Des Bleus brouillés

Par Rugbyrama
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Le bilan de l'équipe de France dans le Tournoi des 6 Nations 2009 demeure inquiétant malgré la victoire finale en Italie. Le secteur offensif manque d'un fil conducteur, la défense est en chantier et les hommes n'arrivent pas à s'installer.

La victoire a peu de valeur. Marc Lièvremont l'a reconnu dès la fin de la démonstration tricolore face à une équipe italienne à la dérive. Il est beaucoup plus difficile de tirer des enseignements des cinquante points inscrits au Flaminio que des trente-quatre encaissés à Twickenham huit jours plus tôt. D'autant plus que la majorité des points inscrits à Rome par les Tricolores le furent sur des ballons offerts par les Italiens ou avec l'aide de l'arbitre M. Rolland oubliant des en-avant flagrants et un leurre illicite. Reste que le secteur offensif des Bleus demeure une énigme après ce Tournoi 2009.

Un jeu non défini

En effet, Marc Lièvremont, adepte d'un jeu ambitieux depuis sa prise de fonctions, semble aujourd'hui ne plus savoir sur quel pied danser. La défaite en Irlande lors de la première journée a glacé le staff technique tricolore conscient qu'une certaine rigueur tactique était nécessaire pour exister au niveau international. Fini les relances impossibles, les improvisations du triangle d'attaque et les temps de jeu inutiles dans son propre camp. Retour à la rigueur, à un jeu même sens systématique facilement mis en échec par l'Ecosse. Un manque d'alternance encore flagrant face à l'Angleterre. Ce deuxième Tournoi sous l'ère Lièvremont se termine sans un style de jeu établi et avec les mêmes questions en terme d'animation offensive. Le sélectionneur le concède : "Nous devrions être en train de peaufiner nos lancements de jeu, de corriger les plus petits détails. Au lieu de cela, nous devons tout reprendre à zéro." Des doutes qui se sont amplifiés au fil des semaines et des changements au niveau des hommes.

Le choix des hommes... et des postes

La ligne d'attaque française n'a toujours pas de patron car le sélectionneur n'arrive pas à arrêter un choix. "Lionel Beauxis est avec nous pour dix ans", s'était pourtant réjoui le staff tricolore pour débuter la compétition. Un idylle de 160 minutes seulement. Après la piètre victoire face à l'Ecosse, Marc Lièvremont a décidé de confier le numéro dix au centre Benoît Baby. Une expérience qui a tourné court après la blessure du Clermontois face au pays de Galles. Mais le sélectionneur a alors décidé de conserver François Trinh-Duc dans l'effectif au lieu de rappeler Lionel Beauxis. Un François Trinh-Duc jugé en dessous du niveau international par Lièvremont avant le début de la compétition. Un avis répété lors de la suspension de Florian Fritz et de la convocation de Maxime Mermoz après la défaite en Irlande : "Nous aurions pu appeler un ouvreur mais nous jugeons François Trinh-Duc un peu court pour être notre numéro dix en ce moment." Moins d'un mois après, le Montpelliérain terminait le Tournoi comme ouvreur titulaire du quinze de France.

Un reviremment de situation aussi abrupte qu'inexplicable qui n'est pas le seul de cette édition 2009. Louis Picamoles, écarté dans un premier temps pour affronter l'Angleterre et l'Italie après un début de tournoi difficile (19 minutes de jeu en trois rencontres), était finalement retenu pour le crunch suite au forfait de Romain Millo-Chulsky. Troisième ligne centre depuis son éclosion au plus haut niveau, Picamoles endossait pourtant le rôle de joker en deuxième ligne. Des hésitations, des retours en arrière (titularisation de Damien Traille en quinze) qui n'ont pas permis de dégager une ossature forte. Et la défaite à Twickenham pèsera aussi sur les futurs choix du sélectionneur : "Cette défaite nous aura au moins permis d'avancer sur certains joueurs."

Une défense en chantier

Les tâtonnements sont nombreux et le doute s'installe même dans les secteurs où l'on pensait l'équipe de France sûre de sa force. Réputés pour leur solidité défensive depuis le passage de Bernard Laporte, les Bleus ont perdu leurs repères. Trois essais encaissés en Irlande ont poussé le staff technique à revoir le travail effectué depuis plusieurs saisons par David Ellis. Avec la volonté de mettre en place une défense inversée, les joueurs tricolores ont souffert face à l'Ecosse, avant de tirer la langue pendant les quarante premières minutes face au pays de Galles. La déroute en Angleterre est bien entendu le symbole de ce changement risqué. Au final, les Bleus ont encaissé onze essais en cinq rencontre. Un ratio qui peut faire peur avant d'aller affronter la Nouvelle-Zélande et l'Australie au mois de juin.

A deux ans de la Coupe du monde, objectif avéré des Français, le projet de Marc Lièvremont bat de l'aile. Les hésitations, les reviremments de situation, les changements incessants dans le groupe et notamment le retour des "anciens", brouillent le message du sélectionneur qui donne l'impression de perdre sa ligne directrice. L'éventuelle destitution de Lionel Nallet de ses fonctions de capitaine au profit de Thierry Dusautoir semble aujourd'hui démontrer qu'il existe un véritable malaise au sein des Bleus.

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