est ce que l'on croyait en tout cas. Car cela a suffi à réveiller les Irlandais, bien décidés à frapper un grand coup au Stade de France et qui ont squatté les 22 mètres français jusqu'à la 70e, se créant plusieurs situations favorables sans concrétiser.

Et c'est dans les dix dernières minutes que les Français vont avoir les occasions de remporter leur troisième succès dans ce Tournoi. Dix minutes pendant lesquelles ils ont su investir à leur tour la moitié de terrain adverse, multipliant les pick and go, mettant les Irlandais sur le reculoir. Et surtout plaçant Lionel Beauxis, entré à la place de Clément Poitrenaud, en position de drop à deux reprises. Le premier complètement raté (74e) puis un deuxième contré (76e). L'ultime possession qui a abouti au débordement de Julien Malzieu dans les arrêts de jeu n'y changera rien. Même si les Bleus n'ont pas encaissé le moindre point en deuxième mi-temps et ont largement limité les dégâts en montrant un autre visage, ce match nul laissera un goût amer. Celui d'une entame encore une fois mal négociée.