Traille : "La Coupe du monde, c’est demain"

Par Rugbyrama
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Actuellement blessé au genou (rupture partielle du ligament), le trois-quarts polyvalent de Biarritz, Damien Traille, va rater une grande partie du Tournoi des 6 Nations. L'occasion pour lui de nous donner de ses nouvelles, de livrer ses impressions sur le XV de France et sur les difficultés du BO.

Avant toute chose, comment allez-vous ? Et surtout où en êtes-vous ?

 Damien TRAILLE : Ça va bien. Les choses suivent parfaitement leur cours depuis le jour de la blessure. J’en suis à ma troisième semaine d’attelle et donc d’immobilisation. Mais je l’enlève ce dimanche. Le côté positif, c’est que je ne ressens aucune douleur quand je marche ou quoi que ce soit. J’ai déjà repris le vélo et le renforcement musculaire. Je n’ai plus qu’à attendre la période de cicatrisation pour reprendre la course.

Il se murmure que votre rétablissement avance plus vite que prévu…

 D.T. : Je me sens effectivement bien et mon rétablissement avance bien. Mais je ne tire aucun plan sur la comète. Je veux d’abord retrouver 100% de mes capacités avant d’envisager une reprise. Je ne veux surtout pas reprendre trop tôt et risquer une blessure encore plus grave.

Vous êtes-vous fixé comme objectif de retrouver les Bleus avant la fin du Tournoi des 6 Nations ?

 D.T. : C’est un objectif, bien sûr. Je pense reprendre en club avant la fin du Tournoi. Après, je n’ai pas de date précise. Je suis évidemment pressé de recommencer la course, de m’entraîner. Mais soyons lucides, on ne peut pas directement reprendre en sélection. Cela passe d’abord par le club. Retrouver les Bleus, cela dépendra aussi de mes sensations. Alors, mon principal objectif est donc avant tout de vite reprendre avec le BO qui est dans une situation inconfortable.

 Votre blessure vous permet d’avoir un peur de recul sur le début du Tournoi 2010. Quel regard portez-vous sur cette compétition et donc sur l’équipe de France ?

 D.T. : C’est un moment charnière en vue de la prochaine Coupe du monde. Nous avons vu que nous étions capables de faire de très bons résultats. Malheureusement, on n’arrive pas à confirmer. Regardez la tournée dans l’hémisphère sud cet été, on réalise un super match en Nouvelle-Zélande et derrière, on s’effondre sur les deux autres rencontres. Cet automne, c’est la même chose. On fait deux gros matchs contre l’Afrique du Sud et les Samoa puis on s’effondre à nouveau face aux Blacks. Là, on va retrouver les nations du Nord. Ce sera une bonne occasion de se jauger par rapport à celles du Sud, sachant qu’on en a battu deux ces derniers mois.

Le XV de France a-t-il les moyens de réaliser le grand chelem ?

 D.T. : Evidemment, c’est l’objectif. Nous sommes conscients que ce ne sera pas simple mais nous savons que les années paires, nous avons la chance de recevoir trois fois, dont l’Angleterre et l’Irlande. Attention tout de même, les matchs en Ecosse et au pays de Galles seront très accrochés. C’est pourquoi le début de la compétition sera primordial. Il faudra vite retrouver nos repères malgré une préparation courte pour mettre notre jeu en place. Alors le grand chelem, oui c’est possible mais ce sera difficile.

Selon vous, quel est l’adversaire le plus dangereux pour les Bleus ?

 D.T. : Je crois que le principal adversaire de la France, c’est la France elle-même. On l’a vu notamment lors de nos derniers matchs. Quand il est dans un bon jour, c’est très dur de battre le XV de France. On peut alors prendre le dessus sur n’importe qui. Mais dès qu’on commence à avoir quelques imperfections techniques, on est de suite moins performant… En plus, aujourd’hui, toutes les nations sont dures à battre. Les Ecossais ont dominé l’Australie durant l’automne, l’Irlande a gagné contre les Boks. Les Bleus devront faire preuve d’une grande rigueur.

A titre personnel, vous changez fréquemment de poste en sélection. On vous a souvent vu au centre, puis à l’arrière comme lors de la dernière tournée d’automne, voire même à l’ouverture. A un an et demi de la Coupe du monde, n’avez-vous pas envie de vous fixer ?

 D.T. : Franchement, je pense que ma polyvalence est ma principale qualité, notamment pour faire partie du groupe. C’est donc une chance. Mais j’ai toujours répété que ce n’est pas la meilleure chose pour trouver les automatismes. Après, à l’âge que j’ai et avec mon expérience, je ne crois pas que ce soit un problème. J’ai assez de recul pour me préparer à changer de poste d’un week-end à l’autre ou en plein match. Ce n’est pas à un an et demi de la Coupe du monde et à plus de trente ans que je vais réclamer de me fixer à un poste. Si j’avais dû le faire, je l’aurais fait bien avant.

Avez-vous le sentiment que la Coupe du monde approche à grands pas ?

 D.T. : Quand je regarde celle que nous avons jouée en 2007 et celle qui arrive en 2011, je me dis que la Coupe du monde, c’est demain. Cela va arriver très vite. Dans quelques mois, nous n’aurons plus qu’une saison à jouer et en juin ou juillet, nous entamerons la préparation de la compétition. Il faut donc se concentrer sur cet événement dès maintenant pour trouver des certitudes.

Concernant votre club, Biarritz, comment expliquez-vous la différence entre vos difficultés en championnat et votre remarquable parcours en Coupe d’Europe ?

 D.T. : Je crois que beaucoup de personnes se méprennent et ne comprennent pas la différence. Remarquable parcours en Coupe d’Europe, il faut relativiser. Nous n’avons pas eu la poule le plus difficile et il est évident que notre victoire d’entrée en Ecosse, à Glasgow, a largement favorisé ce bon parcours. Après, si le bilan de la première phase est quasiment parfait, nous avons toujours réalisé des matchs moyens. C’est souvent grâce à des exploits individuels que nous avons pris le dessus et que nos adversaires ont ensuite craqué. Je me rappelle ainsi de la réception de Gloucester. Si " Zi " (surnom de TakudzaNgwenya, NDLR) ne nous réalise pas quelques exploits (triplé en un quart d’heure, NDLR), on est mené au score à la pause et en mauvaise posture. Après, nous avons tout de même un certain capital confiance en H Cup alors que nous avons de grosses difficultés en Top 14. En championnat, on n’y arrive pas.

Et par quoi passera donc le rétablissement ?

 D.T. : Par le travail et une énorme implication de chacun. Il faut que tout le monde prenne conscience de la situation. Ce n’est pas possible de continuer comme ça. Cela fait plus de deux ans qu’on n’y arrive plus. C’est quand même frustrant de ne plus avoir une équipe comme celle que nous avions lors de nos titres de champions de France. Nous devons donc nous poser les bonnes questions et réagir. Pour l’instant, ce n’est intéressant ni pour nous, ni pour nos dirigeants, ni pour nos supporters.

Alors que vous êtes en difficulté en Top 14, vous allez jouer votre quart de finale européen à domicile, puis la demie si vous vous qualifiez, avant éventuellement une finale au stade de France. Par conséquent, la Coupe d’Europe n’est-elle pas devenue un objectif prioritaire ?

 D.T. : Honnêtement, la priorité est de retrouver au plus vite notre enthousiasme et notre joie de vivre. Après, l’objectif est quand même d’être européens la saison prochaine. Pour y parvenir, il y a deux solutions : soit on termine dans les six premiers en Top 14, soit on remporte la Coupe d’Europe. Dans cette compétition, parmi les huit quart de finalistes, sur le plan du jeu, nous sommes une des équipes les moins performantes. Ce sera donc difficile. Mais nous avons la chance de pouvoir jouer trois matchs à domicile en quelque sorte pour la gagner. Nous allons par conséquent tout donner car la H Cup nous tient à cœur. Ceux qui ont perdu la finale européenne en 2006 l’ont un peu en travers de la gorge. Et puis cela fait du bien de retrouver les phases finales de Coupe d’Europe après deux ans d’absence. Au-delà, nous savons que de bons résultats dans cette compétition peuvent aussi permettre de se relancer en championnat.

 Vous avez déjà joué plusieurs fois au stade Anoeta de Saint-Sébastien. Ce sera encore le cas contre les Ospreys. Que représente une rencontre dans cette enceinte à vos yeux ?

 D.T. : C’est quelque chose de particulier. Dans cette enceinte de 32 000 personnes, même si nous aimons également évoluer à Aguilera, l’ambiance est extraordinaire. C’est toujours une superbe fête pour nos supporters et ceux de nos adversaires. Tout le monde apprécie les délocalisations à Anoeta. A nous de rendre la fête encore plus belle pour redonner de la joie au club et à notre public. Ce sont des moments magiques à vivre. Il ne faut donc pas rater ce genre de rendez-vous.

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