Puissance contre adaptation
Portés par des identités marquées, Bordeaux et la Rochelle proposent des jeux différents. Chacun ses atouts et ses principes.
L’histoire a parfois de drôles de clins d’œil. Le rugby professionnel aussi, qui peut parfois se construire à rebours de l’identité d’un club. Le phénomène est d’autant plus remarquable en ce qui concerne La Rochelle et Bordeaux-Bègle tant, historiquement, le rugby des deux villes s’est bâti aux antipodes de celui qu’elles pratiquent aujourd’hui. Équipe rugueuse par excellence, les Rochelais avaient toujours compensé des gabarits moyens par un courage à toute épreuve à l’image d’un certain troisième ligne nommé Vincent Merling, et surtout une intelligence de jeu incarnée par la glorieuse dynastie des Élissalde. Quant aux Béglo-Bordelais, même si certains voudront peut-être remonter aux temps glorieux du Sbuc, il relève de l’évidence que ces derniers se sont surtout construits sur la puissance de leurs avants, ancrés dans l’image populaire par les célèbres Rapetous, champions de France 1991. Même si certains rétorqueront que l’UBB, fusion du CABBG et du Sbuc, s’est forgée une identité propre sous la houlette de son président Laurent Marti...
Entorses culturelles, et alors ?
Aujourd’hui ? Comme nous vous le livrions en préambule, c’est plutôt à l’inverse que l’on peut assister. Dans le sillage de ses malabars venus des îles, le Stade rochelais de Patrick Collazzo pratique un rugby de casse-brique, direct et frontal, où l’avancée passe davantage par la percussion que par la transmission. Une méthode qui, d’ailleurs, touche parfois ses limites à l’extérieur, lorsque le supplément d’âme insufflé par le public de Deflandre n’est plus là pour sublimer ce rugby de haute intensité physique... Quant aux Bordelais ? S’ils ont longtemps traîné l’image d’une équipe romantique axée sur le large-large durant les années Delpoux-Etcheto, celle-ci a progressivement évolué depuis l’arrivée de Raphaël Ibanez, Joe Worsley et Émile Ntamack. Plus méthodique, plus solide en défense et résistante au niveau du pack, l’UBB s’est petit à petit muée en véritable caméléon, capable d’exister face à n’importe quel type d’adversaire et de s’adapter à n’importe quelle situation. Seule lui manquant, pour l’instant, l’expérience des grands rendez-vous pour remporter les matchs décisifs dans sa quête de qualification. Deux approches différentes, pour un même succès populaire, puisqu’il draine public et résultats à domicile. Que peuvent bien importer, dès lors, les légères entorses à l’histoire ou à la culture...
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