Les patients anglais

Si Delon Armitage n'avait pas intercepté la passe de Stephen Jones devant les 22 m anglais à la 75e minute de jeu, Twickenham n'aurait peut-être pas fêté son centenaire international dans la victoire… Les Anglais ont beau l'avoir emporté largement, ils menaient seulement de trois points (20-17) à la 75e minute de jeu. Mais voilà, ils ont su résister au retour des Gallois en deuxième période et surtout enfoncer le clou quand il le fallait. Hyper réalistes, grâce à la botte toujours aussi efficace de Jonny Wilkinson, ils ont rendu une copie encourageante malgré ces quelques frayeurs en fin de match et une impression assez brouillonne dans l'ensemble.

Le jeu au sol

Premier motif de satisfaction : le jeu au sol. Impériaux dans ce secteur, les coéquipiers de Steve Borthwick – décrié ces derniers temps mais exemplaire samedi – ont littéralement sevré les Gallois de munitions. Ils ont d'ailleurs récupéré dix-huit ballons sur des attaques adverses, dont cinq dans des rucks gallois. Plus agressifs, plus présents, ils ont ralenti toutes les sorties de balles de Cooper, qui a bien eu du mal à lancer le jeu des siens en suivant. Même scénario en touche, où le talonneur Matthew Rees a sacrément manqué aux Diables rouges. Le contre anglais a récupéré cinq ballons sur les douze lancers de Williams et Bennett. Quant à la mêlée, elle a aussi souffert de l'absence de Gethin Jenkins, en première mi-temps notamment.

Grosse performance d'Haskell

Bref, l'Angleterre a assuré sur les fondamentaux, ce qu'elle peinait à faire depuis de longs mois. L'ancien capitaine Lawrence Dallaglio, pourtant très critique ces derniers jours, le reconnaissait dimanche dans sa chronique du Sunday Times. "L'équipe a été bonne en mêlée et la touche encore meilleure, détruisant le pays de Galles dans ce secteur." Une bonne performance des avants symbolisée par la réussite d'un seul homme : le troisième ligne du Stade français James Haskell, auteur de ses deux premiers essais internationaux durant cette rencontre. Selon Dallaglio, le Parisien a été "solide en défense, impressionnant balle en mains et n'a pas été pénalisé". Le bilan des arrières semble toutefois moins satisfaisant. L'absence de Ricky Flutey, forfait à la dernière minute, a encore une fois été préjudiciable. Mais à la différence des tests de novembre, on a senti des frémissements dans la ligne de trois-quarts quand elle est parvenue à accélérer, à l'image de la géniale interception d'Armitage.

De nouvelles ressources

Le sélectionneur Martin Johnson affichait une grande satisfaction après la rencontre. "J'ai trouvé que nous avions bien joué. Je suis heureux de la façon dont les garçons ont répondu à ce défi. Dans ces rencontres, il y a beaucoup de pression et d'attente. On a probablement essayé de trop jouer par moments. On a un peu baissé la garde en seconde période et on leur a offert la chance de revenir. En défense, on a parfois été un peu nerveux, mais on a su tuer le match quand il le fallait. Il y a deux ans, on aurait perdu une telle partie." C'est peut-être ça le principal enseignement de la rencontre : les Anglais ont su trouver les ressources pour tenir dans l'adversité, c'est ça qui est nouveau : "Rester devant au score et ne pas avoir plié durant ce moment difficile en deuxième période, voilà ce qui constitue principalement notre avancée. Il faut continuer comme ça", affirmait le demi d'ouverture toulonnaisJonnyWilkinson, pour qui l'Angleterre a fait "un grand grand pas en-avant" samedi.