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Top 14 - Perpignan, une nouvelle leçon pour un maintien

Par Nicolas Zanardi
  • Perpignan remporte l'access match pour la deuxième fois consécutive.
    Perpignan remporte l'access match pour la deuxième fois consécutive. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Supérieurs sur les éternels fondamentaux de la mêlée fermée et des ballons portés, les Catalans ont assuré sans trembler leur maintien sur la pelouse du Stade des Alpes (33-19) face à des Isérois encore trop tendres, dans la lignée de leur finale contre Oyonnax.

On ignore toujours si, sur le fond, la nouvelle formule de Pro D2 et le barrage d’accession servi avec est une vraie ou une fausse bonne idée. Si elle n’est pas en réalité, comme la décrivent ses détracteurs, qu’une manière déguisée pour les puissants du Top 14 de se protéger entre eux, en empêchant les candidats à l’accession de se préparer en amont, et donc de se donner de véritables chances de se maintenir. Mais puisque l’heure n’est aujourd’hui pas à la réflexion mais à l’émotion, n’hésitons pas : quel pied ! Oui, quel panard, messieurs-dames, que ces matchs à la dramaturgie intense, à la vie à la mort, entre deux équipes les nerfs à vif et portées par des tribunes incandescentes, comme le furent celles du stade des Alpes samedi soir. Oui, quel bonheur, quel privilège de ressentir pêle-mêle toutes ces émotions diaphanes : la peur, l’espoir, la colère, la tristesse, la peine, la joie… Car c’est bien cela qu’on recherche, lorsqu’il s’agit de sport, n’est-ce pas ?

Alors, pardon de le dire, mais un barrage d’accession en génère à ce sujet peut-être autant que n’importe quelle finale. Et pour s’en convaincre, il n’y avait qu’à jeter un œil sur les supporters catalans envahissant dans une explosion de joie la pelouse du stade des Alpes (dans une atmosphère bon enfant, faut-il le souligner, à l’exception de quelques brebis galeuses ayant eu la mauvaise idée de chambrer les Isérois)… Manager autant que supporter, supporter autant que manager, Patrick Arlettaz pouvait alors se laisser aller, heureux d’avoir atteint son but ultime. "J’ai enlacé à peu près tout le monde, je crois, s’amusait l’ancien trois-quarts centre. Si quelqu’un avait le Covid, il est pour moi ! J’aime l’Usap, alors je suis heureux pour elle. Si on m’avait demandé il y a six ans comment je voulais que mon dernier match se passe, je vous aurais décrit ce moment. Je suis heureux pour mon staff et en particulier pour "Zaza" Marty. C’est un personnage clivant parce qu’il n’est pas très à l’aise avec tous les chichis. On l’aime ou on le déteste, mais il mérite que beaucoup plus de monde l’aime… Je suis content pour Franck Azéma, qui a dû vivre des moments pas très agréables sur ses chiottes pendant le match. Mais il m’a écrit, il est soulagé et il va très bien, je vous rassure…"

Tedder : "Nos avants nous ont fait gagner en deuxième période"

Car oui, comme le suggérait poétiquement Arlettaz, l’Usap a tremblé. Leurs "meilleurs ennemis" grenoblois l’avaient annoncé, et ils ont tenu parole : oui, il y eut match sur la pelouse du stade des Alpes, et cela n’en rend le maintien obtenu par les Catalans que plus beau. Gênés dans le jeu au sol par des Isérois désireux d’écoper toutes les brèches et de ralentir le moindre ballon, dopés par le souffle des 19 662 spectateurs, les Usapistes se sont même longtemps compliqué la tâche, vendangeant au passage une douzaine de points au pied. "Grenoble a très bien joué pendant 50-60 minutes, convenait l’arrière Tristan Tedder. Ils ont pris les points quand ils en avaient l’occasion, nous un peu moins… Comme on dit souvent : les avants gagnent les matchs, les trois-quarts décident du score. Il aurait peut-être pu être un peu plus large et notre succès assuré plus tôt si j’avais rentré les points au pied, mais nos avants nous ont fait gagner en deuxième période et on se contentera de ça." "Il s’agissait de jouer plus intelligemment, tout simplement, résumait Mathieu Acebes. On savait qu’il allait pleuvoir et pourtant, pendant les 40 premières minutes, on n’a pratiquement pas utilisé le jeu au pied. Cela ne revenait qu’à s’exposer dans notre camp, et on est tombé dans ce piège. La consigne à la mi-temps était simple : repartir chez eux et s’appuyer sur nos bases : la touche, la mêlée, la puissance. Et cela a beaucoup mieux marché."

Parce que l’Usap était plus puissante, tout simplement, et enfin convaincue que son salut passerait par l’application de la plus antédiluvienne loi du rugby : celle du plus fort, qui avait déjà payé à la 5e sur l’essai en force de Tuilagi, au bout d’une jolie combinaison en touche. Emmenés par une mêlée supérieure, dominateurs dans les duels et sur les ballons portés, les Usapistes posèrent ainsi leur patte de fer sur la rencontre. C’est ainsi Lam, bien calé derrière un maul dévastateur, qui redonna l’avantage aux siens en aplatissant un essai juste devant le kop catalan (52e). Puis Deghmache qui, comme attiré par ce même angle du terrain, franchit à son tour la ligne d’en-but alpine au terme d’une jolie valise et d’un une-deux avec Dubois (57e). Et enfin McIntyre qui, après deux nouveaux ballons portés et deux collisions gagnées au milieu du terrain, se chargea de parachever l’ouvrage (65e), l’ultime temps fort grenoblois devant l’en-but catalan se heurtant à une certaine forme d’impuissance. De quoi sceller un maintien que nul ne contestera et surtout pas le manager isérois Fabien Gengenbacher, qui ne pouvait que s’incliner devant la supériorité catalane. "Dans ce rugby moderne, on parle beaucoup de dépossession, de jeu au pied, de stratégie. Alors, ça fait plaisir de voir encore des équipes comme l’Usap qui cherchent à se maintenir en jouant au rugby en Top 14, en tentant des coups. Rien que pour ça, il faut les féliciter." Difficile de mieux conclure…

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