L'édito du vendredi : religion rugby

  • Les demi-finales à Saint-Sébastien rappellent au bon souvenir de la finale 2016 au Camp Nou entre le Racing 92 et Toulon
    Les demi-finales à Saint-Sébastien rappellent au bon souvenir de la finale 2016 au Camp Nou entre le Racing 92 et Toulon Icon Sport - Manuel Blondeau
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Ce n’est pas la première fois que notre rugby, sport régional aux ambitions nationales et plus encore, s’exporte de l’autre côté des Pyrénées. Et c’était superbe, déjà, dans les rues de Barcelone, en ce mois de juin 2016, quand le Racing d’un Rokocoko éternel renversait un RC Toulon en fin de règne. C’était superbe, oui, et jamais finale de Top 14 n’avait autant justifié cette appellation de "grande fête du rugby". Parce que dans les rues de Barceloneta, du barrio gotico, sur les Ramblas et dans les tribunes du Camp Nou, on pouvait voir du rouge de Toulouse et Lyon, du jaune de Clermont et La Rochelle, du grenat de Bordeaux, de l’or catalan et du ciel de Bayonne. En plus des protagonistes.

C’est donc à pareille fête que le rugby et le Top 14 nous convient une nouvelle fois, ce week-end. De l’autre côté des Pyrénées, toujours. Côté océan, cette fois, à San Sebastian. Que savent vraiment nos camarades basques, ceux d’Espagne, de la vie exaltante et hystérique du Top 14 ? Pas grand-chose, c’est sûr, ou certainement pas tout. Ils ne savent sûrement pas que Lyon a terminé troisième malgré une vie de groupe chaotique, que Bayonne a brillé de mille feux et plus encore, que Clermont peine à se refaire une beauté et que Toulouse, même avec son centre de formation, peut s’imposer à peu près partout. Pas grave. Ce n’est pas cela que nous allons leur servir.

C’est un week-end de fête, de transhumance, de convivialité façon ferias qui se promet à tous. Où le rugby sera là, important, mais pas plus que le reste. Si le sport doit être une religion sociale, facilitatrice pour rapprocher les Hommes et les faire se parler, le week-end des demi-finales de Top 14 est alors la plus grande de ses messes. Le pèlerinage de San Sebastian est sa plus belle promesse.

Et au milieu, se joueront donc des matchs. Deux rencontres dont on n’ose dire franchement qu’elles seront déséquilibrées, même si on le pense très fort. Comment ne pas admettre que Toulouse, étendard d’un rugby frénétique, a écrasé d’une seule main toute la concurrence cette saison ? Et que La Rochelle, surpuissante, devient un problème franchement insoluble dès lors que le match vaut cher ?

Les deux superpuissances de notre championnat s’avanceront donc en immenses favoris, ce week-end, avec des oppositions qui ont rarement semblé aussi inégales dans l’histoire récente de notre championnat. C’est alors ici que vit le rêve. Parce qu’ils ne savent pas que c’est impossible, Bordeaux et le Racing tenteront de le faire. Sans rien à perdre, même plus leur honneur. C’est certainement leur plus grande force. Et leur chance.

Décomplexés, soulagés du poids de l’impératif après une qualification pour le dernier carré qui valide déjà les objectifs de leur saison, les deux outsiders devront jouer, oser, tenter pour dérégler les belles machines adverses. C’est dans cette audace seule qu’ils trouveront leur salut, nulle part ailleurs. Et s’il le faut, se nourrir de cet esprit de frairie pour l’importer sur le terrain. La fête, alors, serait totale.

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