Extérieur nuit

Par Rugbyrama
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Le XV de France avait promis de mettre le feu au large face à l'Angleterre. Mais la défense anglaise, impeccable sur les extérieurs, a trouvé la parade pour museler les feu follets tricolores, Aurélien Rougerie, Vincent Clerc et Cédric Heymans.

Cela restera le paradoxe de cette première défaite de l'ère Lièvremont. Toute la semaine, on avait glosé sur la faillite annoncée de la mêlée tricolore, sur l'extrême jeunesse de l'axe 8-9-10, voire sur l'absence d'un véritable buteur. Ces trois éléments, à des degrés divers, ont pesé sur l'issue de ce Crunch 2008. Mais globalement, les Bleus ont tenu bon sur leurs présumés points faibles. Au contraire, c'est finalement parce que leur arme principal, cette attaque de feu qui avait emporté l'Ecosse et l'Irlande, n'a pas été à la hauteur que les Bleus ont coincé. A vouloir trop jouer, et à tout prix, ils en ont oublié de varier.

En octobre, lors de la demi-finale du Mondial, on avait reproché aux Bleus de Laporte leur manque d'intentions, et l'aspect monomaniaque du credo "on occupe le terrain à tout prix". Quatre mois plus tard, l'équipe de Lièvremont est tombée dans l'excès inverse. Preuve que, au-delà de l'option choisie, c'est la faculté à la mettre intelligemment en oeuvre qui façonne, ou non, son succès. "Il me semble que nous avons beaucoup entrepris. Mais nous avons eu du mal à enchaîner les phases de jeu longues et nous n'avons pas su être patients", regrette le sélectionneur.

Apprendre sans se renier

Un constat lucide, partagé par ses joueurs. "On a manqué d'alternance", admet Cédric Heymans. Or les Anglais avaient parfaitement préparé leur coup sur le plan tactique. "Ils savaient que nous étions très dangereux au large. Défensivement, ils ont mis un système très agressif en place et nous n'avons jamais su trouver la solution", estime Dimitri Szarzewski. Attendus au coin du bois, Aurélien Rougerie, Vincent Clerc et Cédric Heymans n'ont pas vu un seul ballon réellement exploitable de la soirée. Les ailiers, même aussi talentueux que Clerc, sont avant tout des finisseurs dans le rugby moderne. Sans munition, ils n'ont rien à finir et leur influence sur le jeu s'en trouve largement amoindri.

Les Anglais savaient qu'en muselant les deux ailiers pyromanes, une bonne partie du chemin serait faite. "Bien sûr que nous redoutions les trois-quarts français, particulièrement Clerc et Heymans. J'avais demandé à mes joueurs de ne pas leur laisser le moindre mètre pour s'exprimer", avoue Brian Ashton. Mission parfaitement accomplie. "On était très attendus au large, sur les extérieurs, et ils nous ont bien contrés là-dessus, note Rougerie. On a réussi à trouver une solution dans l'axe. On aurait peut-être dû insister là-dessus. " Vincent Clerc devra donc attendre pour marquer son premier essai face à l'Angleterre. En quatre confrontations, le Toulousain n'a encore jamais trouvé la terre promise contre le XV de la Rose.

Devant ce sentiment d'impuissance face à la muraille blanche, le grand tort du XV tricolore fut de ne jamais trouver d'alternative. Au pied, par exemple. Face à ce rideau haut et compact, il aurait été intéressant de chercher à jouer dans le dos de la défense anglaise. Au lieu de quoi les Bleus ont voulu faire courir le ballon à tout prix. Ils s'y sont épuisés, car à jouer sans pied, on finit sur les genoux. On ne va pas reprocher à cette équipe de France d'avoir voulu trop jouer. Surtout pas. Mais elle devra retenir la leçon et apprendre à varier davantage. Non pour se renier, mais au contraire pour donner plus de relief encore à ses belles promesses.

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