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La chronique de Pierre Villepreux : le Top 14, si riche

Par Pierre Villepreux
  • Pierre Villepreux, ancien international français.
    Pierre Villepreux, ancien international français. Philippe Perusseau / Icon Sport - Philippe Perusseau / Icon Sport
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À la veille de la Coupe du monde, le rugby français questionne nos meilleurs adversaires. Ce sont tout autant les excellents résultats du XV de France que les dernières les victoires majuscules de La Rochelle et de Toulon dans les deux championnats européens qui en témoignent. Cette primauté, il va s’en dire, est aussi la conséquence de l’élévation du niveau de jeu qui se déploie globalement dans le Top 14. Une synergie qui se mesure dans le volume de jeu et ses formes, dans ses créations tactiques et techniques, dans les rythmes de l’enchaînement du jeu (continuité). Une production qui laisse apparaître une richesse spécifique et patrimoniale du jeu français qui logiquement ne peut que sensibiliser le rugby mondial. Tout un état d’esprit qui ne pourra qu’animer positivement le collectif tricolore lors de sa préparation pré-Coupe du monde et consolider dans la continuité leurs futures performances. Je ne doute pas, du moins je l’espère, que les phases finales du Top 14 nous gratifieront d’un jeu qui sera à la mesure du potentiel que les équipes qualifiées sont à même de produire.

La plus-value de notre rugby d’élite doit continuer à s’exprimer et s’épanouir au fil des phases finales par un jeu à la hauteur des exigences du meilleur niveau. Cette activation d’attrait de l’élite des clubs ne manquera pas d’impacter le rugby de la base et produira indirectement, mais en continuité, des effets concrets sur tout le système de formation. Justement, pour cette base, cette image est essentielle pour obtenir au sein de chaque génération le meilleur jeu possible et les joueurs à même de le produire. Incontournable dynamique, pour booster le système global et continuer à développer les aptitudes indéniables que l’on nous envie hors de nos frontières. Le rugby français, à ce jour, a-t-il un temps d’avance ? Je le crois, mais cela implique de ne pas figer le jeu dans sa réalité momentanée. Les règles sont régulièrement modifiées et pour demain, elles continueront à évoluer pour satisfaire les acteurs du jeu et ceux qui le regardent offrant à tous la meilleure des images. Préserver ce temps d’avance implique d’avoir une vision du jeu de demain. Pour être en phase avec l’avenir du jeu, le mode de formation – des plus jeunes aux champions – devient déterminant, ce qui implique de l’expliciter, de le formuler clairement aux pratiquants et in fine pour le mettre en œuvre avec pertinence dans les entraînements et la compétition. La recherche, à la vitesse du jeu d’une maîtrise collective toujours plus grande, ne sont pas réservées à la seule élite. Ce n’est pas par hasard si le niveau de jeu de la Pro D2, s’est considérablement amélioré. On l’a encore au terme du très bon Grenoble-Perpignan, ce week-end, où le pensionnaire de deuxième division a tenu le match.

Les deux demi-finales Oyonnax- Vannes et Grenoble - Mont-de-Marsan avaient également tenu toutes leurs promesses en termes d’intentions, de spectacle et d’émotion. Cette sensibilisation, je dirai ce partage du meilleur jeu est le garant de cette évolution qui naturellement ne manquera pas de s’incruster dans les catégories moins huppées.

La finale de Pro D2 Oyonnax - Grenoble n’a elle pas tenu toutes ses promesses. Dommage ! Ce n’est pas un scoop ! L’enjeu doit-il tuer le jeu ? La systématisation de l’affrontement direct et du jeu au pied a limité les intentions. De facto, les séquences de mouvement collectif, leur animation et la coordination logique des formes de jeu qui mobilisent les capacités de compréhension, ont été gommées au profit d’un rugby morcelé réduit à des actions individuelles donc avec peu de rythme et de vitesse d’exécution collective. On peut certainement se satisfaire de l’engagement tout en puissance des uns et des autres, mais ce fut forcément au détriment des composantes tactiques et techniques source de créativité et d’adaptation. Attention, il serait stupide de concevoir un jeu qui n’aurait pas pour objectif de gagner. Mais tout en gardant leurs différences de jeu et leur constance dans l’effort, Oyomen et Grenoblois avaient les moyens d’une production plus aboutie. Les Isérois avaient choisi tout au long de la saison de faire du jeu de mouvement un vecteur essentiel de performance. Aurait-il inversé le résultat face à la rudesse du jeu de leur adversaire ? Pas sûr, mais choisir de "combattre pour combattre" au lieu de "combattre pour jouer" les a conduits à ne pas utiliser leurs meilleures armes.

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